Comment avez-vous vécu l’expérience TEDx ?
C’est une expérience incroyable ! En préparation d’abord. Et en émotions surtout. C’est un véritable “spectacle“ !
Comment avez-vous été contacté ?
Le directeur a sélectionné 80 personnes dites inspirantes. J’avais communiqué un peu sur la notion de public éloigné de l’emploi. Je l’ai rencontré, lui ai juste raconté ce que je faisais et à partir de là il a soumis les 80 projets à un comité de choix qui en a sélectionné huit. Et ensuite le travail a commencé. Ça demande trois à quatre mois de préparation, on travaille avec des coachs et on essaie de mûrir notre réflexion…
C’était naturel pour vous de témoigner ?
C’était tout sauf naturel car on sait que ça va être beaucoup de travail, beaucoup de pression aussi. Mais j’ai accepté assez vite parce que le sujet d’un modèle économique avec un public éloigné de l’emploi et plus largement le sujet de nos fragilités sur lequel j’ai témoigné m’est cher. Et puis il y a le phénomène Ted qui est intéressant. On reçoit énormément des coachs, puis le jour J du public.
En tant que chef d’entreprise, vous avez l’habitude d’intervenir devant un public, on imaginerait que vous étiez plutôt à l’aise ?
Pas du tout! Quelques jours avant, j’avais fait l’assemblée générale de l’association 60 000 Rebonds (Olivier Riom en a été le vice-président pendant six ans, il est aujourd’hui administrateur, NDLR) devant 400 personnes, mais c’est très différent! Au TEDx, on a 18 minutes pour parler d’un sujet que l’on a travaillé pendant trois mois, il faut gérer ses émotions avec un texte qu’on a voulu apprendre par cœur parce que c’est au mot près. C’est un format qui n’a rien à voir ! Et j’ai abordé des sujets très personnels liés à mon entreprise et à mon expérience de burn out et de dépôt de bilan.
Vous l’avez vécu comme une prise de risque ?
Je ne sais pas si l’expression “mise en danger“ est la bienvenue, en tout cas c’est comme ça que je l’ai vécu, même si tout le monde a été hyper bienveillant ! Parce que j’ai abordé un sujet intime, qui n’est pas tabou mais qui est forcément plus difficile que de parler de mon métier que j’adore. Mais je pense aussi que ça peut être plus intéressant de témoigner pour inciter les dirigeants à embaucher des personnes éloignées de l’emploi en leur expliquant tout ce que cela nous apporte plutôt que de dire qu’on fait les plus beaux aménagements.
Aviez-vous d’autres motivations en vous prêtant à cet exercice ?
Oui : je voulais témoigner sur l’acceptation de ses fragilités. La différence aussi c’est que le public du TEDx n’est pas composé de chefs d’entreprise. Et donc c’est aussi un moyen de montrer que les dirigeants ne sont pas que les patrons du Cac 40 ou des gens qui partent avec la caisse. Ce sont des gens impliqués, qui prennent soin de leurs collaborateurs, qui veulent les faire évoluer. La conférence n’aurait pas du tout été la même devant un public de dirigeants.

Exemple d’aménagement réalisé par Vivolum pour les locaux de Thierry Immobilier. © Vivolum, Vincent Jacques
Comment en êtes-vous venu à recruter du public éloigné de l’emploi ?
J’ai toujours fait ça. Au début, c’était une piste pour trouver de la main-d’œuvre. En 2004, j’ai racheté une boîte de 50 personnes qui en trois ans est passée à 120. Très vite, j’ai embauché Joseph, qui sortait de prison après une longue peine. La première chose qu’il m’a dite en entrant dans mon bureau, c’est : « j’ai buté mon patron, mais c’était un con». Je venais de grands groupes et si je les ai quittés c’était pour construire une activité à dimension humaine. L’inclusion en entreprise est un sujet vraiment important pour moi.
On fait travailler des personnes sous main de justice, des gens du voyage ou ayant connu les galères de la rue ou, comme en ce moment, des migrants. Mais on a aussi eu un cuisinier qui voulait retrouver une vie normale. En fait ce sont des personnes au parcours non linéaire, même si on n’est pas qu’une entreprise d’insertion. On a réussi à décomposer notre métier en tâches élémentaires simples, ce qui permet de proposer à…