Couverture du journal du 02/04/2025 Le nouveau magazine

Maisons du Monde peut-elle encore sauver les meubles ?

L’enseigne nantaise d’ameublement et décoration a accusé une perte nette de 115,3 millions d’euros en 2024. Malgré un plan d’économies renforcé et une trésorerie préservée, la chaîne, en déclin depuis plusieurs années, doit encore convaincre de sa capacité à redresser la barre.

ALBERTO RODRIGUEZ - IJ

L’année 2024 a été particulièrement difficile pour Maisons du Monde. Confrontée à une baisse de 11,2 % de son chiffre d’affaires, tombé à 1,002 milliard d’euros, l’enseigne de mobilier et décoration a enregistré une perte nette de 115,3 millions d’euros. Une dégradation brutale comparée aux 8,8 millions d’euros de bénéfices réalisés en 2023. En cause : un marché atone, plombé par la contraction de la consommation des ménages et la crise du secteur de l’ameublement.

Pour tenter d’enrayer cette spirale négative, Maisons du Monde a multiplié les initiatives en 2024. La marque a généré 15 millions d’euros de cash-flow libre, conservé une trésorerie de 200 millions d’euros et limité son endettement net à 85,1 millions d’euros. Elle a également accéléré sa transformation : simplification de l’offre (réduction du nombre de références produits), rénovation de 63 magasins et développement des ventes en ligne, qui représentent désormais 27,8 % du chiffre d’affaires. Un effort notable mais qui n’a pas suffi à compenser l’érosion des ventes en magasin (-11,7 %). Dans cette logique d’économies, l’enseigne a annoncé en janvier la suppression de 91 emplois au sein de ses sièges de Paris et Nantes, un signal fort sur la nécessité de restructurer ses coûts fixes.


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Essoufflement du modèle de la décoration abordable et tendance

Ce déclin n’est pas une surprise. Depuis plusieurs années, l’enseigne accumule les difficultés. Entre 2021 et 2024, son chiffre d’affaires a reculé de près de 20 %, illustrant un essoufflement de son modèle. L’époque où Maisons du Monde surfait sur la vague de la décoration abordable et tendance semble révolue, dans un contexte où la concurrence s’intensifie et où les consommateurs arbitrent de plus en plus leurs dépenses.

François-Melchior de Polignac, directeur général depuis mars 2023, entend néanmoins redresser la barre. Outre les économies, il mise sur un repositionnement stratégique avec le développement de nouvelles gammes (salle de bain, luminaires outdoor, accessoires pour animaux) et une refonte de l’expérience client en ligne. L’enseigne espère ainsi amorcer un retour à la croissance en 2025-2026.

Mais ces efforts seront-ils suffisants ? Le marché du meuble et de la décoration reste morose et les plans de relance successifs de Maisons du Monde n’ont jusqu’ici pas inversé la tendance. L’enseigne, qui ne versera pas de dividendes en 2025, devra encore prouver que sa transformation peut porter ses fruits. En attendant, la question demeure : Maisons du Monde peut-elle encore sauver les meubles ?