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Un employé nommé désir : recruter et fidéliser autrement

Du théâtre pour parler des problématiques de recrutement et faire prendre conscience aux employeurs des bonnes comme des mauvaises pratiques face à un candidat, c’est l’approche originale choisie par le club vendéen "Les entreprises s’engagent". Cette soirée interactive, organisée le 29 mars dernier à la CCI de Vendée, a aussi été l’occasion de (re)découvrir les outils de Pôle emploi pour recruter autrement.

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Isabelle, personnage d’ "Un employé nommé désir" demande l’avis du public sur le recrutement d’une candidate. Ce spectacle interactif a été présenté à la CCI de Vendée à l'initiative du club vendéen "les entreprises s'engagent". ©IJ

Christiano, Isabelle et Léonor sont trois entrepreneurs. Comme deux tiers des entreprises en Vendée[1], ils rencontrent des difficultés à recruter et ont fait le choix de se faire accompagner par un coach. L’exercice du jour : raconter une anecdote illustrant leurs problématiques. Comme ce jour où Isabelle s’est retrouvée avec un serveur en moins à quelques heures du service du midi. C’est à ce moment-là qu’est arrivée Chloé, candidate avec qui elle avait rendez-vous. Motivée et souriante, elle est aussi étudiante en histoire de l’art, tatouée et sans expérience. Isabelle lui réserve le pire des accueils : Chloé va faire fuir les clients et elle n’a pas le temps de la former. Mais la restauratrice hésite. Elle a quand même une table de 15 personnes ce midi ! Alors elle demande l’avis… du public.

Car Isabelle n’est pas vraiment cheffe d’entreprise, mais un personnage de la pièce de théâtre « Un employé nommé désir », un spectacle interactif interprété par Le Reflet théâtre. Le 29 mars dernier, la compagnie était l’invitée du club vendéen « Les entreprises s’engagent » à la CCI de Vendée. Créée en 2018, cette initiative nationale regroupe des entreprises engagées pour une société inclusive et un monde durable. En Vendée, on y retrouve également la CPME, le Medef, Pôle emploi, Cap emploi, la CCI, Face Vendée et la préfecture.

Dans la salle, les critiques fusent, certains dirigeants oubliant même qu’il s’agit d’une fiction. « Déjà, vous avez de la chance d’avoir des candidats », lâche-t-on ici. « Les clients peuvent parfaitement entendre qu’elle est débutante », renchérit un spectateur. « Vous avez tout fait pour la décourager, enchaîne une troisième personne. Vous auriez dû préparer l’entretien et être plus à son écoute. » Isabelle, secouée, prend Chloé à l’essai. Et les retours des clients et collègues sont élogieux.

Pourtant, Isabelle pointe tout ce qui ne va pas et attend le lendemain pour finalement proposer un contrat à Chloé, qui décline. « Vous vous êtes concentrée sur ses erreurs alors que vous saviez qu’elle était débutante. Commencez par lui dire merci et ce qu’elle a fait de bien », commente-t-on dans la salle. « Il fallait lui expliquer, lui montrer et être à son écoute, enchaînent d’autres spectateurs. Votre hésitation a été fatale. »

De l’employabilité à l’employeurabilité

« J’espère que cette situation n’existe pas réellement », réagit à son tour Patrick Rangeard. Dirigeant de la Confiserie Pinson (Montaigu), il est l’un des trois « vrais » témoins de la soirée venus partager avec l’assemblée ses bonnes pratiques de recrutement et de maintien dans l’emploi. Accueillir et faire bonne impression au nouvel arrivant en fait partie. « Chaque nouvel embauché suit un parcours d’intégration d’une semaine. Quel que soit son poste, il rencontre chaque service : commercial, marketing, production, R&D… Nous lui présentons l’entreprise, ses valeurs. Chacun explique son métier. L’idée : qu’il comprenne ce qu’on attend de lui. »

À ses côtés, Gaëlle Richard de l’atelier de confection vendéen SBC, situé près de Montaigu, revient sur ses difficultés pour trouver le « bon » profil. « Quelle que soit l’activité, nous cherchons tous des employés motivés, impliqués, compétents et expérimentés. En tant que façonnier installé dans une petite commune rurale, c’est difficile de trouver du personnel qualifié qui accepte de venir chez nous, avec le même salaire qu’ailleurs. » Autre secteur mais même problématique chez STPPS, expert de la gestion externalisée du tiers payant pour les professionnels de santé (La Roche-sur-Yon). « Notre métier nécessite des compétences pas si simples à trouver », explique Karine Gawsewitch. La solution de ces deux cheffes d’entreprise ? Faire appel aux outils de Pôle emploi pour recruter autrement. Objectif : améliorer leur « employeurabilité », c’est-à-dire la capacité d’un employeur à attirer et fidéliser des candidats l’emploi.

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Trois « vrais » chefs d’entreprise ont témoigné lors de cette soirée sur « l’employeurabilité ». De g. à d., l’animatrice de la table ronde, Gaëlle Richard (SBC), Karine Gawsewitch (STPPS) et Patrick Rangeard (Confiserie Pinson). ©IJ

« Le premier levier, indique Anne Dauchez, directrice territoriale de Pôle emploi Vendée, c’est d’organiser la rencontre entre les employeurs qui recrutent et des demandeurs d’emploi qui n’ont pas forcément imaginé travailler dans ces métiers en tension. À nous de les aider à se projeter. Cela peut prendre la forme d’une réunion d’information, d’un forum ou bien encore d’un job dating classique ou inversé. » Dans ce dernier cas, c’est l’employeur qui va à la rencontre du candidat pour lui donner envie. Il présente son entreprise, ses valeurs, les postes à pourvoir. Et le candidat choisit ensuite qui il va rencontrer en tête-à-tête.

Autre méthode : l’immersion. En 2022, 3 500 demandeurs d’emplois vendéens en ont bénéficié. « La PMSM, Période de mise en situation en milieu professionnel, permet à un demandeur d’emploi de se tester dans l’entreprise et à l’employeur de vérifier si ça matche, précise Anne Dauchez. La durée varie entre 3 et 15 jours, selon la complexité du poste ou de l’environnement de travail. »

Et pour aller plus loin dans cette phase de découverte, la solution, c’est peut-être l’une des mesures d’adaptation en entreprise proposées par Pôle emploi. L’atelier de confection SBC a ainsi choisi la POEC, la Préparation opérationnelle à l’emploi collective[2], pour renforcer rapidement ses capacités de production. « Pendant 400 heures, nous accueillons sept stagiaires. Nous les formons à nos besoins et elles s’intègrent progressivement à l’équipe, témoigne Gaëlle Richard. Elles sont toutes potentiellement embauchables. » Pour les TPE et PME, la durée de ce parcours peut être poussée jusqu’à 800 heures.

« Chez STPPS, nous avons couplé ce « Parcours TPME » avec un autre outil, le recrutement par simulation, intervient Karine Gawsewitch. Pôle emploi est venu chez nous découvrir nos métiers, notre façon de travailler et quelles étaient les habilités à mettre en œuvre pour travailler chez STPPS. À partir de là, les conseillers ont créé des exercices sur-mesure pour détecter ces habilités. À l’issue d’une séance d’information, les personnes intéressées ont passé un test. J’ai reçu en entretien celles qui l’avaient réussi. En couplant ces deux méthodes, nous avons eu de bien meilleurs résultats. Si les candidats sont motivés, c’est en effet quasiment gagné. J’aime ce système de recrutement alternatif parce que, candidat comme employeur, tout le monde peut en ressortir quelque chose de positif. »

[1] Source : Pôle emploi Vendée.

[2] Deux outils similaires existent en formule individuelle : la POEI et l’AFPR (Allocation formation préalable au recrutement).

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