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La « Convention des entreprises pour le climat » recrute des dirigeants

Après la Convention 21, voici une nouvelle initiative à destination des chefs d’entreprise et en faveur de la transition écologique. La Convention des entreprises pour le climat lancée en juillet dernier par Éric Duverger, directeur marketing chez Michelin, sélectionne les motivés pour une opération qui se tiendra de juillet 2021 à mars 2022. Avec l’ambition de faire entendre la voix des entreprises en vue de l’élection présidentielle.

Éric DUVERGER, fondateur de la Convention des entreprises pour le climat.

Éric DUVERGER, fondateur de la Convention des entreprises pour le climat © D.R.

Quel est le but de la Convention des entreprises pour le climat ?

Nous avons deux objectifs. Le premier : proposer des initiatives internes ambitieuses et crédibles permettant à l’entreprise d’agir pour la biodiversité et de s’inscrire dans la trajectoire nationale, consacrée par la loi Énergie climat de 2019, de réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Chaque entreprise dressera sa propre feuille de route à partir de là où elle en est dans son organisation. Chacune ira chercher ses leviers d’actions. Second objectif : nourrir une plateforme de propositions à destination des candidats à l’élection présidentielle de 2022. Mais il y a un lien entre ces deux objectifs : la crédibilité de la plateforme sera d’autant plus forte auprès des politiques que nous aurons montré, en amont, comment faire bouger les choses. Nous voulons faire converger l’intelligence collective, monter le curseur à un niveau plus élevé et proposer une feuille de route accélérée et opérationnelle car cette transition est urgente. Nous pensons que la trajectoire prise actuellement n’est pas en convergence avec cette nécessité d’agir vite. Nous souhaitons faire passer ces enjeux en priorité numéro un, tout en arrivant à la concilier avec la question du profit, consubstantielle à l’entreprise.

Le premier tour de l’élection présidentielle sera le 23 avril 2022 et vos travaux doivent terminer en mars. Ne sera-t-il pas trop tard ?

Nous sommes un mouvement apolitique mais nous sommes déjà en contact avec certains partis. Nous allons travailler à fluidifier ces propositions pour qu’elles soient présentées aux partis dès début 2022.

Où en êtes-vous du processus ?

Une première phase s’est déroulée jusqu’en novembre 2020 avec de nombreuses consultations pour formaliser l’initiative. Nous voulons avoir un maximum d’impact sur le monde économique donc j’ai consulté 150 personnes, des chefs d’entreprise mais aussi des acteurs de la transition écologique. Trente entreprises ont déjà été sélectionnées lors d’une première vague. Il en reste donc 120 à choisir. Dans un souci de représentativité, nous cherchons des entreprises de toutes tailles, de tous secteurs et de toutes les régions. Pour connaître les différentes répartitions, nous nous basons sur les études de l’Insee. Et nous avons repris les thèmes de la Convention citoyenne sur le climat (se nourrir, se déplacer…) pour faire correspondre les entreprises participantes avec ces thématiques.

Vous recrutez donc en Loire-Atlantique ?

Bien sûr. Pour l’instant, deux entreprises ont été retenues : ASI (lire l’encadré) et Ecov. Votre territoire est très dynamique avec des acteurs motivés pour embarquer. J’ai déjà plusieurs contacts, on sent qu’il y a un gros vivier dans le département. On reçoit aussi beaucoup de candidats du Nord ou de Grenoble. Pour ceux qui ne seront pas retenus, nous allons mettre au point un dispositif pour qu’ils puissent suivre certaines présentations en virtuel. Voire les impliquer au niveau régional. Il y a des énergies à ne pas décevoir.

Comment est-ce que l’initiative va se dérouler ?

Il y aura six sessions de trois journées de travaux, appuyées par de nombreux experts, des conférences de « personnalités inspirantes » pour montrer des exemples de transition réussie. Nous espérons que nous pourrons les tenir en présentiel, en particulier la session d’ouverture du 22 au 24 juillet, afin de créer une dynamique collective. Trois devraient être à Paris et trois en région dans des lieux symboliques tels qu’un campus étudiant… Nous voulons en effet être un mouvement intergénérationnel et comptons sur le soutien des étudiants, écoles d’ingénieurs, de commerce, Sciences Po…

Pourquoi organiser ces discussions en dehors des organisations patronales ?

Nous sommes en lien bien sûr, de nombreux travaux sont réalisés à leur niveau. Mais nous voulions aller au-delà. Il ne s’agit pas de se substituer à ces instances mais d’apporter des propositions. Nous veillerons à ce que les fédérations professionnelles soient représentées. D’ailleurs, nous comptons parmi les sélectionnés, notamment, Céline Romain, spécialiste de l’accompagnement des entrepreneurs et membre du Comex 40 au Medef. Il s’agit de devenir fer de lance à double titre : en mobilisant les plus volontaristes et en opérationnalisant des envies auprès de ceux qui veulent faire mais ne savent pas par où commencer.

Vous vous êtes constitués en association. Comment est-ce qu’elle fonctionne ?

Nous sommes une équipe de sept bénévoles à temps plein, des personnes qui voulaient se lancer dans un projet entre deux jobs ou qui voulaient faire un pas de côté. Pour ma part, après vingt ans chez Michelin, j’ai pris un congé sabbatique de deux ans pour me consacrer à cette initiative avant de réintégrer l’entreprise. À terme, l’idée est de créer une structure permanente pour assurer la continuité de l’événement. Nous allons chercher des fonds, notamment auprès de fondations ou d’institutions telles que l’Ademe, mais nous voulons d’abord gagner en crédit. Et, par ailleurs, nous entendons la faire valider auprès des OPCO en tant que formations pour les dirigeants.

 

Pour candidater : www.cec-impact.org

 

ASI DANS LES PREMIÈRES SÉLECTIONNÉES

Jean Paul CHAPRON, président d’ASI

Jean Paul CHAPRON, président d’ASI © ASI

La société de services informatiques basée à Saint-Herblain, ASI, fait partie de la première vague de sélectionnées.

Une suite logique pour l’entreprise déjà engagée sur les questions de RSE. « C’est simple, j’ai trois enfants entre 22 et 26 ans. Ils me parlent beaucoup de ces questions de transition écologique. Ils attendent des générations antérieures qu’elles s’en occupent. Les entreprises ne peuvent plus faire l’impasse », constate son PDG, Jean- Paul Chapron. Pour ce qui concerne ASI, la société a réalisé « un deuxième bilan carbone l’année dernière.

Nous sommes dans cette démarche de réduction, mais sans utiliser le rachat de carbone évidemment. Il y a des progrès mais il reste des leviers d’action à mettre en place. L’idée de la Convention pour les entreprises d’aider et d’échanger avec mes pairs me plaît, ce devrait être une vraie richesse. Et nous serons une diversité d’entreprises qui fait que nous serons plus percutants auprès des politiques. » Il tempère l’enthousiasme d’Éric Duverger : « Je suis dans un discours un peu moins idéaliste. Derrière les questions de climat, il y a des opportunités de business. Même si j’entends en réaliser tout en faisant que les salariés soient heureux. » ASI a obtenu quatre années consécutives le label Happiness at Work. Dans les cartons : un engagement vers le statut d’entreprise à mission, « par étapes et sans précipitation ». D’abord, l’adoption de sa raison d’être en AG en mai. Puis, l’adoption du statut. « Je suis dans une phase de transmission de l’entreprise à mes deux directeurs généraux et j’espère qu’ASI sera entreprise à mission avant ».

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