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Premier e-garage de France : « Un démarrage exceptionnel »

Premier garage de France dédié aux véhicules électriques et hybrides rechargeables, Révolte est pris d’assaut depuis son ouverture mi-octobre à Carquefou. Une centaine de propriétaires sont ainsi en attente d’entretien ou de réparation. Le point avec Alexis Marcadet, cofondateur de l’entreprise, dont l’objectif est de dupliquer ce modèle à l’échelle nationale, voire européenne.

Alexis Marcadet Révolte garage électrique voiture

Alexis Marcadet, cofondateur de Revolte. © IJ

Pourquoi avoir ouvert le premier e-garage de France dans l’agglomération nantaise en octobre dernier ?

Parce qu’il y avait de nombreux indicateurs au vert sur le territoire : des zones à faibles émissions (1) seront mises en place dans la métropole à compter de 2025 ; il y a également une mairie engagée sur le plan environnemental et une population sensible à cette thématique ; le foncier est maîtrisé, c’est-à-dire que les habitants ont une capacité de recharger leur véhicule électrique dans leur jardin plus importante que dans d’autres villes ; et il y a enfin eu des ventes de véhicules électriques plus importantes qu’ailleurs.

De quel constat est né Révolte ?

Le tout début de Révolte, c’était en octobre dernier. À l’origine, il y a Raphäel Daguet, le créatif, Lucas Mesquita, le financier, et moi, sur toute la partie marketing. Notre idée de départ était de faire du rétrofit, qui consiste à convertir des véhicules thermiques en électriques. On avait donc constitué une équipe dans ce sens.

Mais après avoir échangé avec des clients, des garagistes et des experts du domaine, on a découvert que le service après-vente était très en retard sur les véhicules électriques, voire inexistant. Le sentiment global des pionniers de l’électrique, c’est-à-dire les automobilistes ayant acquis un véhicule avant 2015, était l’abandon. Ils n’avaient personne vers qui se tourner pour faire réparer leur véhicule et de nombreuses voitures électriques étaient inutilisables alors qu’elles n’avaient pas dix ans.

On s’est alors dit qu’on aurait plus d’impact en allongeant la durée de vie des voitures électriques dans la réparation que dans la conversion. Dans le même temps, nous avons réalisé que c’était très compliqué pour un garage traditionnel de devenir un garage électrique et que ce n’était parfois tout simplement pas leur souhait. Ces différentes raisons nous ont poussés, avec les deux autres cofondateurs de Révolte, à abandonner le projet de rétrofit pour pivoter sur de la réparation et de l’entretien de véhicules électriques et hybrides rechargeables.

Comment a démarré l’activité à Carquefou ?

Quand on a ouvert le garage de Carquefou, la presse a parlé de nous et le bouche à oreille a vite fonctionné. À tel point qu’on a très vite été pleins. Aujourd’hui, nous avons une centaine de clients qui sont en attente d’entretien ou de réparation et on continue de recevoir une quarantaine de demandes chaque semaine. Le tout sans avoir fait de publicité. On peut donc parler d’un démarrage exceptionnel.

Quelles prestations proposez-vous et à qui s’adressent-elles ?

On propose de l’entretien, du diagnostic et de la réparation de véhicules électriques et hybrides rechargeables. Ça s’adresse en priorité aux personnes du secteur pour l’entretien, mais plus largement à tous les Français pour la réparation et le diagnostic. On a notamment des équipes mobiles qui effectuent des tournées dans les quatre coins de la France pour réaliser des diagnostics. Si on peut, on répare sur place. Sinon, on rapatrie la voiture dans notre atelier pour la réparer. La Tesla qui est là sur le pont vient par exemple de Suisse, la DS5 du sud de la France…

Pour les réparations, les clients qui viennent nous voir ont en général déjà consulté deux ou trois autres garages avant. On est donc souvent le dernier recours de ces automobilistes et on traite globalement des pannes complexes et rares.

Enfin, on travaille également un petit peu sur les deux roues électriques puisqu’on est partenaires de la concession Electroad (Haute-Goulaine), pour qui on assure certaines réparations techniques.

Atelier Révolte Nantes garage voiture électrique

L’atelier de Révolte. © DR

Qu’est-ce qui change chez Révolte par rapport à un garage traditionnel ?

D’abord l’organisation interne, car il faut avoir la place de consigner tous les véhicules au sein de l’atelier. La consignation est une procédure classique de sécurité pour les véhicules électriques, qui consiste à protéger une voiture du risque d’électrification. Pour dire qu’elle est consignée, un périmètre de sécurité est mis en place autour du véhicule via un balisage.

La seconde différence, c’est l’existence d’un laboratoire, le Lab Watt. C’est l’endroit où l’on effectue les travaux sous tension sur les batteries.

Le troisième point de différenciation, c’est l’accueil du garage. L’idée, c’est de proposer à nos clients un endroit chaleureux et engagé, où l’on va échanger sur des sujets en lien avec la mobilité et la transition. C’est avec cet objectif que l’on a créé le club Révolte, une association ayant pour ambition de lutter contre l’obsolescence programmée dans l’automobile et qui est hébergée au sein du garage.

Comment ça se passe en termes de recrutement sachant qu’il n‘existe à l’heure actuelle aucune formation en mécanique électrique ?

Comme il n’y a effectivement aucune formation diplômante efficace sur la mécanique électrique, nous n’avons pas eu d’autre choix que de créer notre propre académie en interne, la “Révolte Académie“. Il s’agit d’un centre de formation où nous avons développé des outils en interne pour permettre à ceux qui nous rejoignent de monter en compétences progressivement et d’être capables de réaliser du diagnostic le plus rapidement possible. Et dans un deuxième temps d’assurer les réparations.

Quels genres de profils attirez-vous ?

Au départ, on imaginait qu’on attirerait trois types de profils : le petit jeune fraîchement sorti de l’école, le mécanicien qui avait déjà un peu de bouteille, et le senior prêt à se reconvertir. En réalité, sur les mécanos que l’on recrute ces prochains mois, on est plutôt sur des profils plus seniors, soit électroniciens soit mécaniciens, avec une appétence pour l’autre thématique. Une promo de quatre personnes démarre en début d’année à l’Académie Révolte et nous espérons en recruter une deuxième avant le mois de juin. Nous prévoyons de recruter une dizaine de e-mécaniciens courant 2023 pour faire grossir les rangs de l’académie.

Quelles sont les pannes sur lesquelles vos mécaniciens interviennent le plus souvent ?

La perte d’autonomie, l’impossibilité de recharger ou les pannes mécaniques plus classiques. Dans les deux premiers cas, la batterie ou le chargeur interne sont directement concernés. Si ces pièces ne sont plus sous garantie, les constructeurs ont tendance à vouloir remplacer l’ensemble du bloc plutôt que seulement les composants défaillants. En général, les montants des devis sont tels que cela dissuade les propriétaires d’effectuer les réparations et c’est en cherchant une alternative qu’ils finissent chez nous.

Un véhicule électrique est-il plus cher à entretenir qu’un thermique ?

Il est encore tôt pour répondre à cette question car la grande majorité des véhicules électriques n’ont que quelques années. Ce qu’on constate dans les faits, c’est que l’entretien d’un véhicule électrique coûte moins cher. Il y a moins de pièces à changer, pas de vidange à prévoir, et globalement les réparations arrivent moins souvent que sur un véhicule thermique. En revanche, quand un problème survient, les réparations sur de l’électrique restent pour l’instant plus chères que sur un véhicule thermique. C’est pourquoi notre stratégie est d’aller sur le plus petit composant à remplacer pour diminuer autant que possible les devis et ainsi prolonger la vie des véhicules.

Quelle est l’ambition de Révolte ?

On est convaincus chez Révolte que les voitures électriques et hybrides ont dans leur ADN la capacité de durer beaucoup plus longtemps que les thermiques. Et on veut s’appuyer sur notre atelier de Carquefou pour le prouver dans les faits. Nous souhaitons essaimer rapidement dans d’autres régions pour devenir le partenaire de confiance des Français dans la pérennité programmée automobile. Et dans un deuxième temps des européens.

 

(1) Les zones à faibles émissions (ZFE) sont des zones urbaines dont l’accès est réservé aux véhicules les moins polluants.

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