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Nantes Atlantique : un nouvel appel d’offres annoncé

Trois jours après la décision du gouvernement de mettre fin à l’appel d’offres de modernisation de Nantes Atlantique, le ministre des Transports Clément Beaune était lundi dernier dans la Cité des Ducs pour rassurer élus locaux et acteurs économiques du territoire. Il a promis le lancement d’un nouvel appel d’offres d’ici la fin de l’année mais également "la mise sur orbite du projet de RER métropolitain".

Pour compenser le retard de la modernisation de Nantes Atlantique, Clément Beaune, ministre des Transports, a annoncé « la mise sur orbite du RER métropolitain sur le territoire nantais ». ©IJ

Pour compenser le retard de la modernisation de Nantes Atlantique, Clément Beaune, ministre des Transports, a annoncé « la mise sur orbite du RER métropolitain sur le territoire nantais ». ©IJ

Après avoir passé la matinée à rencontrer des élus locaux, Clément Beaune, ministre délégué aux Transports, s’est rendu lundi 2 octobre en préfecture de Nantes pour officialiser la « difficile décision » du gouvernement « de mettre fin à la procédure d’appel d’offres lancée pour la modernisation de l’aéroport Nantes Atlantique ». Une décision de l’État qui a suscité « de la déception et de la colère, a reconnu le ministre. Je suis là pour l’entendre et l’assumer, mais surtout pour regarder vers l’avenir et avancer. »

« Manque de concurrence »

Clément Beaune a ensuite évoqué les motifs qui ont poussé le gouvernement à prendre cette décision lourde de conséquences : « Le fait de n’avoir reçu que l’offre de Vinci crée un manque de concurrence. Nous avons eu une discussion approfondie avec eux, mais elle n’a pas permis d’aboutir à une offre qui aurait été satisfaisante pour respecter l’ensemble des critères financiers ou environnementaux. Appuyer sur le bouton maintenant et donner l’impression d’avancer aujourd’hui, c’était reculer dans quelques mois et décevoir davantage. »

Un mois de concertation

Malgré ce contretemps, le ministre l’a assuré : « Sur ce territoire qui fait partie des plus dynamiques de France, nous avons un besoin criant de moderniser l’aéroport. Le projet doit se poursuivre et il se poursuivra, avec plus de concertation et de transparence. C’est la raison pour laquelle je reviendrai à Nantes dans un mois, après une concertation menée autour de la question de l’allongement de la piste. Cela nous permettra de préciser les conditions du nouvel appel d’offres qui sera lancé d’ici la fin de l’année. Tout le monde pourra postuler et des décisions seront prises rapidement ensuite. L’objectif n’est pas de décaler le projet dans le temps, mais bien de l’améliorer. Je l’ai dit, on ne repart pas de zéro. C’est l’opportunité de faire mieux, notamment sur le plan écologique (si la piste venait à ne pas être prolongée, NDLR). Pour ce qui est des conditions financières, elles seront toutes discutées lors de la procédure du futur appel d’offres. »

« Un décalage total d’au moins deux ans »

Interrogé sur le retard généré par ce nouvel appel d’offres, le ministre n’a pas botté en touche : « C’est un décalage total d’au moins deux ans sur le projet (la Déclaration d’utilité publique du projet était attendue en 2024, NDLR). Je maintiendrai personnellement toute la pression nécessaire pour que le calendrier ne dérape pas car je sais combien il est vital de moderniser cet aéroport. »

 

Vols Nantes Atlantique

Le ministre des Transports Clément Beaune a notamment annoncé un durcissement du couvre-feu aérien. © Shutterstock

Un durcissement du couvre-feu annoncé

Sollicité à propos du couvre-feu et des nuisances aériennes générées par l’aéroport, Clément Beaune a encore une fois joué cartes sur table : « Il y a un couvre-feu qui a été instauré. C’est un engagement de l’État. Il fonctionne dans le sens où il a déjà permis de diviser par six le nombre de vols nocturnes, et il va être encore renforcé. D’abord en l’appliquant mieux : j’ai demandé à la Direction générale de l’aviation civile d’être plus stricte dans les contrôles et les sanctions. Donc les compagnies qui ne respectent pas le couvre-feu ou qui récidivent seront plus durement et fermement sanctionnées à l’avenir. Il n’y aura aucune complaisance avec les entorses. C’est un engagement très ferme. »

« Mise sur orbite du RER métropolitain »

Évoquant enfin ses échanges avec Christelle Morançais sur l’avenir de la Région, le ministre des Transports a reconnu que le territoire nantais et les Pays de Loire « avaient besoin d’améliorer de manière plus large la question des transports, des mobilités, de la transition écologique. C’est pourquoi nous allons conclure dans les prochaines semaines un contrat de plan État-Région très ambitieux. » Parmi les pistes concrètes évoquées par le ministre : « La mise sur orbite du RER métropolitain[1] sur le territoire nantais, l’un des projets les plus aboutis de France. »

 

[1] En projet dans dix grandes villes françaises, le RER métropolitain devrait permettre de faire circuler davantage de trains dans l’aire urbaine de Nantes et de façon plus régulière. Il consiste à passer à un train par demi-heure sur les branches de l’étoile ferroviaire de Nantes, a annoncé SNCF Réseau en février dernier. Et sans avoir à construire de nouvelles voies. Les trajets concernés vont au-delà de la métropole nantaise puisque les communes de Savenay, Ancenis, Sainte-Pazanne, Clisson ou Nort-sur-Erdre seront a priori desservies par ce RER. Aucun calendrier n’a pour le moment été dévoilé.

 

Yann Trichard : « C’est un coup dur »

Yann Trichard CCI

Yann Trichard © IJ

« C’est un coup dur de voir ce projet reporté d’au moins deux ans, a réagi Yann Trichard, président de la CCI Nantes St-Nazaire. L’aéroport agit comme un véritable moteur pour un territoire, générant des emplois directs et indirects pour de très nombreux secteurs d’activité. C’est aussi une vitrine et la porte d’entrée pour les visiteurs et touristes que nous accueillons. Or, cette vitrine n’est plus à la hauteur de notre territoire. Il y a urgence à rénover Nantes Atlantique pour la dynamique des entreprises, l’emploi et l’attractivité, faute de quoi nous risquons un déclassement. Le défi des prochains mois sera de trouver et de mettre en œuvre les solutions immédiates de rénovation de l’aéroport. En attendant le résultat du nouvel appel d’offres dans deux ans, il y a un tas de choses à faire dès à présent, à commencer par la constitution par l’État d’une enveloppe de rénovation intermédiaire pour réhabiliter l’aéroport. »

 

Samuel Tual : « Lancer immédiatement un certain nombre de travaux »

Samuel Tual, Medef, France, vice-président, trésorier

Samuel Tual ©Sylvain Malmouche

« Cette décision est une mauvaise nouvelle pour le territoire, regrette Samuel Tual, président du Medef des Pays de la Loire. La situation est actuellement critique car l’aéroport est saturé (il a quasiment retrouvé son trafic de 2019, NDLR) et surtout obsolète. Aujourd’hui, Nantes Atlantique n’est pas digne de notre métropole régionale.

En revanche, ce report est une bonne nouvelle pour Vinci et ses salariés, dont la concession va être prolongée d’au moins deux ans alors qu’ils ne savaient pas ce qu’ils allaient devenir. L’idée est de profiter collectivement de ce nouveau délai pour lancer immédiatement un certain nombre de travaux d’amélioration, en lien avec des sujets de mise en conformité, de capacité d’accueil, de modernisation de postes de sécurité et d’infrastructures énergétiques… En effet, identifier ces chantiers prioritaires nous permettra de continuer à avancer sur le dossier en attendant de connaître le nom du futur concessionnaire. »