Mitigé. C’est le ressenti perçu en interrogeant divers acteurs du milieu touristique sur le littoral de la Loire-Atlantique, du Pouliguen à Pornichet. « Ce n’était pas une bonne saison, les clients n’ont pas d’argent et réfléchissent avant d’acheter », répond d’emblée une professionnelle de la mode, pourtant située dans l’avenue la plus fréquentée de La Baule. En restauration, certains commerçants ont peiné à faire carton plein, même sur le long week-end du 15 août, comme ce restaurant de plage, occupé à 50 % lors du premier service du samedi soir. Résultat : du personnel mis en congé par anticipation, ou libéré avant la fin du service.
Snacking et pique-niques favorisés
Non pas que la fréquentation ait été moindre sur les plages et l’arrière-pays. Mais une forte baisse du pouvoir d’achat est constatée et les activités ont primé sur le fait de s’offrir un restaurant. « C’est surtout vrai pour les établissements dont le ticket moyen est supérieur à 25 € et qui ont vu une baisse moyenne de 10 % en nombre de couverts », témoigne Alexandre Thiebaud, patron de deux établissements sur le port du Pouliguen, Le Bateau ivre, et Le Café Jules. « Pour les restaurants type crêperies, snacking, pizzas à emporter, en revanche, la saison a été belle, avec une progression du chiffre d’affaires », nuance le restaurateur, par ailleurs vice-président de l’Umih 44.
Ce ticket moyen de plus en plus élevé dans les restaurants de plage a irrité certains consommateurs. Mais pour Alexandre Thiebaud, l’équation est simple : avec des matières premières comme le sucre ou la farine qui ont augmenté de 18 à 20 % en 18 mois, il ne peut qu’aligner les prix de la carte de sa crêperie sur l’inflation galopante. « En deux ans, l’œuf est passé de 7-8 centimes à 14-16 centimes et le beurre a doublé », détaille encore Alexandre Thiebaud.
À Pornichet, ce sentiment est largement partagé. « Si certains professionnels de la restauration ont tiré leur épingle du jeu, d’autres accusent un recul, la faute à l’inflation qui a grevé le budget vacances des ménages, et fait évoluer les usages comme de passer au pique-nique », indique-t-on du côté de la municipalité pornichétine. Les vacanciers ont cherché à faire baisser la note côté alimentation. D’ailleurs, les supermarchés ont bien fonctionné, l’un d’eux confessant « une très belle saison ».
À La Baule, le son de cloche est le même. Malgré « un sentiment mi-figue mi-raisin fin juillet » en raison de la météo, Franck Louvrier confirme que « le nombre d’excursions (visiteurs à la journée, NDLR) est au même niveau que l’année passée, excellente année post-Covid ». Mais s’il se félicite de retrouver « le niveau habituel de fréquentation », le maire confirme la « diminution conséquente du panier moyen chez les restaurateurs et une exigence nouvelle des consommateurs sur le rapport qualité-prix. »
La part belle aux activités
Côté loisirs, si certaines animations météo-dépendantes ont fatalement souffert de journées pluvieuses et ventées, l’Océarium du Croisic, comme le cinéma de La Baule, ont vu leur fréquentation grimper en flèche, de plus de 50 % pour ce dernier, passant de 19 935 spectateurs en juillet et août 2022 à 31 167 cette année (chiffres au 20 août). À Saint-Nazaire, les visites de patrimoine en intérieur (Escal’atlantic, Écomusée…) ont très bien fonctionné (+32 %), tout comme les visites d’entreprises telles que les Chantiers, Airbus ou le Grand port maritime (+20 %). À Pornichet, l’office de tourisme indique un chiffre d’affaires billetterie en hausse de 28 % par rapport à 2022, avec 5 700 billets vendus.
Mais l’attrait de la mer a tout de même fait son effet les jours de beau temps. Soutenu par une équipe de 18 personnes en saison, Julien Mabit, patron du club de voile Le Yagga à Pornichet, se dit « satisfait » de la saison, évaluant la progression de son chiffre d’affaires « entre 3 et 5 %, comme les autres années ». La formation et la fidélité de son personnel, ainsi que la notoriété de la structure, l’une des plus importantes de la baie, lui offrent une certaine stabilité. « On a anticipé la gestion des arrêts et absences éventuels dans l’équipe en recrutant, donc on était plus sereins », analyse Julien Mabit qui confirme : « Les réservations de stages se sont faites dès janvier et n’ont pas été annulées, éventuellement reportées selon la météo. »
Des séjours courts et de dernière minute
Côté hébergement, la Ville de La Baule remarque une « explosion des séjours courts et des réservations de dernière minute » et confirme un « recul notable des locations saisonnières meublées, type Airbnb ou Abritel de -8 % en juillet et -10 % par rapport à 2022 ». À Pornichet, la ville constate une bonne fréquentation avec « près de 800 000 nuitées, soit +26 % par rapport à 2019, année de référence hors Covid » selon l’office de tourisme.
Les professionnels du CHR et les commerçants espèrent une belle arrière-saison. La présence de l’équipe nationale argentine de rugby, qui a fait de La Baule son camp de base dans le cadre de la Coupe du monde de rugby, devrait dynamiser la fréquentation. Quels que soient les résultats sportifs, l’équipe et le staff (60 personnes), sont en effet logés durant cinq semaines à l’hôtel Barrière l’Hermitage. Ni un séjour court, ni de dernière minute dans ce cas…