Avec 36 millions de nuitées et 2,5 Mds€ de CA direct et indirect généré en moyenne avant-crise 1, la Vendée est un poids lourd du tourisme au niveau national. L’activité s’y concentre l’été avec 60 % de nuitées réalisées et sur le littoral avec 80 % des hébergements touristiques (marchands et non-marchands 2).
Un ancrage fort, mais qui n’a pas empêché le département d’être frappé par la crise Covid en 2020 avec un décrochage assez net du nombre de nuitées (29,6 millions) et une baisse globale de fréquentation de 20 %. L’an dernier, le littoral atlantique s’en est mieux sorti, le nombre de nuitées en Vendée est remonté à 33,9 millions et la baisse de fréquentation s’est ralentie pour s’établir à -7 % par rapport à 2019, l’année de référence. Un bilan en demi-teinte mais optimiste par rapport à un début de saison catastrophique.
UNE CARTE MAÎTRESSE DE CHOIX
« 2020 fut la pire de ces deux dernières années car nous ne savions pas où nous allions, quand et dans quelles conditions nous pourrions reprendre notre activité, rappelle Franck Chadeau, président de la Fédération vendéenne de l’hôtellerie de plein air et de la commission Tourisme de la CCI Vendée. En 2021, la crise était moins forte et nous avions une année d’expérience. Cette crise sanitaire a bien failli faire disparaître une bonne partie des acteurs touristiques vendéens. Heureusement, l’État, les collectivités et nos partenaires financiers nous ont permis de sauvegarder notre outil de travail. »
Les professionnels ont aussi pu compter sur leur clientèle composée à 85 % de vacanciers français, dont 70 % dans un rayon de grande proximité. « 20 à 25 % de ces touristes viennent des Pays de la Loire et d’Île-de-France, précise Olivier Poirier-Coutansais, directeur adjoint de Vendée expansion. C’est grâce à cette répartition que le secteur a en grande partie bien résisté à la crise. »
UN ACCÉLÉRATEUR DE TENDANCES
La période Covid a aussi mis en lumière une nouvelle façon de consommer ses vacances. « Il a été un accélérateur de tendances, souligne Olivier Poirier-Coutansais et nombre de ces tendances étaient déjà en germe avant la crise. » Ainsi, l’envie de vacances s’est renforcée : le besoin de déconnection et de dépaysement est au plus haut. « Les touristes français ont une envie forte de redécouvrir leur pays. Il y a un fil à tirer pour demain. »
« Aujourd’hui, les gens partent moins longtemps, moins loin, mais plus souvent, complète Franck Chadeau. Ils veulent tout, vite et bien. Comme ils partent moins longtemps, ils veulent la qualité à tous les étages et vivre quelque chose d’exceptionnel. On parle de « premiumisation ». À nous de nous adapter. »
Selon Vendée expansion, le touriste post-Covid recherche une expérience authentique. Il veut voyager de manière plus responsable, opte de plus en plus pour un hébergement mobile et réserve à la dernière minute. « Paradoxalement, pour vivre l’inoubliable dont ils rêvent, ils aimeraient boucler plus tôt leur séjour mais ont besoin de réassurance, précise Franck Chadeau. À nous de trouver des solutions pour les sécuriser sur les frais d’annulation et les convaincre de réserver plus tôt pour bénéficier des meilleurs tarifs. »
ENCORE DES DÉFIS
La crise sanitaire a révélé une bonne capacité d’adaptation et de résilience des professionnels vendéens. La saison 2022 s’annonce sous de meilleurs auspices même si les réservations ont ralenti avec le début du conflit ukrainien.
« La hausse des carburants et des denrées alimentaires est un sujet de préoccupation pour les vacanciers et une source d’inquiétudes pour les professionnels du tourisme, demain, si la situation perdure. Pas simple encore une fois de se projeter», reconnaît Franck Chadeau.
Pourtant, à l’heure des premiers remboursements des PGE (prêts garantis par l’État), les acteurs touristiques vendéens misent sur l’avenir. Après une pause en 2020-2021, cette année s’annonce comme une grosse saison en termes d’investissements. « En moyenne, les professionnels investissent 22 % de leur chiffre d’affaires indique Franck Chadeau, ce qui est une belle preuve de confiance en l’avenir. Malheureusement, certains de ces investissements ont été annulés faute d’approvisionnement en matières premières. Certains professionnels ont souhaité investir dans des mobil-homes pour répondre à la demande d’intimité et d’espace des touristes. Or, les fabricants de résidences mobiles de loisirs affichent complets jusqu’en juin 2023. Pour l’été 2023, il faudrait commander dès maintenant mais sans aucune garantie de livraison ni de tarifs. »
1.Sources de l’article : Vendée expansion et Oestv (Observatoire économique, social et territorial de la Vendée). Vidéo de la Matinale d’avril 2022 à retrouver sur Observatoire-economique-vendee.fr.
2.Hébergement non-marchand = résidence secondaire