Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Start-up et artisan : la recette d’une collaboration réussie

Proposée le 21 avril aux journées nantaises de la créativité Chtiiing!, la conférence « Startup & artisan : collaboration utopique ? » a mis en lumière l’exemple d’Akrone, jeune maison horlogère nantaise, et de Thomas Brac, un des derniers graveurs d’art français.

Akrone, start-up

L’équipe d’Akrone pose aux côtés du graveur Thomas Brac (en haut à gauche) dans le cadre de leur collaboration. © D. R.

A entendre l’histoire d’Akrone, start-up horlogère nantaise, et Thomas Brac, un des derniers graveurs de France, on prend conscience que la collaboration entre start-up et artisan est tout sauf utopique. Retour en 2015 à Nantes, où Akrone voit le jour à l’initiative d’Erwan Kerneur et Jean-François Kerboul. « L’idée de départ était de créer une marque horlogère pour offrir une alternative aux marques très haut de gamme, qui ne collaient pas forcément aux attentes de nos clients, détaille le cofondateur. On a donc choisi d’en créer une plus cool et moins classique, en s’appuyant au maximum sur le made in France mais en ne dépassant pas la barre symbolique des 1 000 €. » La start-up profite alors de l’ouverture de la plateforme Kickstarter en France pour lancer sa première campagne de financement participatif. Succès immédiat : l’aventure est lancée, la clientèle au rendez-vous et Akrone enchaîne les modèles automatiques.

« J’AI ÉTÉ SÉDUIT PAR LES VALEURS D’EXCELLENCE À PRIX JUSTE »

L’histoire aurait pu continuer ainsi, mais c’était sans compter l’arrivée du graveur Thomas Brac dans la cité des ducs en 2018. Après avoir travaillé en Suisse de longues années chez de prestigieux horlogers et joaillers, l’artisan spécialisé dans les montres de métier d’art, des objets personnalisés valant autour de 400 000 €, a décidé de quitter ses montagnes : « À Nantes, j’ai très rapidement rencontré les fondateurs d’Akrone, qui avaient déjà réalisé de nombreuses montres en séries limitées pour des particuliers ainsi que pour des commandes privées. J’ai tout de suite été séduit par leurs valeurs d’excellence à prix juste, leur simplicité, leur respect tant des clients que de leurs partenaires. »

De cette rencontre va naître en 2018 une première collaboration et le modèle unique « Métiers d’art », issue de la série élégance d’Akrone. « Comme le courant est rapidement passé, confirme Erwan Kerneur, on a décidé d’unir nos compétences et de proposer une montre limitée à 100 exemplaires, gravée de manière artisanale à la main par Thomas. » « J’ai sauté à pieds joints dans ce projet qui, au-delà de la gravure, me permettait de renouer avec mon expérience de designer horloger en Suisse, poursuit le graveur. Créer une montre unique d’accord, mais quel sujet choisir ? Il fallait un thème à la fois contemporain et esthétique qui puisse valoriser nos deux savoir-faire. »

UNE MONTRE TATOUÉE FAÇON YAKUZA

Akrone suggère alors au graveur de s’inspirer des Yakuzas qui dissimulent sous leurs vêtements leurs corps tatoués, symbole de la mafia japonaise. Passionné par la culture nippone, Thomas Brac ne se fait pas prier : « J’étais particulièrement inspiré par ce sujet. J’ai proposé à Jeff et Erwan plusieurs designs pour habiller les deux côtés de la montre. Le choix final s’est porté sur la reprise de la vague d’Hokusai stylisée et, sur l’autre face, d’un casque de samouraï et un dragon, agrémentés d’une pivoine. »

Affichés en ligne à 700 €, les 100 exemplaires sont prévendus en moins de trois jours. La production peut démarrer. Elle doit être réalisée en moins de six mois. « Je n’avais jamais gravé d’aussi grandes séries et cela m’a valu quelques frayeurs, d’autant que j’avais peu expérimenté la gravure sur acier jusque-là, précise l’artisan d’art. Il m’a fallu près d’une journée entière pour réaliser la première montre ! Heureusement, j’ai fini par gagner en rapidité et produire six montres par jour à la fin… Tout a été livré dans les temps. »

collaboration entre Akrone et le graveur Thomas Brac.

La personnalisation du cadran à l’aide d’une applique en or réalisée en fonction des demandes de chaque client s’inscrit dans le cadre de la deuxième collaboration entre Akrone et le graveur Thomas Brac. © D. R.

« Avec ce premier projet commun, on a réussi à montrer qu’en s’appuyant sur des savoir-faire anciens, on pouvait très bien moderniser l’image de l’horlogerie traditionnelle et ainsi créer des passerelles entre tradition et modernité, se félicite Erwan Kerneur. On a également gagné en termes d’image, notamment sur la communication, mais aussi en notoriété sur le territoire, tout en renforçant notre crédibilité auprès de nos clients car le savoir-faire de Thomas a rejailli sur notre start-up. Cela nous a également fortement stimulés sur la créativité et cette collaboration a été un très bon moyen de nous démarquer de la concurrence. »

COWORKING ET DEUXIÈME COLLABORATION EN COURS

« Grâce à ce projet, j’ai bénéficié du réseau d’Akrone, qui dispose d’une communauté très forte, estime quant à lui Thomas Brac. Cela m’a donné une visibilité que je n’aurais jamais eu seul en venant m’installer à Nantes et permis de lancer confortablement mon activité. Enfin, proposer du tatouage de montre plutôt que des blasons sur des chevalières a été un très bon moyen de moderniser l’image de mon métier de graveur et d’attirer une nouvelle clientèle. »

La suite ? Elle semble déjà écrite : « Une belle amitié s’est forgée et j’ai rejoint début 2020 les locaux d’Akrone en centre-ville, confirme le graveur. Tout en gardant notre indépendance, ce coworking nous permet de penser à d’autres projets communs particulièrement inspirants ! » Effectivement, une deuxième collaboration est dans les tuyaux. « On s’est à nouveau demandé comment apporter quelque chose de nouveau et on a finalement opté pour la personnalisation du cadran d’un de nos modèles, le C-04, détaille Erwan Kerneur. Thomas échange avec chaque client avant d’élaborer une applique en or unique (blason, signe astrologique, initiales…) qu’il va venir fixer au cadran de la montre. » « Ce qui m’a séduit dans ce second projet, c’est le fait d’avoir cet échange avec les clients pour cerner leurs attentes et leur proposer une personnalisation discrète qui va rendre leur montre unique », conclut le graveur. Un autre moyen de jouer sur le côté exclusif et l’unicité, traditionnellement réservés à la haute horlogerie.

 

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