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PGE : 24 dossiers de restructuration en Pays de la Loire

Un colloque sur le thème “Les entreprises au cœur de la relance“ se tenait le 16 juin dernier à la CCI de Nantes. Parmi les tables rondes qui ont rythmé la matinée, IJ a suivi celle consacrée à la restructuration des prêts garantis par l’État (PGE) ainsi qu’aux nouveaux leviers de financement des entreprises.

Simone Kamycki

La directrice régionale de la Banque de France, Simone Kamycki (au micro à gauche), a débuté son intervention en dévoilant les derniers chiffres clés des prêts garantis par l’État. © IJ

Proposée par l’Association pour le retournement des entreprises¹ et animée par Céline Domenget-Morin, avocate parisienne en restructuring chez Goodwin, la table ronde sur la restructuration des PGE et les nouveaux leviers de financement des entreprises a fait le plein. Simone Kamycki, directrice régionale de la Banque de France a commencé par dévoiler les dernières statistiques en la matière : « En volumétrie, les PGE ont représenté à l’échelle nationale entre 143 et 145 Mds€ pour 795 000 prêts octroyés. Les entreprises qui en ont bénéficié sont à 75 % des TPE et PME. Au niveau des Pays de la Loire, ce sont 6 Mds€ qui ont été versés pour 35 000 PGE octroyés, avec un taux de TPE/PME bénéficiaires un peu plus important, de l’ordre de 85 %. »

La directrice régionale de la Banque de France s’est ensuite attardée sur les remboursements : « Globalement, sur l’ensemble des prêts octroyés, les entreprises ont en grande majorité choisi de rembourser sur la durée maximale possible, c’est-à-dire six ans. Au niveau français, 59 % des PGE seront remboursés à échéance et dans les Pays de la Loire, ce chiffre est de 50 % (80 % en Bretagne). D‘ailleurs, d’après les derniers chiffres relatifs aux PGE datant de fin février, 36 % des montants octroyés ont déjà été remboursés. »

Pertes liées aux PGE : 5 % des montants octroyés

Concernant les problèmes de remboursement, « très peu de dossiers rencontrent des difficultés de paiement et arrivent chez nous en médiation pour prolonger leur durée de remboursement, a poursuivi Simone Kamycki. En France, 830 dossiers sont concernés, dont 24 en Pays de la Loire. Sur ces 830 dossiers, 460 étaient de plus de 50 k€. Les PGE ayant largement bénéficié aux TPE et PME, on se retrouve avec une majorité de petits dossiers qui arrivent en restructuration, analyse la directrice régionale. On estime ainsi les pertes liées aux PGE de l’ordre de 5 % des montants octroyés. »

Cécile Semah, directrice affaires spéciales chez LCL, a ensuite livré le point de vue du banquier : « Créé en urgence, le PGE ne concernait pas au départ les entreprises en difficulté. Mais la crise durant, le texte leur a été élargi. Nous avons donc été amenés à consentir des PGE à des structures qui avaient des niveaux de dette déjà significatifs. Aujourd’hui, il y a deux profils d’entreprises qui souhaitent restructurer leur PGE : celles à qui on a donné des fonds à un moment où ça allait bien pour elles, et celles qui en ont bénéficié un peu plus récemment (2021 voire courant 2022) et dont on savait que ça serait compliqué à rembourser, y compris au moment de l’octroi. »

Automobile, aéronautique, bâtiment, transport et voyage concernés

Le commissaire aux restructurations et prévention des difficultés des entreprises Thierry Cormier a embrayé sur les secteurs particulièrement concernés par ces difficultés : « Pendant la période Covid, l’automobile et l’aéronautique ont subi un sérieux coup de frein. Les entreprises du secteur du voyage, du bâtiment et du transport n’ont pas non plus été épargnées. C’est également le cas des start-up pour qui les choses se compliquent lorsqu’elles souhaitent effectuer leur troisième levée de fonds. À noter qu’aujourd’hui, on voit également arriver beaucoup de dossiers sur le secteur agroalimentaire en Bretagne. C’est moins le cas dans les Pays de la Loire. »

« Le dirigeant doit sortir du déni »

Au chapitre des nouveaux leviers de financement, Julie Gadois, directrice de participation du fonds Pays de la Loire Croissance chez Siparex, qui vise à intervenir en capital pour renforcer les fonds propres des entreprises en situation complexe, a expliqué « s’intéresser particulièrement aux PME, voire aux ETI, qui réalisent au moins 8 M€ de CA. On ne s’adresse pas forcément aux entreprises en perte mais plutôt à celles dont les marchés sont particulièrement chahutés et offrent peu de visibilité ou celles dont les niveaux de marge sont dégradés. D’où la nécessité pour le dirigeant de sortir du déni, d’anticiper et ne pas attendre que le mur de la dette lui tombe dessus. Car parfois, quand on fait appel à nous, il est déjà trop tard. »

Avocat associé chez PwC France, Xavier Bertrand a conclu cette table ronde en évoquant d’autres nouveaux outils de financement : « Le premier est un levier interne qui vise l’optimisation opérationnelle du besoin en fonds de roulement (BFR). D’où l’importance d’accélérer la facturation, le recouvrement du compte client et le travail sur le règlement fournisseurs. Ensuite, sur les actifs, la fiducie apparaît comme un outil efficace pour sortir l’actif du patrimoine et mieux résister en cas de procédure collective. Le crowdfunding apparaît également comme un levier intéressant pour le financement des start-up ainsi que dans les activités de promotion immobilière. Enfin, le “prêt participatif relance“, qui est un financement à moyen terme, sur huit ans, est un outil destiné aux PME et ETI dans le cadre du dispositif “France Relance“. Ce prêt est peut-être aujourd’hui moins sollicité qu’il ne devrait pour deux raisons : la prolongation des PGE d’une part, et l’utilisation des PGE résilience² d’autre part. »

 

 

1. L’Association pour le retournement des entreprises (ARE) a pour vocation de regrouper l’ensemble des professionnels (avocats, experts-comptables, conseils, banquiers, fonds d’investissement…) impliqués de façon régulière dans les opérations de retournement, refinancement ou restructuration des entreprises.

2. Le PGE résilience est ouvert aux entreprises ayant un besoin significatif de trésorerie en raison des conséquences économiques du conflit en Ukraine. Ce dispositif s’applique jusqu’au 31 décembre 2023.

 

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