Les patrons, d’ordinaire discrets, commencent à faire entendre leurs voix pour soutenir des employés qui se retrouvent sans-papiers. Dans un contexte où certains métiers manquent cruellement de main-d’œuvre, ces difficultés administratives freinent le fonctionnement de leurs entreprises.
Il y a eu, à Besançon, Stéphane Ravacley, ce boulanger en grève de la faim en janvier pour soutenir son apprenti Laye Traoré. L’histoire, très médiatisée, et qui s’est bien terminée, a donné des idées. Ainsi, plus près de chez nous, à Sainte-Luce-sur-Loire, Arnaud Christophe, dirigeant de l’entreprise de charpenterie et menuiserie Christophe SARL (17 employés dont 5 apprentis) a contribué à lancer une pétition, début février, pour mobiliser autour de son apprenti Bangaly Soumah. Ce jeune Guinéen, arrivé en France en tant que mineur isolé, s’est retrouvé du jour au lendemain sans-papiers, avec l’obligation de quitter le territoire lors de sa majorité. Malgré son contrat d’apprentissage, validé par la Direccte, et une formation auprès des Compagnons du devoir à Angers. Une aberration pour Arnaud Christophe. « J’ai pris Bangaly parce que c’est un bon jeune, ponctuel, souriant, toujours motivé. Après un stage d’un mois pour le tester, j’avais décidé de lui apprendre le métier. » Des efforts qui ont bien failli être mis à mal par cette menace d’expulsion. « On s’est mis dans une position un peu illégale, reconnaît Jolenta Christophe, la femme du chef d’entreprise qui s’occupe de la gestion administrative. Il a continué à travailler chez nous et de suivre ses cours ». Une situation compliquée pour les entrepreneurs, à se demander ce qu’il se passerait en ca…