Adaptation et inquiétude sont les maîtres-mots de la dernière enquête de conjoncture réalisée par la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) de la Vendée. Les artisans du réseau Capeb sont particulièrement actifs sur les marchés de la rénovation énergétique (51 % des artisans ayant répondu) et l’adaptation des logements (39 %). Cette année, 317 entreprises ont répondu, dont 88 % emploient moins de dix salariés. Dans le département, 34 % des entreprises s’estiment fragilisées par la conjoncture qui révèle une baisse du pouvoir d’achat des clients et des augmentations du prix des matériaux et des charges. En particulier, dans un contexte économique marqué par de fortes incertitudes et l’instabilité politique.
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L’inquiétude reste donc palpable dans le secteur et s’inscrit entre diminution du chiffre d’affaires, absence de perspective de la capacité de production à six mois et baisse des intentions d’investissement. « Les indicateurs montrent un secteur sous tension, malgré la résilience des artisans », confirme Jean-Luc Ballesteros, secrétaire général de la Capeb Vendée.
Des carnets de commandes en berne
Depuis quatre ans, les crises se succèdent : Covid-19, guerre en Ukraine, inflation. À chaque fois, les artisans vendéens ont dû s’adapter et se réorganiser pour faire face à un carnet de commandes en baisse. Pour 47 % des entreprises, la visibilité est désormais réduite à moins de trois mois contre trois à six mois auparavant. Un chiffre en nette augmentation, de sept points par rapport à 2023 et quinze points un an plus tôt.
Pour Jean-Luc Ballesteros, « le contexte politique, avec l’absence de vote de la loi de finances 2025, va enclencher de nouvelles incertitudes avec le Prêt à taux zéro (PTZ) dans le neuf qui aurait pu relancer l’activité ». Le secrétaire général de la Capeb Vendée évoque aussi « le montant des aides aux travaux, dans le cadre de la rénovation, qui ne sont pas connues et vont bloquer les projets de travaux des particuliers ».
Visibilité limitée : des recours aux CDD plus importants
Pour y faire face, les chefs d’entreprise ont tablé sur des décisions stratégiques en rationalisant les dépenses et en négociant des prix fournisseurs. De facto, 75 % n’envisagent pas de recruter dans les six mois et 19 % ont réduit leurs effectifs (15 % en 2023). Le recours aux CDD est également plus important en raison d’une visibilité limitée.
En parallèle, l’enquête de la Capeb alerte sur les cessations d’activité à un haut niveau ces dernières années. Environ 16 % envisagent d’arrêter leur activité. Au-delà des départs à la retraite, deux indicateurs sont particulièrement scrutés : 43 % d’artisans cessent leur activité pour choix personnels, de l’épuisement à la surcharge mentale ou le stress, et 30 % pour motifs économiques, reflétant les difficultés persistantes. À noter également, des incertitudes liées à la concurrence des grandes entreprises qui envisagent d’investir les marchés de la rénovation, plus ambitieux que les marchés de la construction neuve.
Le dispositif MaPrimeAdapt’ ne booste pas les entreprises
Enfin, la mise en place des aides de MaPrimeAdapt’, depuis le 1er janvier, n’a pas boosté l’activité des entreprises et eu d’impact positif sur le chiffre d’affaires (pour 92 % des artisans interrogés). Ils évoquent des délais de traitement trop longs et la lourdeur administrative. Le chiffre est éloquent : 40 % des sondés estiment à une demi-journée le temps nécessaire pour un accompagnement sur un dossier. « Ces dispositifs d’aide sont jugés trop complexes, limitant leur efficacité », poursuit Jean-Luc Ballesteros.
Malgré un contexte incertain, notons que 41 % des artisans restent sereins et exigeants « dans un souci constant de qualité et de satisfaction client ». Et si les perspectives de capacité de production à six mois laissent percevoir un niveau d’incertitude significatif, les artisans restent mobilisés dans l’économie locale, notamment dans les domaines de la rénovation énergétique et de l’adaptabilité des logements.