Comment est née la plateforme « jesoutiensunathlete.fr » ?
Depuis la création en 2013 du comité Sport au sein du Medef, nous faisons non seulement la promotion du sport en entreprise, mais aussi de l’accompagnement des entreprises auprès des athlètes. Toutefois, il nous manquait un outil pour faciliter la rencontre entre sportifs et dirigeants. D’un côté, les chefs d’entreprise affichaient leur volonté de soutenir des athlètes mais ne savaient pas où les trouver. De l’autre, dans le cadre de mes fonctions au sein de la Fédération française d’athlétisme, les sportifs venaient me demander des conseils pour aborder le monde de l’entreprise. Partant de ce constat, nous avons eu l’idée de créer une place de marché numérique pour favoriser la connexion. Le dispositif a été développé en lien avec l’agence nationale du sport et la fondation du sport français, qui travaillent au quotidien pour sécuriser, accompagner et soutenir les sportifs à chaque étape de leur parcours sportif et professionnel.
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Comment ça marche ?
Les athlètes sont invités à déposer leur candidature auprès du Medef national, et à envoyer une courte vidéo pour se présenter, parler de leur discipline, de leur palmarès et détailler leur projet sportif. Aujourd’hui, un peu plus de 170 vidéos d’athlètes sont en ligne sur la plateforme : des hommes et des femmes répartis sur l’ensemble du territoire. Il y a des athlètes en plein développement, d’autres en pleine maturité de performance et enfin ceux entamant leur reconversion. Chaque semaine, l’un d’entre eux est mis en avant dans notre newsletter “Medef Hebdo“ diffusée à nos 19 000 entreprises adhérentes qui sont invitées à faire “leur marché”. Après avoir permis la rencontre, nous passons le relais à la Fondation du sport français qui, via son Pacte performance va établir le contrat entre les deux parties, et se charger des opérations administratives, fiscales, etc.
Quels sont précisément les besoins des sportifs ?
Il y a d’abord les besoins financiers. Le budget moyen pour un athlète en lice pour une qualification aux Jeux olympiques, par exemple, peut s’élever jusqu’à 25 mille euros par an. Les déplacements pour participer à des stages ou des compétitions, organisés parfois à l’étranger, représentent la majeure partie des dépenses. Ces frais ne sont pas toujours pris en charge par les fédérations. Certains athlètes sont également à la recherche d’un emploi, d’un stage ou d’une alternance avec des horaires adaptés aux exigences du sport de haut niveau. D’autres, envisageant « l’après » peuvent également avoir besoin d’une formation ou qu’on leur ouvre leur carnet d’adresses. Les entreprises ont ainsi leur rôle à jouer pour faciliter l’insertion sociale et professionnelle des sportifs en fin de carrière.
Avec notre dispositif, nous avons cherché à démystifier le mécénat sportif qui pour beaucoup de chefs d’entreprise consiste à débourser 5 millions d’euros afin de financer un bateau pour la course au large.
Qu’est-ce que le mécénat sportif peut apporter précisément à une entreprise ?
D’un point de vue économique, financer un athlète permet de bénéficier d’une réduction d’impôts. À la clé, une défiscalisation de 60 % sur l’impôt des sociétés dans la limite de 20 000 euros ou 0,5 % de son chiffre d’affaires. Un don annuel de 23 000 euros par exemple correspond ainsi à une réduction de 9 200 euros.
C’est aussi un bon moyen de renforcer le lien entre collaborateurs. Miser sur un athlète représente une part de risque parce qu’il peut potentiellement se blesser et mettre fin prématurément à sa saison ou même à sa carrière. Mais c’est surtout l’occasion de fédérer une équipe en s’identifiant, et en mettant en avant des valeurs portées par une seule et même personne.
Le mécénat sportif offre également la possibilité d’accueillir des talents avec des profils intéressants. Le sportif de haut niveau est en effet préparé très tôt à la performance via un plan d’entraînement qui s’apparente à un plan stratégique. Il est motivé par le succès et ne craint pas l’échec. C’est l’exemple même de l’anti-fatalité. Il est généralement en mesure de prendre des décisions rapidement, une qualité indispensable tout particulièrement dans un contexte de gestion de crise. Même sans diplôme, un sportif de haut de niveau est un candidat intéressant, dans la mesure où sa pratique lui a permis d’acquérir un certain nombre de compétences et valeurs, telles que la rigueur ou la persévérance.
Vous-même avez choisi de soutenir plusieurs sportifs. Pourquoi ?
À la tête d’un cabinet de conseil en stratégie et innovation (D&Consultants, NDLR), j’ai en effet décidé d’apporter mon soutien à quatre athlètes, Mathieu Collet, spécialiste du saut à la perche, Victor Coroller, spécialiste du 400 mètres haies, Cécile Saboureau, paratriathlète et enfin Mélina Robert-Michon, lanceuse de disque. Nous leur avons par exemple permis de faire appel à un agent pour gérer notamment l’administratif. L’objectif est d’alléger leur charge mentale afin qu’ils puissent se concentrer uniquement sur leur préparation aux Jeux olympiques.
À l’heure actuelle, nous savons que Cécile Saboureau est sûre de participer aux Jeux paralympiques. À 44 ans, Mélina Robert-Michon s’apprête, elle, à vivre ses septièmes JO. En tant qu’ ancienne sportive de haut niveau, j’ai eu la chance par le passé d’être ambassadrice de mon pays, et cet été, avec mes 45 collaborateurs, je m’attends à être particulièrement fière de voir évoluer ces deux athlètes au sein de l’équipe de France. Tous les chefs d’entreprise qui ont misé sur des sportifs vont eux aussi ressentir cette fierté et se dire qu’ils participent à leur façon aux Jeux olympiques.