À l’origine marin pêcheur d’anchois à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Thierry Thomazeau est surtout un amoureux de la mer. Pour la défendre, il invente après le naufrage de l’Erika, un chalut flottant pour la collecte des hydrocarbures. Et crée Thomsea il y a 18 ans pour le commercialiser. Aujourd’hui son chalut équipe tous les navires de la Marine nationale engagés dans la lutte contre les catastrophes pétrolières.
À cette activité originelle, ce Géotrouvetout de la mer a adjoint la collecte et de nettoyage des algues rouges en adaptant sa technologie. Plaie pour les touristes, ces algues arrachées au large par les tempêtes au large de l’Île d’Yeu ont une multitude de molécules d’intérêt. Nettoyées dans une sorte de grande machine à laver de sa conception, les algues sont transformées en Bretagne par Olmix, son partenaire, pour en faire des extraits utilisés comme engrais bio et fongicide pour les légumes et les vignes et pour renforcer l’immunité naturelle des animaux d’élevage.
« Ces deux activités complémentaires permettent d’occuper les équipages de mes bateaux toute l’année », précise le dirigeant qui emploie 10 salariés en équivalent temps plein. C’est ainsi 2 000 tonnes d’algues rouges qui sont collectées et nettoyées chaque hiver.
Une marélienne pour utiliser la puissance des marées
Jamais à court d’idée Thierry Thomazeau planche depuis 2015 sur un moyen de récupérer la formidable énergie générée par les flux des marées. Il termine la mise au point d’une turbine qui, en reprenant un principe des moulins hydrauliques aujourd’hui disparus, fonctionne grâce au débit d’eau dû au marnage (différence de niveau d’eau entre marée haute et marée basse). Adaptée aux estuaires, rivières et marais, cette marélienne a été conçue et développée avec un doctorant du Laboratoire des écoulements géophysiques et industriels (Legi), centre de recherche du CNRS de Grenoble. « Il ne faut plus négliger ces sites à potentiel », clame le dirigeant. Une première machine dûment brevetée sera testée chez un particulier, dans un ancien moulin vendéen reconverti en chambre d’hôtes d’ici à la fin de l’année 2022. Elle est en capacité de fournir 1 300 watts de puissance nominale soit 30 kwh par 24 heures équivalant à la consommation d’une maison familiale de quatre personnes.
Commercialisation en 2024
« L’idée de ce projet était de partir des besoins de consommation pour concevoir la turbine et d’imaginer une machine sans génie civil, installée et désinstallée en une journée », indique l’ancien pêcheur d’anchois. Les données recueillies lors de ce test grandeur nature permettront de créer une turbine de plus grande puissance. D’ici à 2024, avec le renfort d’un ingénieur et d’un jeune docteur recruté pour le projet, Thomsea espère pouvoir proposer une machine commercialisable pour produire de l’énergie renouvelable. La marélienne développera 30 à 40 kwh de puissance nominale à même d’alimenter un hameau entre 8 à 10 heures par 24 heures, le temps des marées. « Il s’agit d’un complément d’énergie verte qui sera réinjectée dans le réseau », précise Thierry Thomazeau.
Avec cette activité naissante, le dirigeant vise un complément d’activité appréciable pour sa société qui réalise un chiffre d’affaires d’1 M€. « On a tous les atouts sur la côte vendéenne : un marnage moyen de 3,40 mètres, des estuaires et des marais comme réservoir d’eau potentiels », argue le dirigeant.