Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Ces entreprises nantaises oeuvrent pour le réemploi

Barquettes en inox consignées, réparation d’électroménager, boîtes de livraison réutilisables… La Loire-Atlantique voit fleurir les entreprises du réemploi. Exemples.

Thomas Penin, dirigeant de Planet Repair

Thomas Penin, dirigeant de Planet Repair © Planet Repair

Depuis le 29 juillet, nous vivons sur Terre à crédit. C’est en effet la date à laquelle l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de générer en un an, selon l’ONG Global Footprint Nework. En 1970, cet événement tombait le 29 décembre… En réponse à ce phénomène mondial, des entreprises nantaises développent de nouvelles solutions pour réduire cette consommation des ressources.

Ainsi de LivingPackets, créée en 2016 par Denis Mourrain et Emmanuel Lemor notamment. Le concept : une boite connectée réutilisable destinée aux livraisons. Histoire de remplacer les colis en carton. La boite de 32 L, 2L pliée, peut faire jusqu’à 1000 voyages selon le parcours et le soin apporté à son transport… Les box sont recyclables, avec du polypropylène EPP qui peut être déchiqueté et fondu afin de fabriquer de nouvelles billes. Les composants électroniques ne sont recyclables qu’en partie. Installée à Sainte-Luce-sur-Loire (49 salariés), avec un bureau à Paris (5 salariés) et un à Berlin, la start-up a bien grandi. LivingPackets compte aujourd’hui une centaine de salariés. Après une première version testée par Cdiscount et La Poste, la deuxième version de la box est commercialisée depuis fin juillet auprès d’un client BtoB, «car le parcours est plus simple afin de roder le processus», explique Emmanuel Lemor. Un autre contrat est en négociation en Allemagne.

Mais les noms de ces entreprises ne sont pas encore diffusables. Le concept a été récompensé deux fois au CES de Las Vegas en 2020 et 2021. La société est en cours de développement en Suisse. Elle compte aussi deux représentants à Taïwan, «pour des questions techniques, afin d’être proches des usines de fabrication des puces électroniques et des écrans E Ink», détaille Emmanuel Lemor. L’entreprise s’est financée sur fonds propres au départ, puis via des soutiens récurrents de Bpifrance, une levée de fonds participative avec Sharing Angel et l’actionnariat salarié. LivingPackets projette de se développer dans d’autres pays francophones puis au Pays-Bas, en Scandinavie «où l’intérêt pour les démarches écoresponsables est fort». LivingPackets a intégré le mapping des startups à impact de France Digitale et Bpifrance et figure parmi 1001 solutions sélectionnées par Bertrand Piccard et sa Fondation Solar Impulse pour allier protection de l’environnement et croissance économique.

Le retour de la consigne

Dans un tout autre domaine, la grande distribution et l’agroalimentaire, Berny ambitionne de réintroduire la consigne avec ses barquettes en inox. Berny a été créée en janvier 2020 par Olivier de Kérimel et Claire Nijdam. Après un premier test concluant à l’hypermarché U de La-Chapelle-sur-Erdre, dans les rayons boucherie et poissonnerie, la solution Berny va être expérimentée en région parisienne dans des points de vente intégrés et dans d’autres hyper U et E.Leclerc du territoire. «Nous avons aussi testé la formule dans un magasin plus petit, à Rezé, et avons réalisé qu’il valait mieux démarrer par les hypers. Les clients et les salariés ont besoin d’être accompagnés, cela fait longtemps que les gens n’ont pas utilisé de consigne, et un hyper a plus de capacités pour s’en occuper.» Autre constat : la nécessité de proposer un remboursement sur application mobile mais de garder l’option de remboursement à l’accueil du magasin car « beaucoup de seniors sont intéressés par la démarche » indique Claire Nijdam.

Claire Nijdam et Olivier de Kérimel, cofondateurs de Berny

Claire Nijdam et Olivier de Kérimel, cofondateurs de Berny © Berny

L’application mobile sera lancée à la rentrée. Berny compte aujourd’hui deux nouveaux associés sur la partie commerciale et logistique et un ingénieur packaging a été recruté en CDD pour s’occuper des projets avec les industries agroalimentaires. Via un partenariat avec l’accélérateur FuturaGrow, Berny devrait y tester ses emballages en inox à l’automne, sur de petits volumes. Pour Claire Nijdam, «l’implication dès le départ de la grande distribution était fondamentale car elle a un rôle d’entrainement sur les industries agroalimentaires». Une levée de fonds est en cours de préparation.

La barquette en inox de Berny.

© Berny

Aux Sorinières, Thomas Penin a lui décidé de s’attaquer au marché de la réparation et du reconditionnement du gros électroménager. Ouvert début mars, Planet Repair propose de réparer, après un diagnostic gratuit, lave-linges, lave-vaisselles, fours et autres réfrigérateurs. Si le client ne dispose pas de moyen de transport pour un tel appareil, Planet Repair travaille avec un transporteur et facture 15€ le déplacement aller. «Mais au final, et cela m’a surpris, les gens se débrouillent par eux-mêmes avec une remorque, le véhicule d’un ami ou d’un voisin…», constate Thomas Penin. Autre service : la vente d’appareils d’occasion reconditionnés à partir d’électroménagers hors d’usage et récupérés auprès de magasins spécialisés. Des appareils réparés grâce au stock d’une entreprise rachetée par Thomas Penin : Electrodocas qui était sur ce segment depuis dix ans, la seule en France,
et était basée dans les Hauts-de-France. «J’ai rapatrié les 40000 pièces à Nantes. Cela m’a constitué un stock de départ, explique Thomas Penin. Et cela m’a permis de bénéficier d’une marque connue et d’un site déjà bien référencé.» Car Planet Repair propose aussi la vente de pièces détachées d’occasion, en ligne, un service accessible pour toute la France, et qui permet aux particuliers et aux professionnels de «réparer moins cher».

Planet Repair compte aujourd’hui trois salariés et trois apprentis, « ce qui est déjà une belle performance pour une ouverture en mars de cette année », se réjouit Thomas Penin. Son but : embaucher à terme les trois apprentis en CDI. Le chef d’entreprise s’attend à une forte activité à la rentrée : « Nous avons commencé le volet réparation et vente d’appareils en juin et nous avons déjà été dépouillés sur les machines d’occasion. Il y a une grosse demande car il n’y a pas assez de réparateurs. Nous sommes sur un territoire où les habitants sont particulièrement sensibles à ces questions.»

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