Couverture du journal du 01/09/2025 Le nouveau magazine

Olivier de Marignan : « L’entreprise a un rôle qui la dépasse »

Banquier pendant 40 ans, aujourd’hui associé au sein du cabinet Boss to Boss dédié à l’accompagnement des dirigeants, Olivier de Marignan est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages, romans et essais. Dans son nouvel opus, "L’urgence du bien commun", il se pose en observateur et livre son analyse d’une bonne gouvernance d’entreprise.

Après avoir rédigé un essai sur le management, vous vous intéressez cette fois aux dirigeants…

J’ai adoré mon métier de banquier et notamment parce qu’il m’a donné l’occasion de rencontrer des chefs d’entreprise qui sont pour moi très inspirants. C’est fou leur moteur ! Je ne me suis jamais senti une telle énergie, celle d’embarquer, dans une histoire qui n’a pourtant rien de sûr, d’autres individus, du capital, d’aller convaincre des banquiers, les premiers salariés. J’ai été dirigeant, mais j’ai été nommé et j’ai connu la gouvernance dans l’environnement très structuré d’un groupe bancaire coopératif. Ce n’est pas du tout la même chose. Ce qui m’a plu dans Boss to Boss, c’est justement la possibilité de passer beaucoup plus de temps auprès des dirigeants pour discuter avec eux de problèmes qu’ils n’auraient pas osé aborder sans doute et de ne plus le faire sous l’angle du banquier.

Quel a été votre moteur dans l’écriture de ce livre ?

J’ai eu envie d’exprimer une observation : l’entreprise a un rôle qui la dépasse de façon significative. Et ce, à l’heure où tous les points de repère qui ont permis aux générations précédentes d’organiser leur univers individuel et familial sont bousculés : en matière de reconnaissance, de société, de religion, de climat, de stabilité économique individuelle… Ça ne veut pas dire que le futur sera moins bien d’ailleurs, mais qu’il y a un gros point d’interrogation sur de nombreux sujets : les lois bioéthiques, la retraite, le climat, le numérique… Tout bouge en même temps !

Dans ce contexte, l’entreprise est pour moi un des rares endroits, voire le dernier, où l’individu passe le plus clair de son temps et où il se sent en sécurité. L’entreprise a donc un rôle qui dépasse largement les critères de performance qui lui étaient propres dans la vision précédente.

Cette sécurité n’est pourtant pas une réalité pour tout le monde…

C’est vrai qu’on parle de souffrance au travail. Pourquoi ? Parce que les personnes ne s’y retrouvent pas forcément au regard de ce qu’elles attendent. Pour autant, leur attente, c’est justement de pouvoir mieux s’y retrouver. On dit que l’entreprise évolue énormément mais, en réalité, dans ses fondamentaux, elle évolue beaucoup moins vite que la société qui l’entoure. Il existe encore des points de repère. C’est dans cet univers-là qu’on peut êtr…