Saint-Nazaire Cordemais, des territoires industriels d’avenir ! C’est, en tout cas, l’esprit des projets portés ici dans le cadre de l’initiative gouvernementale Territoires d’industrie.
Fin 2020, cette démarche a été à l’origine, en France, de 1 600 projets sur 148 territoires et 500 intercommunalités. Le 22 janvier, Saint-Nazaire a vu, à son tour, son officialisation en présence de Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales.
« Dès que nous avons appris, en 2018, que le gouvernement proposerait aux territoires de s’inscrire dans un dialogue avec le tissu économique pour élaborer des stratégies, nous avons tout de suite saisi l’occasion », contextualise David Samzun, maire de Saint-Nazaire et président de la Carene. Et de préciser : « J’entends parfois des contestations de l’industrie en tant que telle : elle serait source de tous les maux. Pourtant, je suis convaincu que, face aux défis de la transition écologique, l’industrie n’est pas le problème, mais bien la solution », a martelé l’édile, citant notamment le développement de l’éolien en mer ou de l’hydrogène. Évoquant la mémoire de Joël Batteux, maire de Saint-Nazaire pendant plus de trente ans et décédé quelques jours plus tôt, la ministre a abondé en son sens, soulignant que « tous ceux qui se sont battus pour conserver l’industrie ont bien fait de se battre ».
« UN ÉCOSYSTÈME PERFORMANT »
Sous la houlette du binôme élu/industriel formé par Jean-Claude Pelleteur, maire de Pornichet et Bruno Hug de Larauze, PDG du groupe Idea, 31 projets destinés à affirmer l’ambition industrielle du bassin nazairien ont vu le jour. Le fruit d’un travail collaboratif mené par une soixantaine d’acteurs économiques et institutionnels dans le cadre de 38 ateliers. Tous les signataires présents, à commencer par la présidente du Conseil régional, Christelle Morançais, ont d’ailleurs tenu à souligner devant la ministre le rôle du collectif dans l’aboutissement de ces 61 projets, dont 65% ont déjà été lancés. Le dirigeant d’Idea, qui est aussi l’un des plus gros employeurs de la Carene, rappelle ainsi que « pratiquement 2,5 Mds€ ont été investis sur les cinq dernières années entre le public et le privé, sur des enjeux considérables. C’est le signe que ce territoire prend son destin en main. » Pour David Samzun, la concrétisation de la démarche montre aussi que les industriels ont bien compris deux attentes fondamentales de leurs clients : « La compétitivité et le rapport qualité/prix qui engendrent des commandes, mais aussi la prise en compte des impératifs environnementaux qui permettent d’inscrire les projets dans la durée. » Et Bruno Hug de Larauze de résumer : « 30% de l’emploi salarié ici est d’origine industrielle. Si on veut que notre industrie résiste, il faut qu’on aille vite et pour cela il faut passer de l’entreprise performante à un écosystème performant. »
DES PROJETS UTILES AU PLUS GRAND NOMBRE
L’industriel explique les conditions dans lesquelles la démarche s’est inscrite. « Les premiers sujets qui sont sortis correspondaient à des enjeux dans un contexte économique bien différent d’aujourd’hui. »
« Quand on s’est attaqué à ce projet en 2018, toutes les entreprises industrielles de la région cherchaient du personnel, les grandes comme les petites », rappelle de son côté Jean-Claude Pelleteur. Très vite néanmoins, relève Bruno Hug de Larauze, l’équipe projet Territoires d’industrie est passée du « bureau des problèmes » (pour ne pas dire des pleurs…) au ciblage vers des problématiques « solvables ». Puis, « au temps des peut-être, s’est succédé le temps des possibles ». Le groupe de travail a alors choisi de prioriser les projets collaboratifs pouvant être utiles au plus grand nombre. Si, pour l’heure, seuls cinq projets ont été présentés, « les autres sont en gestation », assure Bruno Hug de Larauze.
CINQ PROJETS DÉVOILÉS
- Nouvelles industries créatives et collaboratives de l’ouest (Nicco)
Nicco a l’ambition de travailler étroitement avec les grands donneurs d’ordre du territoire (Chantiers de l’Atlantique et Airbus notamment) afin d’identifier les opportunités de relocalisation de la sous-traitance sur des activités traditionnelles. Il s’agit d’accompagner à la fois la diversification des entreprises du territoire et la création d’entreprises traditionnelles pour recréer de l’emploi industriel sur le territoire. Ce projet, porté par la Carene, est soutenu financièrement par les Chantiers de l’Atlantique, la Région et la Banque des territoires.
- Chantier industriel mutualisé Agora
Porté par des commandes et des marchés à fort potentiel dans les domaines de la construction navale, des énergies marines renouvelables (EMR) ou des nouvelles propulsions, le projet Agora consiste à étudier l’opportunité et la faisabilité de créer une nouvelle capacité industrielle mutualisée XXL sur le domaine portuaire nazairien. L’idée est de capter des marchés inaccessibles par les industriels locaux faute de capacité suffisante (en termes de fonciers, d’outillages, d’ateliers). Ce projet est porté par le réseau d’entreprises industrielles Neopolia.
- École de production industrielle
Cette école est une réponse aux difficultés pour recruter des jeunes et une piste pour permettre à des jeunes en décrochage scolaire d’accéder à une qualification.
Ce modèle permettrait de proposer une formation dans le cadre d’une activité de production de pièces ou de composants à destination d’une chaine de valeur industrielle. Ce projet, porté par la Carene, est soutenu par les industriels du territoire, dont Airbus et la fondation Total.
- Plateforme supply chain industrielle et durable
La logistique, souvent négligée parce qu’elle n’est pas le cœur de métier des industriels est pourtant l’un des leviers les plus porteurs de compétitivité pour les entreprises et les filières industrielles. Ce projet de centre technique est développé par le Pôle achat supply chain Atlantique (Pasca). L’objectif est de faire travailler collectivement acteurs industriels (PMI, ETI, grands groupes), académiques et laboratoires afin de renforcer la R&D, la formation, l’industrialisation et l’animation des acteurs. Des projets ont déjà émergé, à l’instar d’Airport 2020, une solution de suivi de conteneurs en temps réel par drones.
- Trifibre
Le projet agricole Trifibre, porté par une start-up (Wastmeup) vise à produire à l’échelle industrielle des fibres végétales techniques à partir de plantes locales que sont la rouche, le foin des marais et le roseau. La communauté de communes Estuaire et Sillon accompagne le développement de cette filière sur son territoire.