L’urgence environnementale, l’empreinte carbone… vastes sujets qui agitent le monde économique…. Pourtant on en est à la préhistoire. Peu d’entreprises ont encore pris le problème à bras le corps. « Trop de contraintes, trop de temps, trop de remises en question, trop de changements »… Pour rompre avec cette litanie, Ruptur a décidé de jouer les trublions et de faire bouger les lignes par l’exemple. L’association créée en février 2018 par des chefs d’entreprise vendéens, a lancé en juillet 2021 son propre label. Indépendant et gratuit, le label Ruptur est accordé à toutes les structures publiques et privées, existantes ou en création, à but lucratif ou non, qui ont entrepris des projets à impact environnemental, social et sociétal. Objectif : légitimer leur démarche, la faire connaître à leurs pairs, les accompagner pour qu’elle aboutisse concrètement et perdure. Le label donne également accès à un réseau d’investisseurs privés, prêts à s’engager financièrement dans des projets porteurs de sens.
Le Label Ruptur s’appuie sur les 9 fondements de l’économie bleue
Pour obtenir le label, le projet doit répondre à neuf fondements inspirés du concept d’économie bleue : il faut qu’il soit collaboratif, ait un impact environnemental, contribue au bien commun, soit transposable à d’autres, privilégie le local, favorise l’inclusion, soit inspirant pour les jeunes générations et multiculturel et devienne un modèle économique pérenne. Un comité de labellisation réunissant neuf chefs d’entreprises membres de Ruptur a lieu tous les mois. Ils challengent le porteur de projet dans son entreprise pendant une demi journée sur les neuf fondements du label. « Nous n’évaluons ni le produit ni le business model mais la maturité de la démarche et le potentiel de l’entreprise à l’étendre et à en faire son business model », explique Charles Barreau, chef de l’entreprise vendéenne DSO développement et fondateur de l’association. Les lauréats sont ensuite accompagnés par un binôme de chefs d’entreprise qui les aidera «dans l’écoute et la bienveillance » à maintenir leurs engagements dans la durée. Le label est renouvelable tous les ans. Il peut être apposé sur tous les documents de communication de l’entreprise.
Les trois premiers lauréats du label Ruptur
Le premier comité de labellisation a retenu trois projets bleus : Alégina (85), portée par Alexandre Didelon, Dominique Girardeau, Philippe Gaboriau et Thierry Didelon qui transforment la coquille d’huître en ressource minérale pour la fabrication de pâte de céramique ou de dalles et pavés pour le BTP ; Les Réparables (85), portée par Blandine Barré qui prolonge la durée de vie des vêtements en les réparant ; et Waste me up (40), porté par Frédéric Mauny qui transforme les drêches de bière en matière première pour l’alimentation, l’éco-conception, la fabrication en biomatériaux…
Le prochain comité de labellisation est prévu fin septembre.
150 adhérents en Vendée et en Loire-Atlantique
Depuis sa création en février 2018 par quinze chefs d’entreprise vendéens et de Loire-Atlantique dont les groupes Dubreuil, Herige, Keran, Tipco, Catamania ou Caliplast, Ruptur s’emploie à proposer de construire un système économique et social plus vertueux. Le credo de l’association : » Faire des déchets de l’un, les richesses de l’autre, voir l’écologie comme un levier de développement, créer de la valeur en mettant l’Humain au cœur des entreprises, anticiper les métiers de demain et développer son entreprise en pensant aux générations à venir. »
Le réseau diffuse et initie les bonnes pratiques en organisant des « chantiers » concrets avec les membres du réseau. Ils sont aujourd’hui 153 adhérents à participer à cet élan représentant plus de 250 membres actifs : 80% sont des entreprises et 20% des collectivités, des écoles, des étudiants et des particuliers intéressés par ces enjeux économiques et sociétaux. « Il faut que l’acteur économique s’empare du sujet par le management, pour attirer des recrues et fidéliser ses salariés, par l’éco-conception avec de nouveaux matériaux, par la maîtrise des achats en favorisant le réemploi…. Il faut proposer un truc en plus au salarié et une dimension supérieure à l’entreprise », résume Charles Barreau.
Ruptur aide donc les dirigeants à créer des projets faisant appel à des bonnes pratiques, à de nouvelles idées, autant de clés d’entrée pour préparer le futur de l’entreprise et sa pérennité.
Des expériences menées en commun plutôt que de grands discours
Cela passe par des « chantiers » opérationnels menés en commun sur différentes thématiques. Telles que l’élimination des déchets à la source lors d’un chantier de construction, la massification de la collecte du polystyrène entre entreprises et sa valorisation locale, la mise en place d’un marché bio et local inter-entreprises ou la valorisation locale des masques jetables.
Parmi les chantiers engagés en 2020, le groupe Duret immobilier s’est prêté à une expérience pilote avec un objectif zéro déchet sur un chantier de construction. Les bennes de déchets DIB (déchets industriels banaux) ont été supprimées nécessitant que chaque corps de métier trie et valorise ses propres déchets (palettes et plastiques d’emballage). Les briques broyées ont été réutilisées pour réaliser l’aménagement paysager et les maquettes du calepinage des cloisons ont été réalisées en maquette numérique au préalable pour limiter les pertes de matière.
Au total, en 2020, 10 chantiers ont abouti sur des thèmes aussi divers que le BTP, la mobilité, les achats, l’alimentation durable, la triple comptabilité… impliquant 42 entreprises. Et bien d’autres actions sont en cours. « Malheureusement Ruptur a un avenir radieux car il y a du boulot », témoigne Charles Barreau. Pour étendre son action, le président de l’association envisage d’étendre son réseau en 2021 d’abord sur les Pays de la Loire puis au national.