Xavier, pouvez-vous nous raconter comment, en tant que salarié de l’agence nantaise Forma6, vous avez eu l’idée de reprendre une branche de cette société pour créer Super8 ?
Xavier Glémarec. L’idée vient surtout des associés fondateurs de Forma6, agence d’architecture à Nantes, de céder leur agence à leurs salariés. Forma6 a été créé il y a trente-cinq ans par six camarades de promo qui s’associent pour monter une agence d’architecture. Quelques années plus tard, il y a deux pôles, un pôle urbanisme et un pôle architecture. Ça représente à peu près trente-cinq salariés.
C’est un navire qui semble un petit peu gros pour les potentiels repreneurs. Et donc, assez naturellement, autour des deux compétences de l’agence, s’est forgée l’idée de faire deux groupes de repreneurs. Un premier groupe va reprendre la partie archi de Forma6 en gardant le nom, et un second groupe qui va reprendre l’activité urbanisme et paysage.
J’étais salarié du pôle urbanisme et paysage. Et naturellement, une fois l’idée de la reprise acquise par un pôle de collaborateurs historiques, l’idée d’ouvrir cette opportunité à l’ensemble des salariés s’est naturellement imposée.
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Yannick, en tant qu’expert-comptable, comment avez-vous accompagné Xavier et ses associés dans cette reprise un peu particulière ?
Yannick Drapeau. Alors, l’accompagnement s’est déroulé sur plusieurs mois avec nos équipes spécialisées dans la reprise d’entreprise, notamment des juristes et des conseillers en reprise d’entreprise. Dans un premier temps, on a dû étudier la valorisation de la branche d’activité, le prix d’achat. À quel point cette activité pouvait être finançable. Nous avons eu des échanges réguliers avec les cédants pour définir un prix de vente.
Ensuite, une fois le prix de vente déterminé, on a réalisé l’étude prévisionnelle et le dossier qui va être remis notamment aux financeurs, aux banques. Cette phase comprend une partie financière et une partie juridique. Concernant la partie financière, on détermine avec les repreneurs le niveau de chiffre d’affaires qu’ils comptent faire demain, quel va être leur niveau d’apport, combien nous allons demander aux banques.
La force qu’il y avait dans ce projet-là, c’est qu’ils travaillaient déjà dans l’entreprise et donc maîtrisaient notamment la partie commerciale et clientèle, ce qui rassure énormément les banques. Le fait de savoir qu’il va y avoir une continuité dans le chiffre d’affaires, dans l’activité, permet de croire à la réussite du projet.
D’autres sujets vont être la protection sociale, par exemple. Je passe de salarié à dirigeant. Qu’est-ce qui se passe demain ? J’ai plus ma couverture pour l’emploi. Comment ça va se passer ? Notre rôle est surtout pédagogique, c’est d’expliquer afin que la décision qu’ils prennent, ils la prennent en connaissance de cause.
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Justement, Yannick, quelles sont les spécificités financières et juridiques d’une reprise comme celle-ci par rapport à une reprise plus classique ?
Yannick Drapeau. Parfois, lorsque des salariés reprennent une entreprise, ils décident de créer une Scop. Ici, ça a été vite mis de côté pour des raisons de mode de fonctionnement qui ne collaient pas avec le projet des associés. Ce qui fait qu’on est parti sur une structure juridique assez classique, on a créé une SAS qui a racheté une branche d’activité.
Sur l’aspect financier, le point qui était important, c’est que le socle qui était décidé au départ, c’était une répartition égalitaire du capital. Dans ce cas-là, on s’aligne sur le plus bas, sur celui qui peut apporter le moins, pour que cette répartition soit égalitaire. À partir de là, on a déterminé les apports des associés, et donc par différence, la demande de financement que l’on allait demander, notamment aux banques et à la BPI, qui réalise des prêts d’honneur auprès des repreneurs…