L’’édition 2022 de Start west avait lieu le 12 mai à la CCI Nantes St-Nazaire. Le rendez-vous de l’amorçage et du capital innovation, qui mettait en lumière 30 entreprises en recherche de financements, a aussi vu se tenir une table-ronde intitulée « Investissements à impact : une mode ? Une norme ? Et si c’était bien plus… ».
C’est d’abord François Guérin, directeur général de Cetih, ETI de Machecoul (44) spécialiste de l’enveloppe de l’habitat et de la rénovation énergétique, qui a ouvert les échanges en revenant sur le statut d’entreprise à mission de sa société.
« La RSE pose la question de la responsabilité, l’entreprise à mission celle de l’utilité », explique-t-il. Le choix de devenir entreprise à mission a ainsi été, pour Cetih, le prolongement de ses actions RSE. Dans cette logique, la société a également fait évoluer son modèle en termes d’actionnariat, à travers une nouvelle structure du capital partagée en trois tiers : les salariés, un fonds de dotation philanthropique créé par l’ex-président Yann Rolland. Quant au troisième tiers, « je voulais des fonds qui soient contributeurs de la réflexion stratégique : un fonds à impact, un fonds de transition énergétique et un fonds régional historique», explique le dirigeant.
« TOUS LES FONDS QUI NE SONT PAS À IMPACT VONT LE DEVENIR »
Côté investisseurs, Mohamed Abdesslam, directeur d’investissement chez le Breton Go capital, analyse : « Nous sommes passés d’un modèle où la RSE était une manière de contrôler ses risques d’un point de vue sociétal, de la gouvernance ou de l’humain, à un modèle où la réponse à un besoin va générer un marché et trouver un modèle économique ». Le fonds d’investissement veut accompagner cette transition : « Dans nos process, en plus de la dimension économique, nous nous demandons si les entreprises répondent à un enjeu de société ou environnemental. Nos souscripteurs nous demandent d’investir leur argent dans des sociétés qui répondent à ces enjeux», souligne Mohamed Abdesslam.
Go capital a notamment investi dans la start-up nantaise Shopopop, solution collaboratrice de service de livraison. Pour Antoine Cheul, son cofondateur, la notion d’impact et d’utilité n’est pas non plus un vain mot : « À l’annonce du premier confinement, on a triplé notre volume en une journée. On s’est dit qu’on servait à quelque chose». À la question
« Pourquoi avoir eu recours à des fonds à impact ? », Antoine Cheul répond : « Aujourd’hui, préparer une levée de fonds en expliquant son projet sans prendre en considération l’impact environnemental ou social n’a plus vraiment lieu d’être. » Et de prophétiser : « Tous les fonds qui ne sont pas à impact vont le devenir. »
CONCILIER PERFORMANCE ÉCONOMIQUE ET SOCIÉTALE
Dans ce contexte, faut-il voir une antinomie entre performance économique, qui relève souvent du court terme, et sociétale, davantage orientée long terme ? Non, à en croire François Guérin, qui se veut pragmatique et voit la RSE comme « un vecteur de performance qui nous pousse à innover, ce qui développe l’attractivité et l’entreprise». Le dirigeant ne veut pas opposer court et long termes : « Une entreprise RSE doit être aussi en permanence centrée sur sa performance opérationnelle à court terme. Sans elle, pas d’investissements et de démarches à moyen-long terme ».
Antoine Cheul abonde, lui qui, avec Johan Ricaut, a créé Shopopop avec l’idée d’être rentable, « première responsabilité envers les salariés qui créent de la valeur pour quelque chose de socialement nécessaire». Du côté des investisseurs, Mohamed Abdesslam se dit lui aussi sensible à la conciliation des deux temporalités : « En tant qu’investisseurs à impact, nous avons dû faire des arbitrages qui, sur le papier, selon une lecture très court terme, ne correspondaient pas à une maximisation du PnL (« profit and loss», c’est-à-dire pertes et profits, NDLR) à l’instant T, mais qui ont payé sur le long terme, donc qui ne se sont pas faits au détriment de la performance économique. »
L’intégration de la question de l’impact n’est donc probablement pas près de faiblir chez les investisseurs. « Aujourd’hui, tous les fonds à impact qui se lancent intègrent une rémunération liée à cet impact», affirme Mohamed Abdesslam. D’où la nécessité d’un reporting, à l’image de la « matrice d’impact» mise en place chez Cetih, qui comprend 22 indicateurs. Un « vrai outil de pilotage» pour l’entreprise, selon François Guérin, « compréhensible pas seulement par le comité de mission, mais par toutes les équipes en interne ».
CINQ ENTREPRENEURS RÉCOMPENSÉS
Au terme d’une journée riche en pitchs, 5 entrepreneurs sur les 30 sélectionnés pour cette 22e édition de Start west se sont vus décerner un prix.
- Prix In extenso – catégorie Transition climat : Midipile (16), service de mobilité bas carbone à destination des professionnels de la logistique, à travers un quadricycle à assistance électrique.
- Prix CCI Nantes St-Nazaire – catégorie Small invest : La Ruche à vin (44) qui développe des solutions pour garantir la qualité du vin tout au long de sa vie, notamment sur la problématique de la température.
- Prix Services : Speakylink (44) pour sa solution d’assistance visuelle destinée aux professionnels de la relation client, sécurisée et ne nécessitant aucune installation.
- Prix Région Pays de la Loire – catégorie Industrie : Guatecs (72), qui produit un latex naturel à partir de guayule, une plante originaire du Mexique.
- Prix Santé : Les audioprothésistes mobiles (44), qui développe des outils permettant d’améliorer la qualité de vie des malentendants en situation de dépendance.