« En nous fédérant, nous voulons garder une vie économique dynamique sur l’Ile de Noirmoutier », assure Luc Jeanneau, président des Saveurs de l’Ile de Noirmoutier et producteur de pommes de terre. Et montrer que le métier de producteur est rémunérateur ». Un discours qui tranche avec la morosité souvent de mise chez les agriculteurs. Réunis en coopérative pour certains depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les producteurs noirmoutrins ont su faire cause commune autour de leur terroir et valoriser leurs produits. La Bonnotte, la plus connue des pommes de terre, présente seulement une quinzaine de jours par an sur les étals, se vend à prix d’or. Tout comme la fleur de sel qui se cueille à fleur d’eau l’été.
Pour protéger la singularité de leur production, les coopératives se sont engagées dans la reconnaissance des spécificités de leur savoir-faire et de la qualité de leurs produits. Elles disposent toutes d’un signe de qualité ou d’origine reconnu. Trois sur quatre ont déjà obtenu un Label rouge. Elles entendent bien le faire savoir. Réunies en association depuis plus de 25 ans, les quatre coopératives de production primaires de l’Ile veulent donner un nouvel élan à leur marque commune, Les Saveurs de l’Ile de Noirmoutier.
249 producteurs et 407 emplois
Association loi 1901, créée en 1994, Les Saveurs de l’Ile de Noirmoutier regroupe 249 producteurs et leur famille, 407 emplois directs soit 11% des emplois salariés de l’Ile. Représentant un pan important de l’économie locale, elles veulent communiquer sur les savoir-faire et les métiers de plus en plus diversifiés qu’elles développent au sein de chaque coopérative : qualité, sécurité, environnement, ressources humaines, marketing, digital… « Nous voulons susciter l’intérêt des jeunes et faire en sorte que les familles restent sur l’Ile toute l’année », argue le président de l’association. Saveurs de l’Ile s’est lancée dans la création d’un parcours de visite afin de permettre aux insulaires comme aux touristes une nouvelle lecture de l’Ile.
Un parcours structuré autour des coopératives
Baptisé la Route des Saveurs, ce parcours s’articule autour d’informations données sur la façon dont sont produites les quatre grandes familles de productions primaire, de la terre à l’assiette du consommateur : pommes de terre, sel, pêche et ostréiculture. Un logo Saveurs de l’Ile orne la façade de chaque coopérative en guise de repère.
Des balises, à l’image des balises-refuges du passage du Gois (route submergée à marée basse reliant Noirmoutier au continent) servent à informer les visiteurs des spécificités de chaque coopérative. Des lieux d’information ont été mis en place sur les pistes cyclables et piétonnes traversant les champs de pomme de terre, les marais salants et aux abords du port de pêche de l’Herbaudière et des parcs à huîtres. Ainsi qu’un balisage routier et urbain orientant vers les points d’intérêt de la Route des Saveurs.
Associer quatre produits dans la même recette
Et depuis octobre 2021, l’association a lancé un défi amical aux restaurateurs de l’Ile pour associer dans une même assiette les quatre saveurs de l’Ile et créer un plat signature de l’île. Baptisée la Terre de Mer de Noirmoutier, ce plat se prépare sur la base d’un poisson ou d’un crustacé de la coopérative des pêcheurs artisans de l’Ile, d’une pomme de terre primeur de la coopérative La Noirmoutier, des huîtres ou des moules de la coopérative ostréicole et du sel des sauniers de la coopérative de sel. A chacun de l’interpréter à sa façon. Alexandre Couillon, chef deux étoiles du restaurant la Marine sur le Port de l’Herbaudière, s’est le premier attelé à l’exercice avec brio.
Mais au delà de ce Parcours des saveurs, l’objectif est plus pragmatique. « Les deux tiers des volets de Noirmoutier sont fermés l’hiver. En faisant mieux connaître l’excellence de nos produits et de notre savoir-faire, nous voulons aussi résister à la pression immobilière et préserver nos espaces agricoles pour pérenniser notre activité, argue Luc Jeanneau. Le client est notre juge de paix ».