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BAMe, la start-up du bien-manger d’utilité sociale

En prenant en gestion le nouveau Café Dobrée, au sein du musée nantais du même nom, rouvert depuis le 18 mai, l’entreprise d’insertion BAMe a désormais une vitrine. Cette start-up locale, créée en 2022, compte vingt-deux salariés, dont sept en insertion.

Une partie de l'équipe du Café Dobrée à Nantes

Au total, BAMe mobilise une équipe de cinq personnes pour tenir le Café Dobrée à Nantes.

Simon Dufour-Emmanuel, 39 ans, président fondateur de la SAS BAMe, ne pouvait rêver mieux pour mettre en valeur la démarche particulière de sa start-up de l’économie sociale et solidaire, créée autour de la restauration et de la gourmandise raisonnées. Le Café Dobrée, accessible directement par la rue Voltaire ou par le musée Dobrée, récemment rouvert, après douze années de fermeture et trois de travaux, a vu sa gestion confiée par le Département à BAMe. L’appel d’offres pour la concession de l’établissement était réservé aux entreprises d’insertion.


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Conscience écologique autour de l’assiette

Une nouvelle étape pour Simon Dufour-Emmanuel, dont le parcours l’a auparavant conduit dans les bidonvilles philippins, après une école de commerce et une formation d’audit financier et d’expertise-comptable. « J’en avais marre de compiler les chiffres et les tableaux Excel. Je voulais trouver du sens à mon travail. C’est ce qui m’a conduit à partir pour les Philippines, afin d’œuvrer auprès des jeunes des bidonvilles. Cela a changé mon regard et ma façon de voir le monde. En 2017, je rentre en France et décide de monter un projet qui associe la notion d’entreprise et de fraternité. C’est là que naît BAMe, pour “Bon à manger ensemble”, une conscience écologique autour de l’assiette, en réunissant clients, salariés en insertion, partenaires et producteurs locaux », explique-t-il.

Start-up sociale nantaise, BAMe favorise le retour à l’emploi de personnes en insertion, grâce à l’acquisition de compétences en restauration et à un accompagnement social pour lever les freins à l’emploi. Elle est conventionnée « Entreprise d’insertion » par la DREETS (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) et agréée ESUS (Entreprise solidaire d’utilité sociale).

Zéro déchet et produits locaux

Conscient que la transition sociale s’accompagne d’une transition écologique, BAMe propose une alimentation écoresponsable, avec une démarche zéro déchet. D’où l’utilisation exclusive de vaisselle lavable, notamment par le biais de plateaux-repas en bocaux, mais aussi de vaisselle issue de ressourceries et un partenariat avec le réseau de commerçants Les Boîtes Nomades.

Une place prépondérante (50 %) est également donnée à l’offre végétarienne dans les menus de BAMe. La cuisine est entièrement réalisée à partir de produits frais et de saison, majoritairement issus de producteurs bio ou raisonnés du territoire. « BAMe s’attache à créer des partenariats locaux et durables avec son écosystème, constitué notamment d’associations d’insertion, de collectivités, d’entreprises engagées et de producteurs situés dans un rayon de 150 km autour de la cuisine », assure Simon Dufour-Emmanuel.

Le Café Dobrée à Nantes

Le Café Dobrée, une belle vitrine pour mettre en valeur le savoir-faire de BAMe. Photo Fanny Retailleau

BAMe affiche un chiffre d’affaires annuel d’un million d’euros. La start-up s’est d’abord développée autour de prestations de traiteur et par des offres de restauration auprès des entreprises, avec des « comptoirs déjeuners » installés sur site et des plateaux-repas livrés chauds, dans des bocaux lavables et consignés, pour les réunions, déjeuners d’affaires, séminaires ou formations. Le troisième volet, entamé récemment avec le Café Dobrée, concerne la restauration commerciale.

Le modèle économique de BAMe reste classique : « 85 % de notre chiffre d’affaires est constitué de nos revenus réalisés auprès de nos clients. L’État apporte une solution pour la dynamique d’insertion, les besoins d’encadrement, et compense les charges supplémentaires », souligne Simon Dufour-Emmanuel.

La volonté d’essaimer dans les Pays de la Loire

« Les salariés en insertion peuvent être des allocataires du RSA, chômeurs de longue durée, individus sortant de prison, mères isolées, ou toute personne ayant connu des accidents de parcours et qui a besoin de retrouver confiance en elle. Cela passe par la dynamique de l’équipe et par la relation client, pour retrouver une sociabilité », explique-t-il. « BAMe, c’est un projet de fraternité, c’est aller à la rencontre de l’autre. » Et la restauration s’y prête bien, souligne le dirigeant : « On parle de manger, une activité gourmande et plaisir qui favorise la vie sociale. Le Café Dobrée compte cinq employés, dont deux en insertion, peut-être trois demain », espère-t-il.

Le fondateur de BAMe nourrit d’autres projets. « Nous voulons maximiser l’impact pour la partie insertion, notamment via l’association Full Good, que nous avons créée. Elle vise l’insertion professionnelle au sens large, avec des dispositifs différents, par l’activité économique, la formation et des dispositifs de remobilisation. Il s’agit aussi de consolider BAMe, qui est en forte croissance, et puis, nous l’espérons, l’essaimer dans les Pays de la Loire. Nous avons un modèle économique éprouvé et il y a des besoins d’insertion et d’alimentation durable dans le territoire. Cela s’inscrit dans la démarche RSE des entreprises, d’autant que toutes nos prestations sont zéro déchet. »