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L’entretien : Sophie Georger-Ménereau, PDG de Pramac : « J’ai déjà organisé ma transmission »

En 1992, à peine sortie des études, Sophie Georger-Ménereau reprenait Pramac, à la suite du décès brutal de son père. Un épisode qui a profondément marqué la dirigeante vendéenne, présidente du Medef Vendée. À 53 ans, elle a déjà préparé la suite pour que l’entreprise basée à Challans et spécialisée dans le marché des accessoires pour câbles et chaînes puisse rester indépendante et familiale.

Sophie Georger-Menereau pramac

Sophie Georger-Menereau PDG de Pramac © Benjamin Lachenal

Quel est le métier de Pramac ?

Pramac est l’abréviation de « Pour répondre au marché des accessoires pour câbles ». Son métier est d’importer, de stocker et de redistribuer auprès des professionnels des produits forgés estampés, en acier et en inox, comme des accessoires pour câbles et chaînes, ainsi que des colliers de serrage. Ces produits, que l’on met au bout d’un câble ou d’une chaîne, servent à faire de la manutention et du levage. Nos clients sont des quincailleries professionnelles, des spécialistes de fournitures industrielles et des professionnels du levage, essentiellement en France. C’est un marché de niche sur lequel nous sommes ultra-spécialisés alors que pour nos concurrents, il s’agit d’un complément de gamme. Cette ultra-spécialisation nous permet d’avoir entre 6 et 18 mois de stock sur quasiment tous nos produits. Ainsi, sur 6 M€ de chiffre d’affaires, il y a 2,7 M€ de produits stockés, ce qui représente sept à huit millions de pièces différentes. Stocker a toujours fait partie de la culture de Pramac. Mais, au fil du temps et avec la délocalisation en Asie de la fabrication des produits forgés estampés, c’est devenu une nécessité. Et l’on voit bien qu’en période inflationniste, avec des problématiques d’approvisionnement mondial, c’est une force.

L’entreprise a été fondée il y a 50 ans en région parisienne par votre père, Roger Ménereau. Comment est-elle arrivée à Challans ?

Mon père était dessinateur industriel et concevait des serre-câbles plats duplex simplex. Son assistante commerciale n’était autre que la cousine de mon grand-père. En 1972, ils créent ensemble Pramac. En 1981, à la faveur de la politique de décentralisation, mon père cherche à s’installer en province. Un cousin vendéen propose de lui trouver un terrain. Mon père a alors un coup de foudre pour le département et s’installe à Challans. Dans un premier temps, il garde Pramac en région parisienne et crée une tôlerie industrielle, la Sovece (Société vendéenne de conditionnement et d’emballage), là où se trouve Pramac aujourd’hui, à quelques mètres près. Il fait des coffres et des mallettes en tôle, ainsi que des présentoirs. En 1987, il décide enfin de délocaliser Pramac. En 1991, il fait construire un bâtiment, vend Sovece et se concentre sur Pramac. La TPE compte alors cinq salariés et réalise un chiffre d’affaires de 11,5 MF (1,7 M€, NDLR).

L’année suivante, Roger Ménereau décède brutalement. Et du jour au lendemain, vous devenez cheffe d’entreprise…

Mon père nous a quittés le weekend du 1er mai 1992. L’année précédente, j’avais obtenu ma maîtrise de langues étrangères appliquées au commerce international après deux mois de stage en Alle- magne. J’avais décidé d’y rester comme assistante de français, et ce week-end- là, j’étais partie avec des amis.

Nous n’avions pas de téléphone portable et ma mère ne parlait pas un mot d’allemand. Quand j’ai fini par apprendre la nouvelle, je suis immédiatement rentrée en Vendée. D’emblée, l’expert-comptable et le notaire m’ont alertée sur le devenir de l’entreprise. Ils ont mis en avant ma formation commerciale et mes compétences linguistiques, le fait que mon père aurait aimé que je prenne sa suite et que sans moi, les salariés allaient perdre leur boulot. Le lundi matin, je prenais ma décision et débutais ma carrière de cheffe d’entreprise. Enfin, pas tout à fait officiellement. Difficile de convaincre les banquiers à seulement 23 ans et sans expérience… Ma m…

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