À quoi ressemblera la course au large demain ? « Il faut s’attendre à une professionnalisation du secteur », répond sans hésiter Malo Le Peru. Organisateur de La Solitaire Figaro Paprec et de La Route du Rhum chez OC Sport, société suisse spécialisée dans l’événementiel nautique, il était l’un des invités des Rencontres régionales du nautisme. « Cette année, sur La Solitaire, on s’attend à accueillir 50 % de bizuts, des marins qui participent pour la première fois à une course professionnelle. Beaucoup sont issus de la classe Mini, une catégorie réunissant des voiliers de 6,5 m maximum et jusqu’ici traditionnellement réservée à des amateurs éclairés », témoigne le chef de projet. « On sent qu’ils sont mieux préparés que la génération précédente, sur le plan technique et mental, ou encore en culture médiatique. Il y a une vraie évolution. »
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À ses côtés, Emmanuel Versace, dirigeant de Versace Sailing Management et organisateur de courses au large, acquiesce. « Sur la dernière édition de La Boulangère Mini Transat, par exemple, il y a seulement eu quatre abandons. C’est très peu et ce n’est pas dû uniquement à la météo favorable mais à une meilleure préparation technique des skippers et à un système de qualification obligatoire. »

Malo Le Peru, chef de projet chez OC Sport. Photo Marie Laudouar – IJ
Faire rêver les gens, clé du succès de la course au large
Cette professionnalisation de la course au large s’explique notamment par une série d’évolutions technologiques, comme les foils qui font décoller les Imoca de l’eau pour les faire gagner en vitesse. Pour Emmanuel Versace, elles impliquent de former les skippers et modifient profondément l’identité de la course au large : « si on fait des bateaux trop dangereux, les courses en pâtissent forcément. Il y a aussi ce phénomène de cockpit sur les Imoca : comment faire rêver les gens avec des marins enfermés à l’intérieur, devant leurs ordinateurs ? On a besoin de marins qui racontent leurs histoires. C’est la clé du succès de la course au large. »
Aujourd’hui, l’aventure de ces athlètes se vit davantage sur internet et les réseaux sociaux que par le passé. « Le jour du départ, on avait l’habitude de voir le public amassé le long de la côte ou sur des vedettes sur l’eau. Depuis deux ou trois ans, cela devient de moins en moins possible », observe Malo Le Peru. « Ce sont des zones Natura 2000 qui coûtent extrêmement cher à sécuriser. D’autant plus que les sponsors ou les collectivités ont de plus en plus d’attentes en matière de développement durable. Les organisateurs sont donc en train de repenser la manière de faire vivre au public ce grand moment. »
Environnement, visibilité : les enjeux sont de plus en plus complexes à concilier. Souvent dépassées, les petites structures amateures confient les rênes de leurs événements à des sociétés privés, participant ainsi à la professionnalisation du secteur.