L’auteur de L’Arménien (2027), du Sicilien (2019) et du Nantais (2020), saga de l’attachant inspecteur Greg Brandt, avait fait une escapade à Cuba avec Pour quelques millions (2021). Cette fois, Carl Pineau rejoint le Québec pour emmener le policier breton Roman Kermarec à la recherche d’enfants disparus. Un pays que l’auteur connaît bien puisqu’il y a vécu six ans en famille de 2009 à 2015. Le terreau d’un terrible fait divers dans l’univers blanc des grands espaces qui ramène à la surface, tel un courant inexorable, le passé tragique de ce pays où les Indiens victimes de la colonisation ont été dépossédés de leurs terres, terrible destin des peuples autochtones.
Pour chacun de ses polars, Carl Pineau se plonge dans une profonde recherche documentaire. Il y ajoute son expérience. « Quand on s’installe, c’est plus facile de se présenter comme Breton au Québec, que comme Français. “Maudits Français”, car il y a le poids de l’histoire. On a abandonné le pays et vendu la Nouvelle-France aux Anglais sous Louis XV. Ils sont très attentifs à la façon dont on perçoit leur accent car quand ils viennent en France, on les moque un peu. Ils considèrent que l’on abandonne la langue originale et que l’on fait trop d’anglicismes. Le titre s’explique en lisant le livre », glisse Carl Pineau. « Je voulais aussi parler des Amérindiens, de leur histoire et de tout ce qu’ils ont subi », ajoute-t-il.
Wyome Beausoleil, la policière amérindienne, forme avec Roman Kermarec un duo improbable qui tient le lecteur en haleine jusqu’au bout, entre noirceur et blanc immaculé de la neige du Grand Nord, à la recherche de jeunes Français disparus mystérieusement. Indéniablement, Carl Pineau distille avec dextérité son style, se posant parmi les auteurs qui ont su trouver leurs fidèles lecteurs, leur apportant à chaque nouveau roman une dose de dépendance à ses personnages.
Maudits Français
Carl Pineau
384 pages, 19 €
Editions Lajouanie