Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

CES de Las Vegas : retour terrain des Ligériens

Intelligence artificielle, environnement, énergie, réalité augmentée… Le CES de Las Vegas et son cortège d’innovations ont cette année encore donné le pouls de la tech mondiale. Débrief sur les tendances de fond de cette édition 2024 en compagnie de Ligériens qui ont fait le déplacement outre-Atlantique.

CES Las Vegas

© Shutterstock

C’est le grand rendez-vous tech du début d’année : le CES, Consumer electronics show, se tenait du 7 au 10 janvier à Las Vegas. Pour l’occasion, l’International ouest club (IOC), qui vise à favoriser le développement des entreprises ligériennes à l’international, organisait une visio-conférence en direct des États-Unis afin de donner le retour terrain d’acteurs du territoire présents à cette édition 2024.

Depuis une dizaine d’années, Emotic, agence d’innovation digitale nantaise, accompagne au CES des entreprises, notamment des industriels et grands groupes, en organisant parcours et visites. Fabien Chesné, directeur conseil, est revenu sur les grandes thématiques de cette année. « L’intelligence artificielle est partout sur ce salon », souligne le spécialiste. Corollaires de l’IA, le sujet du jumeau numérique ainsi que celui de la maturité et de la qualité des données sont aussi présents de manière notable. « Cette donnée devient plus décentralisée, plus locale. Les entreprises et les individus se réapproprient les données. »

Réalité augmentée et industrie

Parmi les autres incontournables du CES 2024, le spécialiste de chez Emotic retient aussi les réalités augmentée et virtuelle. Et alors que les grandes annonces d’il y a quelques années, d’un métavers dans lequel chacun disposerait de son jumeau numérique, sont un peu retombées, pour Fabien Chesné, « on n’est plus sur un seul métavers, mais sur des métavers, avec des systèmes décentralisés : le métavers de son usine, de sa maison, etc. » La société sud-coréenne Metavu a notamment tapé dans l’œil de l’expert : « Elle présente de vrais cas d’usages, comme apprendre à un technicien à faire de la peinture industrielle au pistolet avec un casque de réalité augmentée », illustre Fabien Chesné.

L’un des autres grands sujets sur le salon était la “sustainability”, autrement dit en français la durabilité. Le Sud-Coréen Hyundai a notamment retenu l’attention : « L’entreprise a fait fort sur l’hydrogène cette année. Elle propose d’en créer à partir du plastique qui pollue les mers, et plutôt que de refaire une grosse usine qui va retransformer cet hydrogène, elle va créer des usines mobiles au plus proche des sources pour en créer sur place. » Un cas concret qui permet aussi de faire le lien avec une autre thématique forte de cette édition du CES : la décentralisation. Selon Fabien Chesné, il existerait une théorie propre au salon : tous les 10 ans aurait lieu un CES majeur… « Il y a 10 ans, c’était les plateformes, avec l’uberisation. Les paris sont lancés sur 2024. A priori, on serait sur un CES majeur, avec cette thématique de la décentralisation », avance Fabien Chesné.

Quel surnom au salon cette année ?

« Chaque année, le jeu des consultants est de renommer le CES », s’amuse l’expert. Après le “Car electronics show” l’année passée, du fait de la présence de nombreux constructeurs montrant leurs véhicules connectés et autonomes, Fabien Chesné note : « On fait le pari que cette année, ce sera le “Consumer energy and efficiency show”. » Car l’énergie sous ses formes nouvelles, comme le solaire et l’hydrogène, y est très visible. « Et “efficiency” parce qu’on est sur des systèmes décentralisés : la bonne énergie au bon moment et au bon endroit. »

 

Ces Ligériens partis à Vegas

La visio-conférence organisée par l’IOC a permis de mettre la lumière sur quelques entreprises ligériennes présentes au CES. C’est le cas du groupe Lacroix, ETI nantaise spécialiste de solutions connectées industrielles représentée sur place par Stéphane Gendrot, son directeur business development. « On y vient pour suivre les tendances de l’innovation, entretenir nos partenariats et vendre le business. J’étais aussi curieux de voir comment la “sustainability” allait se traduire sur le salon », poursuit Stéphane Gendrot. « Par rapport à la stratégie de Lacroix, je voulais voir quelles autres sociétés avaient ce type d’engagement, et le Japonais Panasonic affiche vraiment une différenciation cette année. »

La deep tech nantaise Scriptor Artis était aussi de la partie. Emmenée par sa fondatrice Barbara Delacroix, cette start-up est éditrice de logiciels dédiés à la production et à la vérification de l’information. La société présentait notamment au CES son application Devana, qui mêle intelligence artificielle et algorithmes de vérification, permettant de générer du contenu contextualisé. « Devana est plus qu’un simple outil de recherche documentaire qualifiée. On a construit une plateforme qui s’apparente à un hub d’IA et qui propose une palette d’IA génératives. L’objectif de Devana est de donner la possibilité aux utilisateurs de concevoir leur propre assistant d’IA de confiance. »

De son côté, le Nazairien Alexandre Grière est le fondateur de Button Hop, un bouton connecté destiné à améliorer la productivité en usine. « Notre objectif est d’optimiser les flux d’informations au sein des entreprises, notamment industrielles, grâce à la mise en place d’objets connectés qui tiennent dans la poche. C’est comme une télécommande que l’on installe n’importe où au sein de son usine », détaille-t-il. La raison de la venue de l’entrepreneur à Las Vegas : « Voir comment se déroule le CES pour potentiellement être présent l’année prochaine. » Une venue qu’il convient de bien anticiper, comme le souligne Romain Hué, responsable de l’incubateur IMT Atlantique : « Il faut y aller ultra-préparé, pas seul mais au moins à trois. C’est un marathon quand vous avez un stand. Ce que je conseille aussi fortement à tous ceux qui veulent y aller avec un produit ou une technologie, c’est de participer à la soirée dédiée à la presse, “CES Unveiled”, qui a lieu un jour avant. Et si vous voulez être vus, candidatez pour un “Award” ! »