Couverture du journal du 01/05/2025 Le nouveau magazine

Marion Kohler, directrice générale des filières optiques et Sylvine Kohler, présidente du groupe Kohler : « Nous formons un duo complémentaire et complice »

Elles sont unies par les liens du sang et l’amour des belles lunettes, celles qui habillent le regard et rendent les gens beaux. Sylvine et Marion Kohler sont mère et fille. Opticiennes passionnées, elles dirigent ensemble le groupe vendéen Kohler, la première comme présidente, la seconde comme directrice générale des filières optiques. Basées à La Roche-sur-Yon, elles reviennent sur l’histoire de l’entreprise familiale fondée en 1987, historiquement franchisée Afflelou et qui, un jour de 2019, a décidé de créer sa propre marque, Kohler opticiens. Leur stratégie pour développer ces deux enseignes complémentaires se résume en trois mots : cohérence, agilité et transparence.

Sylvine et Marion Kohler. BENJAMIN LACHENAL - IJ

Sylvine Kohler, en 2023, vous avez été élue opticienne de l’année. Quel parcours vous a menée jusqu’à cette distinction ?

Sylvine Kohler : En 1985, après mon BTS d’opticien lunetier, je suis partie étudier aux États-Unis grâce à une bourse. À mon retour, j’ai effectué un remplacement dans un magasin à Cholet. C’est là que j’ai rencontré François, mon mari.  En 1987, nous avons ouvert notre première boutique à La Roche-sur-Yon pour Alain Afflelou. L’enseigne était en train de révolutionner le marché de l’optique et s’installait alors exclusivement dans les villes-préfectures, où il y avait un seuil minimum de population pour se développer et être rentable. La franchise n’était pas encore présente en Vendée, nous avons saisi cette chance. Notre affaire a tout de suite très bien fonctionné. Rapidement à l’étroit dans notre première boutique, nous avons cherché un bel emplacement stratégique. La place Napoléon, en plein cœur de ville, fut ce lieu idéal. Nous y sommes toujours aujourd’hui.

Nous avons poursuivi notre développement en ouvrant, en 1994, une deuxième boutique dans le centre des Sables-d’Olonne à proximité des halles centrales, toujours comme franchisé Afflelou. Encore un choix stratégique, car à l’époque, le quartier était très fréquenté. En 1996, nous avons ouvert notre troisième boutique à Challans, troisième ville du département, toujours en centre-ville.


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L’arrivée aux Flâneries en l’an 2000 a marqué un premier tournant pour le groupe Kohler. Dans quelle mesure ?

SK : En 1998, deux ans après l’ouverture du centre commercial des Flâneries, à La Roche-sur-Yon, la direction nous a appelés pour nous proposer de nous y installer. À l’époque, nous avons eu peur de l’échec et nous avons préféré prendre le temps de la réflexion. Nous en avons profité pour consolider le magasin historique en centre-ville.

En 2000, encouragés par la franchise, nous avons fini par accepter l’offre des Flâneries, tout en restant présents place Napoléon. Alain Afflelou avait compris que les centres commerciaux situés en périphérie pouvaient dynamiser son développement commercial. Et il avait raison : l’enseigne des Flâneries est vite devenue la boutique la plus importante de la région, tant en termes de chiffres d’affaires que de fréquentation.

En 2014, toujours avec le soutien de la franchise, nous avons ouvert une seconde boutique aux Sables, zone du Leclerc en face du centre commercial Ylium.

L’enseigne des Flâneries est vite devenue la boutique la plus importante de la région. Sylvine Kohler

En 2015, votre mari décède brutalement. Comment avez-vous poursuivi l’aventure sans lui et avec quelle stratégie ?

SK : Je me suis demandé si je devais continuer ou tout arrêter. Quand je suis finalement revenue à l’entreprise un mois plus tard, j’ai lu dans le regard de certains collaborateurs une angoisse forte concernant leur avenir. Je me suis sentie responsable. Il était hors de question de laisser tomber cette équipe de trente personnes. J’ai demandé à un ami coach, animateur à l’APM (Association progrès du management), de m’accompagner pour travailler mes compétences en management. Jusqu’ici, quand on me demandait ce que je faisais, je répondais « opticienne ». Grâce à lui, j’ai pris conscience que mon métier, c’était cheffe d’entreprise.

À partir de là, je suis passée à la vitesse supérieure. J’ai rassemblé mes chefs d’équipe pour dire mon envie d’avancer avec eux. J’avais besoin de déléguer pour prendre un peu de hauteur sur la gestion de l’entreprise. Je leur ai donc proposé d’évoluer vers des postes de manager. Ensemble, nous avons d’abord défini les valeurs de l’entreprise : confiance, loyauté, excellence et partage. Puis, nous avons élaboré une stratégie avec, comme ligne directrice, l’ambition de rendre nos collaborateurs et nos clients heureux. L’achat de lunettes, c’est souvent quelque chose de subi. Nous voulions dédramatiser ce moment. Cela fait vraiment par…

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