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À Nantes, une filière santé dans la lumière

Il est rare d’entendre autant parler de Nantes dans les médias nationaux. Xenothera, Valneva, Ose Immunotherapeutics. Ce sont les trois sociétés françaises les plus prometteuses dans la recherche sur le covid-19. D’où vient cette excellence de la filière santé en Loire-Atlantique ? Quels en sont les freins ? Éléments de réponse dans ce dossier.

Maryvonne HIANCE

Maryvonne HIANCE, vice-présidente d’Ose Immunotherapeutics et de France Biotech © Benjamin Lachenal

Avec la crise du Covid, la filière santé nantaise se retrouve sous les feux des projecteurs. Trois entreprises du territoire sont aujourd’hui les mieux placées en France dans leur recherche de vaccin ou de traitement contre le nouveau virus (lire page 19). Le 10 mars, le journaliste de France Inter, Bruno Duvic, entamait son émission consacrée à ces sociétés en parlant de « révolution médicale à Nantes ».

« C’est le fruit de vingt années de travaux », nous rappelle Florence Hallouin, directrice d’Atlanpole biothérapies. La loi sur l’innovation et la recherche impulsée par Claude Allègre et adoptée en 1999 a permis aux chercheurs de se rapprocher du monde économique et de créer des start-up. « Il y a eu une vraie appropriation ici, c’est de là qu’est née la filière santé dans le grand Ouest, avec des chercheurs qui sont devenus chefs d’entreprise ou conseillers », expose Florence Hallouin. Et un écosystème qui joue à plein la carte de la collaboration et de la transversalité. Ainsi, si le territoire ne dispose pas de Big Pharmaces entreprises internationales de l’industrie pharmaceutique telles que Sanofi ou Meyrieux – la nouvelle génération de la médecine, constituée par les biotechs, est en pointe à Nantes. Les biotechs sont des startup issues de laboratoires académiques (ou spin-off) qui s’appuient sur les molécules du corps humain pour trouver de nouveaux traitements. Leurs procédés reposent sur les mécanismes de notre système biologique. Exit la chimie.

Nantes

© Xenothera

1,5 md€ de chiffre d’affaires

En 2019, la filière santé en Loire-Atlantique c’est 175 entreprises dont 32 spin-off, 6 000 emplois privés et 1,5 Md€ de CA selon l’agence pour l’attractivité économique Nantes Saint-Nazaire Développement. Ces entreprises sont constituées de biotechs, de medtechs (dispositifs de santé) et de sociétés d’e-santé et de services, surtout des PME. Elles s’appuient sur le CHU composé de neuf établissements, 12 500 salariés dont 1 200 médecins et un institut de cancérologie qui est le deuxième centre de lutte contre le cancer en France en nombre de patients (44 000 par an). La bonne santé du CHU est donc fondamentale. D’autant plus qu’il est « le futur acheteur des solutions thérapeutiques », insiste Florence Hallouin.

Nantes est en pointe en immunothérapie, hématologie, médecine nucléaire, cancer et nutrition. « Nous avons une très bonne science à Nantes, relève Maryvonne Hiance, vice-présidente d’Ose Immunotherapeutics et directrice de la stratégie. Des chercheurs sont reconnus mondialement. Mais Nantes a mis du temps à être visible car le territoire ne dispose pas de grand groupe. C’est un handicap car ces industries ont les compétences et les fonds pour le développement des traitements et leur commercialisation. Il a fallu développer ces sociétés à partir d’un savoir endogène et cela prend du temps. On vivait un peu cachés mais cela change. » Nantes n’a pas attendu le Covid pour se démarquer. Elle est devenue le premier centre européen pour la greffe de rein. Des biotechs comme Ose Immunotherapeutics ou encore Eurofins sont leaders sur leur segment, l’immunothérapie pour l’une et les test bioanalytiques pour l’autre. Et quatre entreprises sont aujourd’hui cotées sur Euronext : Valneva, la seule biotech française à avoir franchi la barre du milliard de capitalisation boursière le 9 avril et qui prépare son entrée au Nasdaq, Ose Immunotherapeutics, Pherecydes Pharma et Eurofins.

L’urgence du financement

Des réussites qui ne doivent pas masquer de nombreuses lacunes, qui ne sont pas propres au département. La crise du Covid a agi comme un révélateur des failles de la filière santé en France : manque d’outils de production et problème crucial de financement. Nombre de sous-traitants sont hors de France, et, quand ils existent, les unités de production sont sous-dimensionnées pour une production à grande échelle. Florence Ha…

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