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Wind For Goods : « Nous ne sommes pas de doux rêveurs »

La révolution du transport maritime par la propulsion vélique semble en bonne voie. Reste à alerter les pouvoirs publics, sans qui rien ne sera possible, selon les acteurs de cette innovante filière écoresponsable, réunis à Saint-Nazaire le 21 septembre à l’occasion de la première édition du salon professionnel Wind for Goods.

Wind For Goods

Charles-Edouard O’Quin (à droite) et Erwann De Kerros © IJ

Au sein de l’alvéole 12, il y a eu consensus sur le message à porter. Haut et fort. L’ensemble des acteurs intervenant sur les nouvelles technologies de propulsion vélique s’étaient donné rendez-vous au port de Saint-Nazaire le 21 septembre à l’occasion de la première édition de Wind for Goods, dédié au transport maritime écoresponsable.

Avec un objectif de réduction de 40 % des émissions de carbone des navires en 2030 annoncé par l’organisation maritime internationale, la filière se doit en effet de trouver rapidement des solutions. Ce premier salon professionnel d’envergure nationale a été largement animé sur place par les institutionnels et élus du département, les entreprises du secteur, ainsi que par de fins connaisseurs du milieu, à l’instar du skipper Jean Le Cam et près de 500 visiteurs. Que ce soit via des conférences ou la présentation d’une vingtaine de solutions innovantes, tous ont mis en avant l’urgente nécessité d’apporter des solutions concrètes pour contribuer à décarboner le transport maritime de marchandises et baisser son empreinte environnementale. Et se sont interrogés sur les leviers actionnables pour y parvenir. À cette question, la réponse a été unanime : il faut alerter les pouvoirs publics pour donner plus de visibilité à cette filière pas encore mise en lumière par les soutiens publics comme le sont déjà le photovoltaïque ou l’éolien. Le transport maritime demeure « le parent pauvre de l’engagement public », estime Philippe Renaudin, directeur de la filière maritime à la Banque Populaire grand Ouest. Stéphanie Lesage abonde : « Nous ne sommes pas de doux rêveurs.

Nous avons conscience que la filière vélique a besoin d’être structurée et que le chemin sera long, car chaque professionnel du secteur doit convaincre, puis financer et enfin développer le projet », indique la responsable des affaires publiques institutionnelles et juridiques chez Airseas, concepteur d’un système innovant de voiles de kite géantes destinées à tirer les cargos, économisant ainsi jusqu’à 40 % de carburant. La jeune femme le martèle : « Il faut jouer collectif. » L’enjeu est de taille pour les professionnels du secteur et les institutionnels du territoire portuaire économique ligérien, pour qui le développement de cette activité écoresponsable constitue l’un des enjeux économiques prioritaires avec, comme objectif, de devenir leader dans cette filière d’avenir.

Airseas

À l’occasion de cette première édition, 17 entreprises ont exposé leurs innovations, dont Airses © D. R.

 

LE TRANSPORT DE MARCHANDISES S’ENGAGE

Nombreuses sont déjà les entreprises contribuant à limiter au maximum les émissions de CO2, à l’instar de Terre Exotique. Cette entreprise tourangelle aux 12 M€ de chiffre d’affaires, importatrice d’épices depuis vingt-cinq ans, vient d’ouvrir un bureau à Saint-Nazaire, au plus près de son nouveau bateau. Une rencontre il y a quelques mois avec Sébastien Destremau a été décisive. Les deux co-fondateurs acquièrent l’ancien bateau du skipper – 150 000 € à l’achat et 50 000 € d’entretien annuel – pour l’utiliser à raison d’une dizaine de voyages par an pour le moment. « Le voilier transporte les quatre tonnes de récolte d’une de nos plantations partenaires et met, par exemple pour le Brésil, autour de 40 jours aller-retour quand un cargo met à peine moins, autour de 30 jours », détaille le co-dirigeant Charles-Edouard O’Quin. Si ce mode de transport représente à ce jour « moins de 5 % de l’activité » de l’entreprise, « un objectif à 25 % d’ici quatre ans est envisageable », estime le dirigeant. Et pour continuer à aller dans le sens du vent d’un transport écoresponsable, les co-fondateurs ont en tête de terminer le trajet des épices sur la Loire, depuis Nantes jusqu’à Tours (leur siège social), en bateau à fond plat.

La société bretonne Grain de Sail, dix ans d’âge, a également choisi le voilier-cargo pour importer son chocolat. Par ailleurs sans conséquence financière excessive pour le consommateur final. « Un surcoût de 13 centimes par tablette», a calculé le président et co-fondateur Olivier Barreau. Même constat du côté de Belco, distributeur de café vert en Europe, dont le co-fondateur Alexandre Bellangé a acté son engagement avec TOWT – transport de marchandises à la voile, pour acheminer au minimum 50 % de son café en voilier cargo d’ici 2025. Là aussi, un surcoût modéré de « 10 centimes par paquet de 250 g », indique le jeune dirigeant.

L’ambition est désormais de renouveler ce rendez-vous annuel afin de « mettre en lumière les entreprises et les actions qui contribuent au développement économique et responsable du territoire », a indiqué Nicolas Debon, directeur général de Nantes Saint-Nazaire Développement.

 

Wind for Goods en chiffres

  • 5 conférences
  • Plus de 20 innovations du transport à la voile présentées en conditions réelles, dont 6 bateaux exposés sur le bassin proposant des visites des coulisses des bateaux et des sorties en mer.
  • À l’intérieur de l’Alvéole 12, 17 entreprises ont exposé leur innovation dont Airseas, Wisamo par Michelin, Solidsail des Chantiers de l’Atlantique, Farwind et Neoline.

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