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Pourquoi la robotique est un levier de la réindustrialisation

"Réindustrialiser la France : nos enjeux, nos forces et la stratégie avec France 2030" : tel était le thème de la conférence d’ouverture de la journée Full Robotics, organisée par Proxinnov , le 4 avril, à La Roche-sur-Yon. Catherine Simon, conseillère numérique industrielle auprès de la Première ministre, en était le grand témoin. Elle revient sur les ambitions de ce programme d’innovation et sur sa stratégie robotique pour une réindustrialisation compétitive et durable.

Catherine Simon conseillère numérique industrielle

Catherine Simon, conseillère numérique industrielle, spécialisée dans l’électronique, la robotique et le machines intelligentes au sein du SGPI. ©IJ

Quel est la vocation de France 2030 ?

Le programme France 2030 traduit une double ambition. La première : transformer des secteurs clés de notre économie (énergie, automobile, aéronautique ou encore espace) par l’innovation technologique. La seconde : positionner la France en leader du monde de demain. De la recherche fondamentale à l’émergence d’une idée, jusqu’à la production d’un produit ou service nouveau, ce programme soutient tous les cycles de l’innovation jusqu’à son industrialisation. En tout, 54 Mds€ sont investis dans les entreprises, les universités et les organismes de recherche. 50 % de ces dépenses sont consacrées à la décarbonation de l’économie et 50 % à des acteurs émergents porteurs d’innovation. Le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI)[2] pilote ce programme pour le compte de la Première ministre. L’Ademe, l’Agence nationale de la recherche, Bpifrance et la Caisse des dépôts et consignations en sont les opérateurs.

En matière d’innovation, quelles sont les forces et faiblesses de notre industrie ?

S’il est facile de savoir ce que font nos grandes entreprises et nos start-up industrielles, nous devons apprendre à mieux connaître notre tissu de TPE-PME-PMI, leurs besoins et leurs problématiques. Souvent, elles n’ont pas les capacités d’investissement suffisantes et les ressources humaines nécessaires pour innover.

Or, ce sont ces sous-traitants, ces intégrateurs, ces assembleurs, ces équipementiers, qui vont venir soutenir la start-up ou l’entreprise innovante dans le développement de son nouveau produit en réalisant son prototype, sa première petite série, en l’aidant à intégrer sa nouvelle brique technologique dans un processus industriel.

Pourquoi la robotique est-elle un atout pour la réindustrialisation ?

La France est en retard sur ses voisins européens quant à la modernisation de ses industries par la robotique (automatisation) et les machines intelligentes. En termes de densité robotique, notre pays figure à la 9e place européenne avec 194 robots pour 10 000 salariés, derrière l’Italie (224/10 000) et l’Allemagne (371/10 000)[3]. Or, il s’agit d’un enjeu de performance industrielle. La robotique et les machines intelligentes peuvent rendre nos industries plus compétitives, améliorer la qualité des produits, baisser la pénibilité et ainsi renforcer leur attractivité.

Quels sont les axes de la stratégie robotique et machines intelligentes France 2030 ?

Le premier volet porte sur la transformation de nos industries. Objectif : avoir un outil de production compétitif, durable et souverain et qui génère des emplois sur le long terme. Autrement dit, il s’agit d’améliorer le compétitivité de nos industries pour les maintenir sur le territoire et éviter leur délocalisation.
La réindustrialisation par la rupture est le second axe de cette stratégie. L’idée est de refabriquer en France des productions que nous avions délocalisées pour des questions de coûts, de performance et de compétitivité. Comme le textile, la chaussure ou les vélos électriques. Pour que cela fonctionne, il faut réindustrialiser autrement et rompre avec les procédés et modèles habituels. Il faut privilégier des systèmes plus vertueux comme l’économie circulaire ou l’économie de la fonctionnalité[4] qui favorisent le réemploi et le recyclage, prolongent la durée de vie des produits et matières premières, tout en permettant à l’industriel de rester compétitif. Une technologie comme l’impression 3D peut y contribuer. La fabrication additive change en effet les procédés de fabrication et la chaîne d’approvisionnement. Elle permet d’utiliser moins de matières grâce à des assemblages différents, et de produire des pièces à la demande, à partir d’un fichier numérique et d’une imprimante 3D, ce qui diminue le stock de pièces de rechange et fait baisser le coût de revient. Dans une économie de la fonctionnalité, le fabricant veillera à ce que le matériel qui lui appartient dure le plus longtemps possible grâce à un fort indice de réparabilité ou en réemployant la matière première. Lors du premier cycle d’utilisation, le prix de revient ne sera pas forcément performant. Mais plus le produit sera réutilisé, plus l’industriel margera et restera compétitif, tout en fabriquant en France.
La néo-industrialisation est le troisième et dernier volet de cette stratégie. Cette fois-ci, il s’agit de créer des filières sur des marchés robotiques émergents et à haute valeur ajoutée dans des domaines où il y a déjà une dynamique avérée et des forces pour aller briguer le leadership européen, voire mondial.

Quels sont les prochains appels à projets ?

Le premier concerne la « Transformation des sites industriels en pionnier de l’industrie 5.0 ». Il s’agit de transformer les industries avec un équipement vieillissant en usines exemplaires, compétitives et performantes sur le plan technologique et répondant aux enjeux écologiques.
Le second appel à projet s’intitule « Défi transfert robotique » et s’inscrit dans une logique de réindustrialisation. L’idée ? Prendre des briques technologiques d’excellence issues de la recherche et des start-up quand elles sont à peine au stade du prototype pour les amener jusqu’à leur première exploitation industrielle. Le troisième et dernier appel à projet porte sur les robots d’excellence dans des secteurs où nous avons déjà des forces comme la logistique, le médical et la santé.

 

 

[1] Plateforme régionale de robotique industrielle.

[2] Service interministériel.

[3] Source : International Federation of Robotics, 2021.

[4] L’économie de la fonctionnalité consiste à vendre l’usage et la fonction d’un produit. Par exemple : louer un vélo au lieu de l’acheter.

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