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Economie ligérienne : « Si on doit réabonder, on réabondera »

La présidente du conseil régional des Pays de la Loire, Christelle Morançais, nous a accordé une interview pour annoncer de nouvelles mesures destinées à Soutenir l’économie ligérienne, mais aussi à simplifier l’accès aux aides.

Christelle Morançais (Présidente, Région PDL)

Christelle Morançais (Présidente, Région PDL) © Région Pays de la Loire - Ouest Médias

Le fond Résilience est l’une des mesures phare du plan de relance régional. Sur une enveloppe annoncée de 32 M€, 12 M€ ont été engagés. Quel avenir pour ce dispositif ?

Il s’arrête normalement au 31 décembre, on va donc le prolonger d’au moins un an car c’est un outil d’accompagnement en termes de trésorerie, mais ça peut aussi être un outil de relance. Toutefois, il faut qu’on le fasse évoluer. Actuellement, 37% de petites entreprises l’ont sollicité. On voit que l’État ouvre le Fonds national de solidarité aux PME. Je pense qu’il faut aussi qu’on ouvre le fonds Résilience aux entreprises jusqu’à 50 salariés. Nous sommes en pleine réflexion sur ce sujet. On a une commission fin novembre, il faudra le faire évoluer à ce moment-là.

 

Quels sont les dispositifs qui fonctionnent le mieux pour le moment ?

Aujourd’hui, 80% des 145 mesures du plan de relance régional ont été engagées. Ce plan n’est pas mon plan, il a été construit avec l’ensemble des acteurs du territoire. Et pour l’instant, il y a une vraie complémentarité entre les dispositifs de l’État et de la Région. Mais attention, il faut faire preuve d’humilité car la crise est plutôt devant que derrière nous. Il faut être réactifs et pragmatiques et si on manque de dispositifs, on créera autre chose. Et, quel que soit le dispositif, si on doit réabonder, on réabondera. Le prêt Rebond l’a déjà été à plusieurs reprises et on réabonde aussi les dispositifs Industrie du futur et Commerce du futur qui marchent très bien.

 

Justement, la Région vient d’annoncer de nouveaux dispositifs pour aider à la relance des entreprises. Ça devient compliqué de s’y retrouver, non ?

Je peux comprendre, pour avoir été cheffe d’entreprise, qu’aujourd’hui, pour s’y retrouver, c’est extrêmement complexe… Ça l’était déjà avant, et aujourd’hui, ça l’est encore davantage. C’est pourquoi notre objectif est de se saisir de cette crise pour simplifier les dispositifs. Quand j’entends des entreprises qui me disent faire appel à un cabinet externe pour toucher des subventions nationales ou des aides régionales, ça me rend dingue !

Notre objectif est de faire en sorte que, quelle que soit la porte d’entrée, ils ne rentrent pas dans le détail de ces dispositifs. Je vais donc mettre en place au sein du Conseil régional une équipe dédiée au plan de relance, avec trois numéros verts. L’un dédié aux élus, le deuxième au tissu associatif et le troisième au monde économique, et ce, quelle que soit la taille de l’entreprise.

 

Quand cette équipe pourrait-elle être opérationnelle ?

Dans les 15 jours, trois semaines, le plus rapidement possible. C’est également une proposition que j’ai faite au préfet de région. Pendant cette crise, l’État, les Régions, l’ensemble des collectivités, ont été capables d’être réactifs, flexibles. Pourquoi ne pas continuer ? Si l’État veut se joindre à nous, tant mieux, mais je n’attends pas, je lance déjà au niveau de la Région.

 

Quel visage aura cette task force ? Sera-t-elle à même de répondre à toutes les demandes des entreprises régionales ?

Il faut des techniciens, qui soient là pour aider à monter les dossiers aux côtés des chefs d’entreprise, qui leur demandent quelle est leur problématique et leur expliquent qu’il existe tel ou tel levier à actionner. D’autant que c’est très transversal, avec par exemple des dispositifs Industrie du futur et en parallèle d’autres sur la transition écologique. Charge à nous de les accompagner et de les aider pour aller capter au mieux des fonds au niveau national et régional afin de renforcer leur trésorerie, leurs fonds propres. Mais c’est également faire en sorte qu’ils puissent continuer à investir, sinon c’est leur compétitivité qui est en jeu alors que la concurrence n’a jamais été aussi forte, que ce soit au niveau européen ou au niveau mondial. Il faut qu’elles puissent se saisir de nouvelles opportunités ou pistes de diversification. Si nos équipes ne suffisent pas, nous les étofferons.

 

Parmi les dernières mesures que la Région prend, il y a aussi une plateforme de mutualisation de ressources pour les entreprises. De quoi s’agit-il ?

Solutions-partage-paysdelaloire.fr est née d’une proposition des entreprises. Certaines ont une chute d’activité importante, comme dans l’aéronautique. Et pourtant, début mars, on avait le taux de chômage le plus faible et certaines peinaient à recruter. Or, former c’est long. Il y a donc la crainte de perdre les compétences… En parallèle, certaines entreprises enregistrent un pic d’activité, mais elles n’ont pas pour autant de visibilité sur la durée de ce pic. D’où l’idée du prêt de salariés.

Puis, au fur et à mesure, on s’est rendu compte qu’il y avait d’autres attentes : en formation, en prêt de matériel, de locaux… Et c’est devenu une plateforme d’entraide, bassin d’emploi par bassin d’emploi, au plus près des territoires pour faciliter le partage.

Dans le même esprit, on a l’idée d’une autre plateforme. Quand on veut se saisir de nouveaux marchés – hydrogène, avion vert – qui sont des enjeux stratégiques pour la région, comment fait-on pour mutualiser les compétences sur un territoire ? On voudrait donc mettre en place une plateforme d’identification des acteurs car on voit bien que les chefs d’entreprise, les pôles de compétitivité ne se connaissent pas. L’objectif de cette plateforme sera de créer des synergies et des relations entre les entreprises.

 


VERS UNE REPRISE EN K ?

Yann Trichard ©IJ

Intervenant à l’occasion du salon Culture Entreprises le 23 octobre au Bignon, le président de la CCI Nantes St-Nazaire a tenté de remobiliser les troupes en appuyant sur les signaux positifs. Yann Trichard estime, en effet, à l’instar de plusieurs économistes, qu’on s’oriente vers une reprise en K, avec 80% des entreprises qui remonteraient la pente et sortiraient de la crise renforcées quand 20% seraient confrontées à une situation critique. « Pour les 20%, il faut trouver des modèles de pivot », a-t-il enjoint, arguant que c’est dans des périodes comme celles que nous vivons que le dirigeant doit être dans une posture d’attaquant, « pour prendre des parts de marchés à ses concurrents. » « Dans une situation complexe, il y a toujours la possibilité d’en tirer un meilleur, a-t-il souligné. Quand on a peur, soit on se recroqueville, soit on attaque. Moi je préfère qu’on soit dans la situation de mordre. Tant pis pour ceux qui se recroquevillent, ils vont laisser la place à ceux qui s’engagent. »

Et de prendre l’exemple de son entreprise, Syd conseil, qui, plutôt que de faire le dos rond, a choisi de recruter des commerciaux pendant le confinement. « J’ai même construit un centre d’appels sortants avec dix personnes pour prospecter, prospecter, prospecter », détaille-t-il, rappelant que, « ce qui fait la différence d’un territoire résilient, c’est sa capacité à s’engager : je continue des choses, je me donne confiance, mais je ne suis pas béat. 

Il y a des problématiques, il faut voir comment on les appréhende et comment on fait en sorte de passer au-dessus ». Et de conclure en évoquant les grands projets qui arrivent : le nouveau centre hospitalier, les EMR et l’hydrogène… avec des filières qui sont en train de se créer, de se développer. « Il y a des marchés à développer et à récupérer ! »

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