Couverture du journal du 28/05/2025 Le nouveau magazine

Experts-comptables, notaires, avocats : des conseils en ordre de bataille

Face au choc économique que génère l’épidémie de covid, notre rédaction a choisi de prendre le pouls de plusieurs secteurs clés. Cette semaine, les métiers du droit et des chiffres témoignent. Experts-comptables débordés, avocats fragilisés, notaires peu sollicités, tous désireux de donner le maximum pour soutenir Les entreprises… ces professions, non épargnées, gardent un optimisme réaliste.

Jean-Paul MÉNAGER, président du conseil régional de l’ordre des experts-comptables, Frédérick DUVERT, président de la chambre des notaires de Loire-Atlantique, Bruno CARRIOU, bâtonnier du barreau de Nantes. © Louis Brunet

Ils assurent les arrières des chefs d’entreprise. Avocats, experts-comptables et notaires vérifient, conseillent, défendent les intérêts de l’entrepreneur. La crise du Covid les touche, bien sûr, à des degrés divers.

Au cœur de la bataille : les experts-comptables, très engagés auprès des dirigeants depuis le premier confinement. Tous ont travaillé intensément pour clôturer les comptes de l’exercice précédent, dont l’échéance, pour ceux de décembre 2019 a été repoussée à fin juin 2020 et au 31 juillet pour ceux de mars. « Le mot d’ordre, c’était de garder le contact avec les clients », soutient l’expert-comptable Lydie Marchais-Renoux du cabinet EFI-Sciences (2 experts-comptables et 27 collaborateurs, 400 clients).

« Dans l’industrie, ils se demandaient quand ils allaient rouvrir, produire à nouveau. Les questions qu’on nous posait dépassaient largement la comptabilité pure », témoigne de son côté Laurent Guilbaud, PDG d’In Extenso. « Nous apportions une sorte d’aide psychologique face à la solitude, surtout pour les secteurs les plus touchés », renchérit Alexandra Brasset-Sabin, expert-comptable associée au cabinet BAC audit conseil (5 associés sur trois sites, 60 collaborateurs, environ 3 000 clients).

« Aujourd’hui, notre credo consiste à rassurer les financeurs avec des prévisionnels et des cotations pas trop dégradées pour que les encours se maintiennent auprès des fournisseurs », explique Jean-Paul Ménager. Chez In Extenso, qui compte 8000 clients, on a créé un dispositif Rebond, un diagnostic gratuit pour leurs clients afin de travailler leur stratégie : « Quelle est ma vision de l’entreprise vis-à-vis de cette crise ? Qui sont mes clients ? Mes RH ? On refait tout ce que balaie un créateur », précise Laurent Guilbaud.

Une des questions centrales est le remboursement du PGE qui devrait démarrer, sauf contre-ordre, au deuxième trimestre 2021 pour les premières à l’avoir contracté. « Certaines entreprises ne l’ont pas utilisé. Il y a des hésitations pour le rembourser ou pas. Ils ont besoin de nous pour trancher », témoigne encore le PDG. Pour Alexandra Brasset-Sabin, « il faut trouver le bon équilibre entre le maintien de la trésorerie et le taux d’endettement soutenable pour maintenir les capacités d’investissement à l’avenir. Le souci principal est la visibilité. Aujourd’hui, faire un prévisionnel sur un ou deux ans n’a pas de sens. Cela dépend des secteurs mais ce serait plutôt sur six mois. La crise nous oblige à repenser les modèles économiques. » Lydie-Marchais Renoux évoque aussi des projets de reprise d’entreprises : « Nous avons des dossiers, mais les demandes sont plus complexes car les banques sont frileuses aujourd’hui à accompagner les repreneurs de fonds de commerce ou les créateurs. »

INÉGAUX FACE AU TRAVAIL À DISTANCE

Quant aux nouvelles modalités de travail, « nous ne sommes pas tous égaux chez les experts-comptables, rapporte Jean-Paul Ménager, également co-gérant du cabinet TGS France. Tous n’ont pas la même facilité à travailler à distance quand d’autres étaient déjà avancés dans la dématérialisation, que ce soit les experts-comptables ou les clients. On a pu voir certains se déplacer pour récupérer des pièces… » Ainsi, son cabinet a enregistré deux à trois semaines de retard pour des questions de réorganisation de clients qui ne savaient plus comment transmettre les documents. « Certaines zones n’avaient pas non plus suffisamment de bande passante au départ, constate encore le président de l’ordre régional. Mais les opérateurs ont réorienté les débits et, globalement, cela s’est bien passé. »

Et d’évoquer également « le management de proximité, une nouveauté pour certains cabinets, avec la création de groupes Whatsapp… Il y a eu presque plus de proximité que lorsqu’on se voit tous les jours. Pour certains, cela a été difficile car il y avait beaucoup de choses à gérer en même temps, les enfants, une charge de travail accrue… On a constaté beaucoup d’implication des équipes. Mais aussi des burn-out à la fin du premier confinement… Certains se sont rendu compte que la centralisation des contacts pouvait être dangereuse. Il y aura forcément des conséquences à l’avenir sur la manière de gérer les cabinets ». Chez In Extenso, Laurent Guilbaud évoque une organisation difficile, avec des cas contacts recensés dans son cabinet (380 personnes en Loire-Atlantique et Vendée) et trois cas positifs avérés. « C’est pénible car c’est parfois un peu long de s’organiser dans ces conditions. Le télétravail avait déjà été mis en place avant le confinement, à raison d’un jour par semaine pour les volontaires. Donc, de ce côté-là, ça s’est bien passé. Nous étions outillés. Aujourd’hui, il y a des demandes pour le généraliser. Certains adorent, d’autres non. C’est en cours de réflexion avec le Comité social et économique de l’entreprise. »

La crise aura des conséquences sur la manière de gérer les cabinets. Jean-Paul MÉNAGER, président du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables (CROEC)

Chez un autre cabinet Exco à Nantes (70 collaborateurs), l’associé Benjamin Poulard témoigne de l’épuisement des effectifs à la rentrée. « Le télétravail a du bon, mais…

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