Couverture du journal du 28/05/2025 Le nouveau magazine

« On construit le premier Imoca bas carbone »


Pour bâtir son prochain Imoca , le skipper nantais Armel Tripon a fait le pari de développer une filière locale de recyclage de carbone déclassé de l’aviation tout en portant les couleurs d’une association, Les P’tits Doudous, plutôt que d’une entreprise. Une démarche innovante et vertueuse qui vise à décarboner la filière de la course au large.

Armel Tripon dans la coque de son Imoca bas carbone, en cours de construction à Malville. ©Jean-Louis Carli

Armel Tripon dans la coque de son Imoca bas carbone, en cours de construction à Malville. ©Jean-Louis Carli

En 2021 à l’arrivée du Vendée Globe, vous annonciez vouloir disputer le prochain Everest des mers à la barre d’un Imoca[1] né du réemploi de fibres de carbone déclassé. Où en est ce projet ?

Depuis fin août, on construit effectivement le premier Imoca bas carbone à Malville, dans un hangar créé et mis à notre disposition par Duqueine Atlantique. Cette entreprise spécialisée dans l’industrie aéronautique, sous-traitant d’Airbus, a accepté de devenir mécène et constructeur du projet.

La coque a bien avancé : les techniciens de Duqueine travaillent sur le drapage, opération qui consiste à empiler les plis (ou couches, NDLR) de carbone les unes sur les autres dans le moule du bateau. Ils ont également commencé à fabriquer les 21 cloisons, qui seront placées sur toute la largeur du navire, ainsi qu’à poser les lisses[2] pour solidifier sa structure longitudinale. Au total, la construction devrait durer entre neuf et dix mois.

« Les déchets des uns deviennent les pépites des autres. »

Quelles sont les caractéristiques du bateau que vous êtes en train de construire ?

Les déchets des uns deviennent les pépites des autres puisque ce bateau va être fabriqué à 70 % à partir de carbone déclassé de l’aviation. Il s’agit de matière encore noble, qui n’est plus valide pour faire des avions pour des raisons de sécurité mais qui conserve toutes ses caractéristiques mécaniques et techniques pour d’autres usages, notamment la construction de bateaux de course.

Nous en avons acheté près de trois tonnes à prix très intéressant au Technocentre Airbus de Bouguenais. C’est en récupérant cette matière et en la revalorisant qu’on va diminuer notre empreinte carbone. L’enjeu est clairement de décarboner la filière maritime et en particulier la course au large. Aujourd’hui, la construction d’un Imoca, c’est 600 ton…