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Olivier Salleron, président national de la FFB : « On risque de perdre plus de cent mille salariés en 2025 »

Le président national de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), Olivier Salleron, était de passage à Saint-Nazaire pour l'inauguration de la nouvelle antenne de l'organisation professionnelle. Il nous confie ses inquiétudes dans un contexte d'instabilité politique, économique et sociale, mais reste combatif.

Olivier Salleron, président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB).

Olivier Salleron, président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB). KL

Quel est votre état d’esprit après la chute du gouvernement Barnier ?

J’ai le sentiment d’un grand gâchis. C’est d’autant plus un coup sur la tête que, pour une fois depuis trois ou quatre ans, le Projet de Loi de Finances (PLF) était positif pour le bâtiment. Tout en étant apolitique, je pense que des personnes de qualité avaient pris la dimension de la crise grave du logement que nous vivons et de la nécessaire rénovation énergétique. C’est d’autant plus dommageable que des mesures, comme le prêt à taux zéro, susceptibles de relancer notre secteur, devaient être prises quasi immédiatement. Nous avons tout de même obtenu in extremis le prolongement pour 2025 de MaPrimeRénov’ juste une heure avant la motion de censure du gouvernement.


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Sans budget 2025, pensez-vous que le bâtiment va plonger dans le flou le plus total ?

Il ne faut pas reconduire le budget 2024 qui nous a entraînés dans le trou. En 2024, il n’y avait plus de prêt à taux zéro pour les maisons individuelles alors que c’était notre principale demande. Sans prolongation de la loi Pinel qui s’arrête en fin d’année on va encore s’enfoncer dans le chaos. On a déjà perdu 40 000 salariés cette année. On risque d’en perdre plus de 100 000 en 2025 si rien n’est fait. Il faut absolument un budget dans les deux mois qui viennent afin d’être opérationnels le plus vite possible. Mais on voit l’enthousiasme combatif de nos adhérents. Avec eux et les élus, on est sur le pont et on va continuer à se battre.

Olivier Salleron, président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB).

Olivier Salleron, président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB). KL

Quelles perspectives se dessinent pour le secteur ?

Pour 2025, les perspectives ne sont pas bonnes. Et si le budget 2025 n’est pas modifié dans le bon sens, ce sera tout aussi négatif pour 2026. Nous sommes à -6 % cette année en pertes de volume, et nous serons à -7 % l’année prochaine si rien n’est fait. Qui dit pertes de volumes dit pertes de salariés, pertes d’entreprises, pertes de savoir-faire. Ce qui est absurde au vu du déficit de logements et avec la rénovation énergétique qui patauge alors qu’il s’agit d’un axe prioritaire pour le pays.

Quelles sont vos préconisations pour relancer le secteur du logement neuf ?

On a réussi à être efficaces en matière de normes environnementales sur les logements neufs et c’est formidable. Mais derrière, il faut encore un coup de pouce aux ménages les plus modestes pour qu’ils puissent de nouveau acquérir un logement avec un prêt à taux zéro. C’est notre priorité. Et ensuite, il nous faut trouver une alternative à la loi Pinel qui permet à des personnes plus à l’aise d’acheter des logements pour les louer à des conditions modérées. Mais là aussi c’est grippé, ce qui est effarant vu le besoin de logements en France aujourd’hui. Et nous devons aussi pouvoir loger les salariés dans des territoires dynamiques économiquement comme ici sur le bassin de Saint-Nazaire. Pas d’industrie sans logements à côté.

Quelle devrait être la priorité du futur gouvernement ?

De mettre en route des mesures qui rapportent beaucoup de recettes, sans accroître la dette. Et le secteur du bâtiment en fait partie, car il rapporte trois à quatre fois plus qu’il ne coûte à notre pays. Il faut en tenir en compte.

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