Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

L’activité ligérienne 2022 meilleure que prévue

Lors de sa "Matinale de l’Éco" le 9 février dernier, dans les locaux de la CCI Nantes St-Nazaire, la Banque de France est revenue sur une année 2022 à la croissance meilleure qu’attendue, avant une année 2023 qu’elle espère sous le signe de la « résilience ».

Simone Kamycki Banque de France

Pour Simone Kamycki, nouvelle directrice régionale de la Banque de France, la résilience est attendue pour 2023. © Banque de France

Malgré un contexte global difficile, entre résurgence de l’épidémie de Covid et début de la guerre en Ukraine, la région Pays de la Loire a signé une année 2022 meilleure qu’attendue. Ainsi, pour les trois secteurs qu’examine la Banque de France (industrie, services marchands, construction), une croissance des chiffres d’affaires plus importante qu’annoncée est observée. Elle est particulièrement notable pour les services marchands, avec +20,1 % contre +9,1 % attendus, et l’industrie (+11,1 % contre +5,3 %). La construction progresse plus modestement, portée surtout par les travaux publics.

De son côté, le taux de chômage ligérien reste en-deçà de la moyenne nationale, avec au troisième trimestre 2022 6,1 % contre 7,3 % pour l’Hexagone. Les crédits mobilisés par les entreprises sont quant à eux « restés abondants, supérieurs au niveau national, quel que soit la taille des entreprises, affirme Florent Ligeron, responsable des affaires régionales à la Banque de France Pays de la Loire. On notera toutefois une inflexion et le début d’un resserrement en toute fin d’année 2022. »

Autre indicateur digne d’intérêt : celle des défaillances. En chiffres bruts, elles ont augmenté en 2022 par rapport à 2021, « mais leur nombre s’est normalisé, sans toutefois atteindre les niveaux de pré-crise Covid ». À noter que les créations en 2022 ont continué de croître : plus de 47 000 nouvelles entreprises, soit +1,8 % par rapport à 2021.

La Banque de France a également évalué l’impact de la situation énergétique sur l’activité, avec une enquête menée du 20 décembre 2022 au 5 janvier 2023. « Tous secteurs confondus, on constate un « impact quasi-stable à horizon trois mois, voire un peu moins d’inquiétude », selon Florent Ligeron.

Approvisionnement et recrutement ont plombé 2022

Du côté des difficultés, elles ont été en 2022 principalement de deux ordres. L’approvisionnement d’une part : « La région a été plus marquée qu’au niveau national », souligne Florent Ligeron. Un niveau de difficulté particulièrement visible dans l’industrie, même si « les choses se sont nettement améliorées, avec une tendance baissière qui s’est amorcée à mi-année ». Deuxième difficulté, celle du recrutement, « très marquée sur les trois premiers trimestres, même si on constate une tendance encourageante, explique Florent Ligeron. Certaines entreprises nous confient que les nouvelles stratégies RH de recrutement commencent à porter leurs fruits. »

Ainsi, malgré tout, le bilan de 2022 reste celui « d’une activité beaucoup plus réjouissante qu’elle n’était prévue », a résumé Simone Kamycki, la nouvelle directrice régionale de la Banque de France Pays de la Loire. Une bonne dynamique qui devrait se maintenir cette année : les chefs d’entreprises interrogés par la Banque de France anticipent en effet une nouvelle croissance d’activité, sauf dans la construction.

Devant cette situation encourageante, Simone Kamycki a insisté sur la « résilience attendue en 2023 », à l’image notamment des investissements qui perdurent et « qui sont assez marqués, en grande partie influencés par les besoins générés par le choc énergétique et d’innovation. »

La directrice a aussi annoncé ce que serait le défi de 2023 : « Le recrutement, qui va nécessiter une évolution dans notre vision en termes d’attractivité et de fidélisation », avant de mettre en garde, côté salaires, sur un possible impact sur l’inflation : « On vit en ce moment une pression entre salariés qui veulent une augmentation et une économie qu’il ne faut pas mettre en surchauffe. »

L’optimisme de mise en Loire-Atlantique

La CCI Nantes St-Nazaire a elle aussi restitué les résultats de son enquête de conjoncture menée en janvier auprès de plus de 1 000 entreprises de Loire-Atlantique. Ces dernières ont enregistré en 2022 une hausse de leur activité, avec 73 % d’entre elles qui déclarent un chiffre d’affaires stable ou en augmentation par rapport à 2021. Ce sont les secteurs de l’industrie, du commerce de gros, les CHR et les services aux entreprises qui sont les mieux lotis.

Au chapitre recrutement, en 2022, 68 % des entreprises ont maintenu leurs effectifs par rapport à 2021, voire les ont augmentés (19 %). Secteurs concernés par ces hausses : le commerce de gros, les activités industrielles, le BTP et les services aux entreprises.

Côté perspectives, 42 % des répondants pensent stabiliser leur chiffre d’affaires dans les trois prochains mois, et 23 % pensent l’augmenter. Néanmoins, la part des entreprises qui anticipent une baisse de leur CA s’accroît, passant de 30 % à l’été 2022 à 35 % en janvier. Par secteur, ce sont les services aux entreprises, le commerce et les services aux particuliers qui sont les plus optimistes sur leur CA, à l’inverse des professionnels du CHR et du commerce de gros. Les carnets de commande sont maintenus voire étoffés pour 62 % des entreprises et en matière d’investissement, selon la CCI, 44 % des entreprises de Loire-Atlantique prévoient de les ralentir en 2023, alors qu’elles n’étaient que 34 % en 2022. Parmi les investissements de celles qui pensent les maintenir ou les augmenter, arrive d’abord le renouvellement d’équipement ou de matériel, suivi par le marketing/commercial, le développement commercial, et en quatrième position, nouveauté observée par la CCI, les investissements en faveur de l’environnement et de la transition écologique, qui gagnent des places.

Les chefs d’entreprises de Loire-Atlantique prévoient enfin de stabiliser leurs effectifs pour les trois prochains mois. Une entreprise sur dix compte les augmenter, la même proportion envisageant de les diminuer. Point de vigilance côté trésorerie : le nombre d’entreprises déclarant une situation difficile est en hausse par rapport à l’année de référence 2019, passant de 32 % à 43 % aujourd’hui, la restauration souffrant particulièrement.

Enfin, même si les dirigeants de Loire-Atlantique anticipent une stabilisation de leur activité, la CCI note qu’ils demeurent optimistes et que leur niveau de confiance reste élevé, l’indice s’établissant à 6,6 (sur une échelle de 1 à 10), en progression de 0,1 point par rapport à l’été dernier.

Gildas Pasquet

Vendée : un climat des affaires « globalement satisfaisant, mais… »

CCI Vendée Thierry Liégeon UIMV Hélène Bourcier FFB Vendée Alain Dombek Uka

De gauche à droite, Thierry Liégeon, président de l’UIMV, Hélène Bourcier, présidente de la FFB Vendée, Alain Dombek, co-président de l’Uka, la Fédération vendéenne des unions commerciales et artisanales. ©IJ

La CCI Vendée de son côté, a dévoilé le 10 février, sa dernière enquête de conjoncture à laquelle 678 entreprises ont répondu. Principal enseignement : au quatrième trimestre 2022, l’activité se maintient mais le ralentissement se confirme. 67 % des entreprises indiquent avoir enregistré un chiffre d’affaires stable ou en hausse, contre 72 % pour la même période en 2021. L’industrie et le BTP restent dans une belle dynamique. « L’année 2022 a été relativement bonne », souligne Thierry Liégeon, président de l’UIMV (syndicat professionnel de métallurgie de Vendée) qui évoque un très bon dernier trimestre. « Dans nos entreprises, les stocks ont été à un niveau très haut en fin d’année. Mais aujourd’hui, nous constatons un tassement des commandes. Il semble qu’il y ait eu une forte anticipation des clients en prévision des nouvelles hausses. » Par ailleurs le secteur peine toujours à recruter, avec même une recrudescence des démissions ces six derniers mois « en hausse de 50 % par rapport à la même période en 2021 ».

Hélène Bourcier, la présidente de la Fédération du bâtiment et des travaux publics de la Vendée évoque, elle, une rentabilité moins importante que prévue pour les entreprises du BTP en 2022. « Après le Covid, nous avons eu de bons carnets de commande, mais les devis n’avaient pas anticipé la hausse des prix des matériaux, ou encore celle des salaires ». Pour la représentante des entreprises du bâtiment, les points de vigilance concernent la construction de logements neufs qui marque le pas en raison de la hausse des taux d’intérêt ou encore de la raréfaction du foncier. « En revanche, la rénovation se porte bien, grâce aux aides à la rénovation énergétique. » Quant aux recrutements, ils devraient être moins importants en 2023 : « Les chefs d’entreprises sont plutôt dans une position prudente en raison du manque de visibilité. »

L’inquiétude est beaucoup plus marquée pour le commerce et les services aux particuliers. 44 % des entreprises déclarent avoir enregistré une diminution de leur chiffre d’affaires au dernier trimestre, contre 41 % en octobre. 50 % des commerçants signalent même un chiffre d’affaires en baisse, pour la première semaine de soldes, par rapport à la même période en 2022. Outre la hausse des coûts de l’énergie et des prix fournisseurs, les professionnels du secteur subissent aussi la baisse du pouvoir d’achat des ménages. Autre facteur à prendre en compte, « les changements de modes de consommation issus de la crise sanitaire », estime Alain Dombek, co-président de l’Uka, la Fédération vendéenne des unions commerciales et artisanales. « Les commerçants vont devoir s’adapter », conclut-il, en réclamant une concertation concernant la réglementation des périodes de promotions.

Alexandrine Douet

 

 

 

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