Le groupe immobilier Réalités a dévoilé des résultats semestriels préoccupants, enregistrant une perte nette de 86,5 M€ pour le premier semestre 2024. Ce chiffre, attendu avec appréhension par le marché, intervient alors que l’entreprise tente de renégocier sa dette dans le cadre d’une procédure amiable de conciliation auprès du tribunal de commerce de Nantes. Un accord crucial pour son avenir.
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Réalités engage une procédure de conciliation
Le chiffre d’affaires s’est effondré de 29,5 % à 121,4 M€, impacté par un marché qui s’est nettement grippé, touchant de plein fouet ses projets engagés entre 2021 et 2023. Tandis que le marché résidentiel est en fort recul, le secteur tertiaire est pratiquement à l’arrêt. Avec un endettement corporate de 127,5 M€ fin 2023 et un ratio d’endettement de 48 %, la situation est critique. L’action du groupe, cotée à Paris, a chuté de 80 % cette année, se négociant désormais à 1,88 € le 18 octobre à l’ouverture.
Un impact sévère sur les finances et les capitaux propres
Les indicateurs financiers confirment la gravité de la situation. L’Ebitda s’effondre à -38,5 M€, contre 12,4 M€ au premier semestre 2023. Le résultat opérationnel atteint -73,9 M€, plombé par 10 M€ de frais de restructuration et 28 M€ de dépréciation sur des projets devenus non rentables. Les capitaux propres, quant à eux, se contractent dramatiquement, passant de 180,8 M€ fin 2023 à 76,6 M€ en juin 2024.
Yoann Choin-Joubert, président de Réalités, s’efforce de rassurer. « Nous gérons l’entreprise de manière extrêmement stricte pour assurer son redressement », a-t-il affirmé. Une véritable cure d’austérité est en cours, axée sur la finalisation du nettoyage du portefeuille de projets immobiliers, la cession d’actifs et la concentration sur la maîtrise d’ouvrage. « L’objectif des quatre prochains mois est simple : réussir la conciliation, accélérer le recentrage, et repositionner durablement Réalités sur un volume d’affaires cible de 350 M€, avec un backlog de 1 Md€ », a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité d’une feuille de route claire pour redresser l’entreprise. La restructuration en cours inclut également des mesures sociales difficiles. Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) a été présenté, touchant environ une centaine de salariés, dans le cadre des efforts pour alléger les charges et redresser l’entreprise.
Les premiers signes encourageants d’un redressement commercial pointent, avec une progression des réservations nettes de 10,9 % sur le semestre. Toutefois, les ventes finales sont en retrait de 8,9 %, signe d’une grande prudence chez les acheteurs, qu’ils soient particuliers ou institutionnels.
Au-delà de la crise de l’immobilier, une responsabilité partagée…
Au-delà de la crise de l’immobilier subie, le dirigeant a néanmoins admis une part de responsabilité dans le « cataclysme » qui a frappé l’entreprise. « Réalités a été une entreprise beaucoup trop généreuse. Nous devons désormais être plus concentrés, stricts et exigeants sur les fondamentaux : profit, processus internes et performance. » S’il reste des obstacles à surmonter, Choin-Joubert se veut optimiste, affirmant que « nous restons présents et responsables face à toutes les parties prenantes qui participeront au rebond de Réalités ».
Malgré l’optimisme affiché, la restructuration en cours est loin de garantir la survie du groupe. Réalités est toujours sous la menace d’une crise de liquidité, sa trésorerie active ayant chuté à 29,3 M€ fin juin, contre 47,1 M€ en décembre 2023. La situation de l’entreprise reste donc tendue, et dépendra largement des négociations avec ses créanciers, ainsi que de l’évolution du marché immobilier, encore profondément perturbé. Si les efforts de transformation permettent une stabilisation à moyen terme, Réalités pourrait espérer rebondir en 2025. Mais pour l’instant, la route vers la sortie de crise semble encore semée d’embûches.