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Nantes : Comment tester son innovation en conditions réelles ?

À qui s’adresser si on veut expérimenter son idée géniale sur le terrain ? Interlocuteurs, financements… la dernière formule d’Atlanpole a apporté quelques réponses. Morceaux choisis.

Nantes

Nantes © iStock

Pour valider une hypothèse, vérifier un fonctionnement, les entreprises innovantes ont parfois besoin de tester un projet en conditions réelles. Mais comment s’y prendre et vers qui se tourner ? C’était l’objet de la dernière Formule d’Atlanpole le 23 avril.

Le territoire de la métropole nantaise compte plusieurs acteurs possibles, notamment le CHU pour les acteurs qui interviennent dans le domaine de la santé (lire l’encadré) et Nantes City Lab. Ce dernier est une émanation de Nantes métropole, créée en 2017, avec de nombreux acteurs de l’éco-système (IMT Atlantique, Samoa, Enedis, Barreau de Nantes…).

« Il a pour but de permettre aux porteurs de projets d’accéder à du terrain pour l’expérimentation, mieux comprendre les contraintes, les réglementations », explique Matthieu Clavier, coordonnateur du dispositif. Les projets doivent être collaboratifs, c’est-à-dire impliquer plusieurs partenaires, de préférence locaux (surtout les « gros »). Ils doivent aussi, bien sûr, avoir trait à une innovation, utiliser le territoire de Nantes métropole et ses infrastructures (pistes cyclables, réseaux de chaleur…), et répondre à un enjeu identifié comme prioritaire par les politiques publiques de la métropole. Quand Nantes City Lab est saisi, il y a d’abord une instruction du dossier puis une labellisation par les acteurs à l’origine de Nantes City Lab, une éventuelle demande pour « muscler » le projet, l’expérimentation puis une évaluation. Nantes City Lab se charge de trouver « le bon endroit pour la meilleure expérimentation possible ». Si celle-ci est envisagée sur une partie privée, Nantes City Lab ne fait pas la demande mais peut « faciliter » la mise en relation. Une thématique particulière est venue s’ajouter aujourd’hui, celle du nautisme. Si des projets ont besoin d’être testés en mer, Nantes City Lab se tourne vers la Carene. Il n’existe pas d’appel à projets. Les demandes sont à adresser directement à Nantes City Lab. Parfois les projets sont transmis par d’autres acteurs tels qu’Atlanpole, la Samoa… En revanche, il n’est pas forcément besoin que l’entreprise en tant que telle soit créée, « on se focalise surtout sur des projets et parfois cela conduit à la création d’une entreprise », constate Matthieu Clavier.

UN NOUVEAU FONDS PILOTÉ PAR FRANCE ACTIVE

Alexandre Nassiopoulos, dirigeant d’Ecotropy, spécialiste du numérique appliqué à l’optimisation de la performance énergétique des bâtiments, a ainsi témoigné de l’expérimentation démarrée cette année pour le projet Symbiose. Il s’agit de rénover un logement social des années 1970 conduit par Legendre avec, comme partenaires, outre Ecotropy, Nantes métropole Habitat, SCE, l’agence d’architecture Claas notamment. Ce bâtiment perdant de la chaleur, le but est de construire une serre sur le toit qui récupère cette chaleur perdue via une pompe et chauffe l’eau pour le bâtiment. Pour le dirigeant, l’aide de Nantes City Lab au démarrage leur a « ouvert les portes d’un financement auprès de la Région et de la Banque des territoires, c’était un gage de crédibilité ». Ils ont aussi gagné en visibilité et sont lauréats 2019 du concours international Le Monde Smart Cities. Le chantier doit démarrer début juin.

De son côté, la Samoa, SPL pour l’aménagement de l’Île de Nantes, dispose d’un laboratoire expérimental in vivo dont douze sites privés, sur lesquels il est possible d’expérimenter. La programmation 2018-2021, après un appel à projet de la Caisse des dépôts, ciblait la rue connectée, les smart tiers lieux et le climat urbain. Les axes d’innovation prioritaires sont la qualité de vie, les nouvelles mobilités et la transition énergétique avec, en thématique transversale, le numérique et l’utilisation de datas appliquées à ces priorités. 24 projets ont ainsi été testés, parmi lesquels la station de gonflage de pneus de vélos autonome en énergie et alimentée via un panneau solaire R4Bike, quai François Mitterrand. Plus de 5 600 vélos ont été regonflés en sept mois. À l’issue du test, des clients ont été interrogés pour un retour d’expérience. Une méthode appliquée pour tous les tests réalisés sur la voie publique. Une expérimentation qui a conduit à quelques ajustements et à sa commercialisation. La Baule vient d’acheter une station de gonflage.

Vaut-il mieux se tourner vers Nantes City Lab ou vers la Samoa pour présenter un nouveau projet ? « C’est indifférent, explique Julien Roca, chef de projets Expérimentations et open innovations à la Samoa. Nos deux structures échangent toutes les deux semaines pour orienter au mieux les propositions. »

Côté financement, Céline Allain, de France Active Pays de la Loire, a présenté un tout nouveau dispositif dont elle a la gestion : Nantes Transitions. Il s’agit d’un fonds lancé par la métropole et dont le pilotage a été délégué à France Active. « Nous allons apporter des ressources complémentaires » à un projet indique Céline Allain, soit un prêt à 0% jusqu’à 45 000 € pour une durée de 48 mois et différé jusqu’à 24 mois. Les projets éligibles doivent là encore rentrer dans le cadre des priorités des politiques publiques de la métropole, et avoir été identifiés au préalable par l’un des acteurs de l’écosystème (Nantes City Lab, Banque des territoires, Atlanpole, ID4Car, Samoa, incubateurs de l’IMTA, Centrale/Audencia/Ensa, Ecossolies). « La liste des acteurs est amenée à s’étendre », indique le site de présentation. Le fonds vient tout juste d’être annoncé et « le guichet est ouvert ! » précise Céline Allain, qui espère le lancement de projets de financement avant l’été.

Enfin, Laurence Lavenot, conseillère en financement de l’innovation à Atlanpole, a dressé quelques pistes d’opportunités. Le Code des marchés publics en est une, avec une nouvelle disposition permettant aux collectivités de ne pas passer par un appel d’offre pour un achat d’innovation inférieur à 100 000 €. Et un appel à projets intéressant est en cours, piloté par le délégué interministériel à la transformation publique : France Expérimentation. Il s’agit d’octroyer une dérogation à une entreprise qui souhaite expérimenter une innovation et qui fait face à des blocages juridiques. Il est ouvert jusqu’au 30 juin 2021.

LE CHU ET L INNOVATION

Le CHU de Nantes compte un département spécifique Partenariats et innovation dont Benoît Labarthe est responsable. Ce service reçoit les demandes de partenariats, accompagne leur mise en place avec notamment un volet d’aide au montage de projet.

Il s’occupe également de l’évaluation médico-économique des innovations, la preuve de l’efficacité étant évidemment cruciale dans ce domaine. L’équipe se charge d’identifier un porteur médical au sein du CHU et aide à l’analyse de la pertinence du projet. Ainsi, un robot destiné à la désinfection d’eCobot et Tame Care a été testé mi-mars sur deux jours dans un bloc opératoire. « Un test qui nécessite forcément de la concertation avec les équipes du CHU pour s’assurer de ne pas décaler d’opérations chirurgicales, de respecter les plannings… C’est une démarche qui demande une certaine acculturation », explique Benoît Labarthe. Pour ce robot, la demande de financement avait été faite à l’automne 2020 puis les discussions sur la demande d’expérimentation ont pris deux mois. Un projet est aussi en cours de test pour l’utilisation de drones. Il y a aussi, bien sûr, les essais cliniques de médicaments promus par le CHU, notamment le traitement anti-Covid de Xenothera.

À noter que le CHU dispose d’un appel à projet spécifique pour les innovations en matière de dispositifs médicaux CE.

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