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Métropole : la mobilité à la baisse

Sur le territoire nantais comme au national, la mobilité individuelle baisse depuis plusieurs années. C’est sur cette tendance de fond et les enjeux qui en découlent que s’interroge l’Agence d’urbanisme de la région nantaise (Auran) dans une note de synthèse.

Nantes

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« Alors que la mobilité individuelle des habitants de Nantes Métropole [était] relativement stable depuis 30 ans, elle a chuté de près 20 % entre 2015 et 2022[1] », pointent les auteurs de la synthèse n°87 de l’Auran intitulée “Quels enjeux derrière la baisse de la mobilité individuelle ?“. En effet, la mobilité quotidienne des habitants de la métropole (+18 ans) est passée de 4,2 déplacements par jour par personne en 2015 à 3,4 l’an passé. « C’est la première fois que l’on observe une diminution du nombre de déplacements des habitants, depuis qu’ils sont mesurés. Le temps long nous permettra de dire s’il s’agit d’une tendance conjoncturelle ou structurelle », notent les auteurs de l’étude.

La crise sanitaire comme déclencheur

Différentes causes sont invoquées pour expliquer cette tendance. À commencer par la crise sanitaire du Covid-19 et les chamboulements dans les habitudes qu’elle a engendrés, à la fois de manière ponctuelle et durable, amplifiant notamment le télétravail et les achats en ligne. Pour les actifs, les auteurs de l’étude formulent l’hypothèse selon laquelle la baisse de la mobilité serait « stimulée par l’essor du télétravail et des réunions de travail à distance, mais également par le contexte économique contraint (inflation) ou la crise énergétique (hausse du coût des carburants) ». Pour les jeunes, la baisse s’expliquerait par « le contexte économique, une prise de conscience peut-être plus importante face aux enjeux climatiques, mais également par un repli sur soi depuis la crise sanitaire ou encore l’hyper-connectivité, et dans une moindre mesure par la télé-étude ».

« Les habitants se déplacent moins quand ils se déplacent »

Autre observation notable : la baisse de la mobilité individuelle se traduit d’un côté par une hausse de la part de la population dite « immobile », c’est-à-dire les personnes ne s’étant pas déplacées le jour de l’enquête. Cette part s’est élevée à 11 % en 2022 contre 9 % en 2015. D’un autre côté, la part des « hypermobiles » (six déplacements et plus par jour) est, elle, passée de 31 % à 20 %. « Les habitants se déplacent moins quand ils se déplacent », écrivent les auteurs.

Néanmoins, l’Auran met en garde contre les effets « rebond », difficilement mesurables, que pourrait générer la baisse de la mobilité individuelle. Ces effets pourraient se traduire par exemple par un report sur la mobilité du week-end ou par un transfert sur les flux logistiques avec le développement du e-commerce.

 

[1] Baromètre mobilité 2022 – Enquête Déplacement Grand Territoire 2015, Auran.