En quoi une banque mutualiste est-elle différente d’une banque commerciale ?
JPM : Créé il y a 120 ans, le Crédit Mutuel Océan était à l’origine une caisse d’entraide impliquée dans le développement économique et social du territoire. Les principes fondateurs persistent aujourd’hui. Contrairement à une banque commerciale qui rend compte à ses actionnaires, le Crédit Mutuel est responsable vis-à-vis de ses sociétaires. Ce sont eux qui élisent leurs représentants dans les différentes instances du groupe, des conseils d’administration des caisses locales jusqu’au conseil d’administration de la fédération et de la caisse fédérale.
Quels sont les atouts de ce modèle ?
AL : C’est la capacité à définir une stratégie au service des habitants du territoire et en tenant compte de sa spécificité. C’est très engageant. C’est la réussite des habitants qui fait la réussite et la raison d’être du Crédit Mutuel Océan et non l’inverse. Et cette proximité et cet ancrage territorial assumé sont les éléments centraux de notre modèle de développement. Nous avons l’ambition de continuer à créer des conseils d’administration afin de mieux refléter les besoins et les projets locaux. Nous venons d’ouvrir une nouvelle caisse locale à Pont-l’Abbé-d’Arnoult en Charente et d’autres projets sont en cours.
Ce modèle est aux antipodes de ce que l’on observe avec le regroupement d’agences, la digitalisation des services bancaires et la dépersonnalisation du conseil. Comment faites-vous pour maintenir cette relation de proximité ?
AL : Au CMO, le développement se construit autour de nos agences, ce qui n’oppose en rien digital et humain et dans notre projet « Ensemble, construisons demain », nous réaffirmons le maintien des agences et des effectifs. Sur notre territoire, Vendée-Charente-Maritime-Deux-Sèvres, nous avons 118 caisses locales et 180 agences jusque dans les plus petits bourgs. Nous employons six salariés en moyenne par agence, soit environ 1 000 personnes. Si vous trouvez l’église, vous trouverez une agence du CMO. La fermeture des agences dans notre modèle serait une vision court-termiste et totalement opposée à nos valeurs. C’est comme si l’on disait que le médecin ne pouvait pas faire une consultation à distance !
JPM : Nos agences sont un rempart contre la désertification des communes. Car au-delà d’être une banque, le CMO est une entreprise de services de proximité. Nous amenons sur le territoire des services utiles aux habitants dans notre cœur de métier, la banque et l’assurance, mais aussi la téléphonie, la location de voiture, le télépéage, la télésurveillance. Autant de services qui nous assurent des revenus additionnels, mais qui sont avant tout utiles à nos clients. Certes le digital a transformé la fréquentation des agences. On y vient moins pour les opérations courantes comme un virement ou une consultation de compte. Mais la relation client a évolué vers des services à valeur ajoutée et plus de temps consacré à l’écoute des projets de nos sociétaires et clients. Au CMO, chaque client est en relation avec un conseiller personnel.
Ça veut dire qu’ils sont capables de répondre à toutes les demandes ?
JPM : Nous avons fait le choix de ne pas spécialiser les collaborateur…