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L’égalité femmes-hommes à l’épreuve du premier confinement

L’Insee Pays de la Loire confirme, dans une récente étude menée en partenariat avec la Région, que la crise sanitaire a renforcé l’inégalité au sein des couples, au détriment des femmes.

Inégalité femmes-hommes

© Shutterstock

« Au printemps 2020, la fermeture des écoles, des crèches et le confinement ont induit davantage de tâches domestiques et la nécessité de s’occuper plus des enfants. Les femmes y ont contribué davantage, révélant une répartition encore fortement inégalitaire au sein des couples». Tel est le constat dressé par Isabelle Delhomme, Xavier Pétillon et Yohann Rivillon, chargés d’études à l’Insee Pays de la Loire. Et de relever que la période est également marquée par une augmentation du temps de travail plus forte pour les femmes, souvent plus nombreuses à occuper un métier les exposant au risque sanitaire. Ainsi, 60 % des actifs ligériens à avoir continué à exercer sur leur lieu de travail sont des femmes.

Autre élément de bilan de l’Insee : les femmes s’occupent toujours davantage des enfants que les hommes. Le premier confinement en est l’illustration. « Quel que soit l’âge du plus jeune enfant, les femmes passent plus de temps à s’en occuper.

Elles sont 54 % à avoir mobilisé plus de quatre heures par jour à s’occuper des enfants contre 38 % pour les hommes. Lorsque le benjamin a moins de trois ans, cette part atteint 91 % pour les femmes et 49 % pour les hommes », souligne l’étude.

Chaque mère d’enfants de 6 à 10 ans, catégorie d’âge nécessitant le plus fort accompagnement pour l’école à la maison, a consacré au minimum deux heures quotidiennes à ses enfants. Ce qui n’est le cas que de 68 % des pères.

PLUS DE TÉLÉTRAVAIL POUR LES FEMMES

Par ailleurs, les femmes passent plus de temps à s’occuper des tâches domestiques que les hommes, « quel que soit le profil du ménage ou le mode de travail, sur site ou à distance». En revanche, le ressenti sur le partage des tâches au sein du couple diffère selon que l’on soit un homme ou une femme. « 59 % des femmes déclarent que ce sont plus souvent elles, voire toujours elles, qui prennent en charge les tâches domestiques courantes, tandis que 35 % jugent la répartition égalitaire. En revanche, la moitié des hommes juge que les deux membres du couple se partagent équitablement ce rôle», constate l’étude.

Parallèlement les télétravailleurs sont plus nombreux à estimer que leur temps de travail a augmenté, limitant d’autant la part consacrée aux tâches domestiques. Et les femmes déclarent plus que les hommes que leur temps de travail a augmenté pendant le confinement.

Les femmes sont, selon cette étude, plus nombreuses à avoir eu recours au télétravail, en partie ou totalement. Elles sont 25 % à avoir travaillé depuis leur domicile, contre 21 % pour les hommes. 45 % des mères d’enfants mineurs ont télétravaillé, soit 10 points de plus que les femmes sans enfant. « En revanche, avec ou sans enfant, les hommes ont autant eu re- cours au télétravail», notent les analystes de l’Insee.

Inégalité femmes-hommes

Part des femmes dans les métiers exposés par zone d’emploi Note : plus la part des femmes dans les métiers exposés est élevée, plus la couleur est rouge foncé. La part des femmes exerçant un métier-clé de 60,1 % dans la région. Source : Insee, Recensement de la population 2018, exploitation complémentaire. © DR

Les femmes plus exposées au risque épidémique

Personnel de santé, employés de l’industrie agroalimentaire, chauffeurs, livreurs : durant le premier confinement 312500 habitants ligériens, travaillant dans des métiers dits « clés», ont continué à exercer leur travail en étant exposés aux risques sanitaires. Et les femmes sont plus nombreuses dans ces secteurs clés, souligne l’Insee Pays de la Loire.

Les femmes ont été plus exposées au risque épidémique, dans la mesure où elles représentent huit emplois sur dix dans les métiers-clés de la santé. Elles occupent ainsi 95 % des emplois d’aides à domicile et 50 % des postes de médecins.

Dans les métiers en contact fréquent avec des clients ou des collègues, les femmes représentent 70 % des agents de nettoyage ou de caisse, contre moins de 6 % chez les pompiers, bouchers ou charcutiers. Chez les professions très masculines, dans les forces de l’ordre, les routiers ou les livreurs, les femmes ne représentent que 17 %.

L’étude note une spécificité de la région des Pays de la Loire : la féminisation des métiers de l’agroalimentaire est plus marquée que dans le reste de la France. Le métier de routier y est également plus féminisé, tout comme globalement les différents métiers « de la route ».

LA ZONE D’EMPLOI DE NANTES DAVANTAGE ÉPARGNÉE

« Le taux d’emploi global des femmes dans les Pays de la Loire, supérieur à celui de la France de province, explique cette situation. De plus, les Ligériennes sont moins souvent au chômage (- 1 point). Et, par rapport à la France de province, les femmes sont davantage présentes dans quelques métiers spécifiques tels que conducteurs de transports publics, ambulanciers ou chauffeurs de taxi», relève l’Insee.

Il convient aussi d’effectuer des distinctions géographiques, estiment les analystes de l’institut. Ainsi, les femmes ont été plus exposées que la moyenne régionale dans les zones d’emploi de Saint-Nazaire, Angers, La Roche-sur-Yon et Nantes, où de grands établissements de soins sont établis ainsi que dans les zones littorales où la population plus âgée a des besoins accentués en professionnels de santé.

Selon l’Insee, la zone d’emploi de Nantes se distingue par le plus faible taux d’emplois exposés au risque sanitaire (17 %) rapporté à son emploi total. À l’instar des autres métropoles françaises, sa structure d’emplois est plus orientée vers les services, davantage télétravaillables. Ainsi, la zone d’emploi de Nantes regroupe 69150 travailleurs-clés.

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