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Comment robotiser la production de petites séries

Coût, intégration dans le process de fabrication ou programmation : quels sont les freins à la robotisation de petites séries et quels leviers pour adapter l’outil ? C’est la question posée à trois experts roboticiens lors d’une table ronde organisée courant novembre à La Roche-sur-Yon dans le cadre de 5e édition de Robot4Manufacturing.

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Les intervenants de la table ronde « Robotiser sa production de petites séries », organisée par Robot4Manufacturing en Vendée courant novembre. ©IJ

Robotiser sa production industrielle permet de produire en volume, d’être plus compétitif mais aussi de soulager les opérateurs de tâches pénibles et répétitives, tout en améliorant leur sécurité. Le robot est donc un allié de choix pour les entreprises à la recherche de flexibilité et de performances. Mais le robot industriel pour tous, est-il une réalité ou un doux rêve ? Peut-il s’adapter à une PME, aux petites séries ou production spécifiques ? Lors de la 5e édition de Robot4Manufacturing, une convention d’affaires coorganisée par Oryon et Abe – Advacenced Business Events, courant novembre, au parc expo des Oudairies à La Roche-sur-Yon, trois experts en robotique se sont penchés sur le sujet.

« La robotique pour les petites séries n’est possible que si l’on arrive à rendre marginal le coût de la programmation du robot, estime Nicolas Gautier, référent technique et robotisation pour MBDA, leader européen dans la conception de missiles et systèmes de missiles, dont le siège se trouve en région parisienne.  A partir de là, on peut tendre vers plus de flexibilité et de compétitivité. »

« L’intégration et la programmation des robots coûtent chères car elles nécessitent des compétences de roboticiens que les PME n’ont pas forcément en interne ou les moyens de financer », précise Denis Mercat, growth manager chez Kickmacker.

Anticiper

Ce bureau d’études et d’industrialisation international aide les startups et entreprises avec des produits innovants à accroitre leur développement en les accompagnant dans la phase d’industrialisation. Pour rendre la robotisation accessible aux petites séries, le premier prérequis pour cet expert est de « se concentrer sur les process et de concevoir des produits et des process adaptables à l’automatisation. Il faut penser automatisation dès le départ, même si on ne l’intègre pas physiquement dans la production, même si l’on démarre avec quelques centaines d’unité et une production, même s’il est difficile de prédire si le produit va fonctionner et quel sera le volume d’activité. Il faut se projeter dès le début pour automatiser progressivement et de façon linéaire. »

Selon Denis Mercat, « s’il n’y pas cette réflexion en amont, le risque est de ne pas pouvoir supporter le coût de l’automatisation en grande série car elle nécessite de revoir la conception et les process, mais aussi de ne pas trouver les compétences de roboticien nécessaires et de devoir délocaliser en Chine. »

Pour des applications simples

Or, d’autres leviers rendent la robotisation accessible aux petites séries en mode « made in France », à commencer par la robotique collaborative. Née il y a une dizaine d’années, elle a fait bouger les lignes de la robotisation industrielle. « La robotique collaborative offre des solutions faciles à programmer et à utiliser, explique Nicolas Pouclet, directeur des opérations et responsable technique de Proxinnov, plateforme régionale de robotisation. Désormais, la robotique ne s’adresse plus seulement aux roboticiens. »

Le robot collaboratif, également appelé cobot, est le partenaire d’un opérateur humain, avec qui, il partage son espace de travail. « Le robot n’est plus relégué dans une boîte. Il est installé à proximité immédiate de l’opérateur et les deux se rendent mutuellement services », inique Nicolas Gautier de MBDA. Cette solution convient pour des applications simples. »

Les nouvelles technologies sont nos amies

Pour des process plus complexes, il faut se tourner vers les nouvelles technologies comme l’IA, la 5G, ou la vison 3D pour réussir à adapter la robotique aux petites séries. « Le soudage robotisé est quelque chose de très difficile à programmer. Soit l’opérateur programme le robot via un logiciel en ligne en quelques minutes seulement. Soit il apprend les gestes à la machine. L’opérateur fait le geste, le robot enregistre sa trajectoire. Pas besoin d’être roboticien », illustre Nicolas Pouclet.

Grâce à l’IA, ou machine learning, il est possible de décomposer les différentes phases du geste humain et de comprendre pourquoi il ne fait pas toujours la même opération et dans quelles circonstances. « Il ne faut pas penser le produit par rapport à une ligne d’assemblage unique mais comme une succession de process que l’on peut automatiser, prévient Denis Mercat. Il y a le process du collage, celui du soudage ou du vissage. Grâce à l’IA, le robot devient agile et capable d’enchaîner tous ces process. »

L’acculturation, vecteur de solutions

Ainsi, que ce soit via cobot, l’IA ou autre nouvelle technologie, adapter la robotique en petites séries n’est possible que si l’on place l’humain au cœur du dispositif. L’acculturation de l’entreprise et de ses collaborateurs est donc une condition forte de la réussite de cette échelle de robotisation.

« Les entreprises, les PME surtout, ne vont pas être forcément en veille sur les nouvelles technologies. Or, elles évoluent beaucoup et en permanence, rappelle Nicolas Pouclet. A un moment donné, il faut réussir à se poser, aller voir les industriels qui ont déjà robotisé sur des petites séries, aller dans les salons, former ses collaborateurs… » Et si l’on ne sait pas par où commencer, se rapprocher d’un acteur robotique comme Proxinnov peut débloquer la situation et lancer le mouvement. « Venez nous voir au sein de notre usine 4.0 et découvrir un panel de solutions technologiques très concrètes », insiste Nicolas Pouclet.

 

 

 

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