Le Brexit ? « C’est forcément quelque chose que l’on suit de près », explique Louise Chéreau, vigneronne et responsable export pour la maison viticole Chéreau Carré, qui possède plusieurs domaines au cœur du vignoble nantais et vient de remporter le prix Clémence Lefeuvre décerné par un jury exclusivement féminin. 55% du chiffre d’affaires de l’entreprise est réalisé à l’export, dont 15% au Royaume-Uni. Soit près de 4 M€ de chiffre d’affaires et 15 à 20 000 caisses de vins expédiées par an de l’autre côté de la Manche. Malgré tout, la trentenaire affiche une certaine sérénité. « Nous avons tissé des liens forts au fil des ans avec plusieurs importateurs, cela devrait nous permettre de mieux comprendre les marchés et de nous adapter. C’est sûr que lorsqu’il n’y a pas d’affect, les clients regardent le prix. Mais s’il y a de l’affect, l’analyse sera différente. Nous nous préparons en écoutant beaucoup ce qu’ils nous conseillent. »
Des stocks d’avance
Et de relativiser les impacts sur leur activité, au moins à court terme. « Pour l’instant, il n’y a pas eu d’effet Brexit sur les ventes. » On constate même une croissance. » Celle-ci est en partie liée aux stocks réalisés par leurs importateurs qui s’inquiètent d’éventuels blocages aux douanes. « Ils ont acheté un peu plus et ont laissé la marchandise en entrepôt sous douane au cas où les files d’attente s’allongent à Calais… »
« Au final, d’un point de vue logistique, cela ne va pas être plus compliqué pour nous que d’envoyer notre vin au Japon ou aux États-Unis. Nos importateurs s’occupent de tout, nous, on ne fait que préparer les commandes. Les Anglais vont peut-être faire modifier les informations à indiquer sur la contre-étiquette, mais ça ne représente pas de difficulté particulière. »
Quel pouvoir d’achat à l’avenir ?
En revanche, la situation de l’économie anglaise est pour elle une source d’inquiétude. « Nous nous demandons comment va évoluer leur pouvoir d’achat. Ils sont déjà très taxés sur les vins, autour de 2,3£ sur l’achat d’une bouteille. Même s’il est vrai que les Anglais ont l’habitude d’acheter leur bouteille de vin plus chère que les Français. » Avec une concurrence accrue à craindre du côté des autres États du Commonwealth. « Ils ont des accords préférentiels, mais nous sommes déjà concurrencés par l’Afrique du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande depuis une dizaine d’années. Les vins français n’ont plus le monopole de l’Angleterre depuis longtemps. »
La famille Chéreau Carré attend que les nouvelles règles soient tranchées. « Il est impératif de sortir de ce flou. Si l’on reste dans un entre-deux, il ne va pas être possible d’évoluer. »