La région est très artificialisée et continue de s’artificialiser plus qu’ailleurs. Les déplacements et l’habitat demeurent impactant pour l’environnement. Les baisses des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de consommation d’énergie sont insuffisantes au regard des objectifs environnementaux et la qualité de l’eau est très dégradée », relève, en préambule de son étude, l’Insee Pays de la Loire. Qui ajoute ce constat : les enjeux de développement durable ne sont pas homogènes au sein de la région, avec cinq profils de territoire différents.
LES ENJEUX LIÉS À L’HABITAT ET AUX MOBILITÉS
Tout d’abord, l’institut relève les enjeux liés à la pression foncière et à l’organisation des transports. Trois territoires sont particulièrement ciblés : les métropoles de Nantes, Angers et Le Mans. Ici, les enjeux environnementaux sont assez proches en raison d’une forte densité en emplois et habitants qui induit des problématiques pour se loger et se déplacer. Cependant, les enjeux liés à l’artificialisation des sols diffèrent avec une situation nantaise souvent plus favorable. S’agissant des territoires périurbains, en périphérie des villes, les enjeux sont davantage liés à la mobilité. Ici, les habitants travaillent plus souvent loin de leur domicile (17 km en moyenne contre 15 km en moyenne régionale) et ont davantage recours à leur voiture. Ce qui exerce une pression sur l’environnement (pollution). L’artificialisation des sols augmente, elle, plus que la population : +1 % contre +0,7 % par an de 2012 à 2017. Pour chaque habitant supplémentaire, 1 100 m² en plus sont artificialisés contre 900 m² dans la région. Néanmoins, la part des surfaces artificialisées varie : de 6 % pour la communauté de communes de la région de Blain à 21 % pour celle de Sèvre et Loire. En cause : l’habitat. 86 % des logements sont individuels (71 % dans la région) et 61 % sont sous-peuplés (53 % dans la région).
QUID DES TERRITOIRES RURAUX ?
À présent, direction les territoires à dominante rurale confrontés à des enjeux liés à la maîtrise de l’artificialisation. D’après l’Insee Pays de la Loire, elle est certes plus faible que dans la région mais augmente de 0,8 % par an de 2012 à 2017 alors que la population croît très faiblement. Ainsi, pour chaque habitant supplémentaire, 7 400 m² sont artificialisés. Là aussi, les logements contribuent fortement à ce phénomène car ils sont plus souvent individuels (83 %), vacants (9 % contre 7 % dans la région) ou sous-peuplés (58 %), en raison notamment du vieillissement de la population. Ces logements sont par ailleurs concernés par de forts enjeux de rénovation énergétique. Ceux construits avant 1946 y sont plus répandus que dans la région (32 % contre 21 %) de même que les logements énergivores (15 % contre 11 %). Ici, l’utilisation de la voiture pour aller travailler est prépondérante mais variable d’un territoire à l’autre, en lien avec le faible développement des transports en commun et des pistes cyclables.
Avec tout de même des disparités concernant les distances domicile-travail. Par exemple, ces distances sont plus faibles pour les intercommunalités construites autour d’un pôle d’emploi comme la communauté urbaine d’Alençon (12 km) et plus élevées pour les intercommunalités polarisées par plusieurs métropoles telles que la communauté d’agglomération de Redon (19 km). Les véhicules électriques, à hydrogène ou hybrides sont aussi peu présents pour des raisons multiples (bornes de recharges peu nombreuses, distances parcourues plus élevées, etc.). Concernant la biodiversité, la part des espaces naturels protégés est plus élevée : 1,4 % contre 0,3 % en région. L’Insee Pays de la Loire note par ailleurs que la part des cours d’eau en « bon état » écologique est un peu plus élevée que dans la région (15 % contre 11 %) mais elle reste nettement inférieure à la moyenne nationale (44 %).
Les territoires situés notamment en Mayenne présentent quant à eux de forts enjeux environnementaux car les émissions GES par habitant y sont deux fois plus élevées que dans la région : 16,0 kteqCO2 contre 8,4 kteqCO2 en 2016. La consommation d’énergie par habitant s’avère elle aussi supérieure : 31,7 MWh contre 24,4 MWh en 2016. En outre, l’agriculture biologique ne représente que 8 % des surfaces agricoles utiles contre 10 % dans la région. Développer cette filière pour réduire les émissions de GES constitue donc un défi de taille.
LA PRESSION TOURISTIQUE
Cette étude s’intéresse également au littoral où le niveau d’artificialisation est plus élevé que dans la région : 17 % contre 10 %. Ainsi, pour chaque habitant supplémentaire, 700 m² sont artificialisés. L’attractivité touristique participe fortement à ce phénomène avec notamment 45 % de résidences secondaires (11 % en région).
Ce qui induit aussi une forte pression en été au niveau de la production des déchets. Rapportée à la population des résidences principales, celle-ci est deux fois plus élevée que dans la région même si leur taux de valorisation est plus important. La forte présence des estivants implique aussi des tensions sur les ressources en énergie et en eau. À cela s’ajoute le fait que la qualité de l’eau est très dégradée dans tous les cours d’eau des territoires littoraux, conclut l’Insee Pays de la Loire.
Indicateurs en matière de déplacement, d’artificialisation et de logement dans les Pays de la Loire
*Pour le profil D, le nombre de m2 artificialisés supplémentaires par habitant supplémentaire n’est pas indiqué, car la population est quasi stable (-0,02 % par an, soit -60 habitants) alors que la surface artificialisée augmente (+1,1 % par an). Source : Insee, Recensements de la population (RP) 2012 et 2017 ; DREAL et SDES, Fichiers fonciers (calcul Cerema).
Indicateurs environnementaux dans les Pays de la Loire
Source : Air Pays de la Loire, BASEMIS ; Open Data Réseaux Énergies-Réseau de transport d’électricité, Eco2mix.
Indicateurs socio-économiques dans les Pays de la Loire
Insee, RP 2017, Filosofi 2018 ; Inserm, CépiDc.