Christophe Durand est un entrepreneur engagé. À la tête d’une PME d’une cinquantaine de salariés, il n’envisage pas une logistique autrement que durable. « Toutes les études prospectives montrent que la transition énergétique va se faire. 2019 est la première année où l’énergie verte a été moins chère que l’énergie carbonée. Le marché va se retourner en sa faveur. Mais le transport sera un des derniers secteurs à changer car équiper un tracteur routier c’est complexe», analyse-t-il.
Son entreprise fait partir environ 150 transports par jour, de l’agglomération nantaise au fin fond de l’Europe. Ses clients viennent du département, des secteurs industriel, du bâtiment et du médical. Le transport représente 85% de son activité. La société propose aussi des prestations de logistique dans son entrepôt. Transport Urgent enregistre environ 4 M€ de CA par an.
Dépendant des constructeurs
Christophe Durand a déjà entrepris des actions pour être plus écoresponsable. Trois véhicules de la flotte, sur une cinquantaine, roulent au gaz naturel comprimé (GNC), dont deux poids-lourds. Cela coûte plus cher, de 15 à 20% supplémentaire au kilomètre par rapport au gasoil. « On amorce la pompe du changement, estime l’entrepreneur. Cela interpelle nos clients. » Avec un hic : « Le GNC est vertueux selon sa filière d’approvisionnement. À Nantes, il n’y a qu’un fournisseur, ASV44, qui dépend de Total. Impossible de vérifier s’il s’agit d’un gaz propre ou d’un gaz de schiste des États-Unis. Des collectivités commencent à imaginer des usines de méthanisation, mais nous ne savons pas encore pour quel réseau.» Lui-même a opté pour l’électrique pour sa voiture de fonction, son associé roule à l’hybride.
Le chef d’entreprise souhaiterait faire plus : « On aimerait gérer plus vite la transition qu’elle ne se fait aujourd’hui. Nous sommes dépendants des stratégies des constructeurs de véhicules. À ce jour, seuls les véhicules au gaz sont économiquement pertinents pour remplacer le gasoil. Pour les véhicules utilitaires légers, certains passent à l’électrique, mais l’offre est réduite et propose un kilométrage trop faible. » Car l’enjeu réside dans les infrastructures nécessaires pour recharger ces nouveaux véhicules au gaz ou électrique. « À Nantes, il n’y a que deux stations de rechargement pour l’électrique, dont une est à peine opérationnelle. »
Tesla a sorti un tracteur routier électrique, MAN a mis un poids-lourd électrique en service… « La technologie évolue mais il va falloir se lancer vraiment », ajoute Christophe Durand.
Pour le chef d’entreprise, un passage à l’électrique devra s’accompagner d’une production autonome de l’énergie. « Les transporteurs vont devoir gérer eux-mêmes leur transition et devenir auto-consommateurs de leur énergie. C’est la seule planche de salut pour les PME. Avec de faibles marges, elles seraient sinon vouées à disparaître. »
Accompagner les petits industriels
Administrateur de la CPME 44, il fait partie de la « cellule énergie » du syndicat patronal : « Une task force est en train d’être créée pour accompagner la transition énergétique des tous petits
industriels, avec la possibilité de mettre à disposition des experts pour qu’ils s’équipent en panneaux solaires. » Une première étape qu’il considère être la plus simple et la plus efficace.
Pour sa part, il envisage d’équiper la toiture de son entrepôt de 2 600 m2 en panneaux photovoltaïques. Si l’installation s’avère trop importante, il se rabattra sur la toiture du parking des véhicules pour être plus autonome en consommation d’énergie des bureaux et de l’entrepôt. Cette installation est prévue d’ici deux ans. Sur le site, Christophe Durand impulse aussi des éco-gestes : tri sélectif dans les bureaux et l’entrepôt, éclairage extérieur en LED, bientôt pour l’intérieur. Il a installé des ruches au fond du parc pour produire leur miel ainsi qu’un lombricomposteur pour les déchets organiques. Les salariés se servent du compost pour alimenter leur jardin. Prochaine étape : la plantation d’arbres fruitiers.