Depuis 2019, l’initiative « Du stade vers l’emploi » facilite la rencontre entre demandeurs d’emploi et recruteurs. De manière anonyme, sur une première partie de journée, des animations sportives sont au programme, sans enjeu ni exigence de performance. Avant de passer l’après-midi à un job dating plus classique. « Cela permet de faire connaissance différemment », explique Marlène Lunel, responsable d’équipe à l’agence France Travail de Trignac, organisatrice de l’évènement avec Cap Emploi.
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« Sortir des codes » de l’entretien de recrutement formalisé, c’est donc tout l’enjeu de « Du stade vers l’emploi », qui le présente ainsi : « Les épreuves sont adaptées pour valoriser les compétences, l’esprit d’équipe, la persévérance, la réactivité. L’important pour les recruteurs présents est de trouver des profils qui correspondent aux besoins et aux valeurs de leur entreprise. » L’initiative semble faire recette puisque depuis le début de l’année, une vingtaine d’événements « Du stade vers l’emploi » ont été organisés dans les Pays de la Loire. Et pour Marlène Lunel, il y a but assuré : « C’est 30 % de recrutement en moyenne après un tel évènement. »
C’est 30 % de recrutement en moyenne après un tel évènement.
Les fédérations sportives dans la course
Cette année, avec Paris 2024, d’autres sports, notamment collectifs, ont été mis en avant, en plus de l’athlétisme, l’épreuve reine de « Du stade vers l’emploi » depuis ses débuts. À Trignac, ce fut cette fois le handball avec la participation du club local. Une fédération très impliquée dans l’action. « Je trouve formidable de mutualiser la pratique sportive et l’emploi », confirme Stévann Pichon, directeur général de la ligue de handball des Pays de la Loire (180 clubs, 34 000 licenciés). Pour ce passionné devenu arbitre international, « c’est aussi l’occasion de faire découvrir le hand au plus grand nombre, et cette osmose entre sport et emploi est vraiment positive ». La FFH n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai dans la région puisqu’elle a déjà participé à un évènement similaire à La Roche-sur-Yon (Vendée) en mai dernier.
Si s’amuser toute une matinée de manière anonyme peut à première vue paraître perturbant, tous, en tenue de sport, semblent avoir joué le jeu dès la séance d’échauffement collective, sans chercher à jouer à Qui est-ce ?. En début d’après-midi, les masques sont finalement tombés, au fur et à mesure que Marlène Lunel annonçait aux cent seize candidats les recruteurs, issus de dix-huit entreprises de tous secteurs d’activité : industrie, bâtiment, commerce, hôtellerie, santé, service à la personne.
Après le sport ensemble, le job dating en face-à-face
Et côté entreprises, qu’en pense-t-on ? « Je trouve la démarche très intéressante et pendant le jeu ce matin, on remarquait certaines personnalités et comportements positifs », analyse Yolande Farges, représentant la société Le Feunteun et ambassadrice de la fondation éponyme. « Des affinités se créent et si nous n’avons pas de poste, on essaie d’aider le candidat malgré tout », ajoute-t-elle en accueillant tout sourire Cathy, l’une de ses coéquipières sportives du matin. Pour l’entreprise Kaefer Wanner, basée à Campbon, opérant dans l’industrie, le nucléaire et la navale, c’est l’occasion de se faire connaître. « Si on repart avec deux ou trois CV, c’est gagné, car même en intérim, on a du mal à trouver », analyse la coordinatrice RH Laurence Montaudon. « Ce job dating casse les codes pour provoquer des rencontres. D’ailleurs vous voyez, on ne s’est même pas changés avec mon collègue, on est restés en mode sportif ! », souffle la jeune femme. Pour Céline Villaeys, représentante du Groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification (GEIQ), « ça lève les freins de la première barrière du face-à-face, parfois intimidante ».
Surprise retenue, en revanche, pour un candidat au stand de La Boucherie : le recruteur est un de ses coéquipiers du matin. « Ah tu es recruteur en fait ? Bon, on passe au vouvoiement alors ? », questionne le jeune candidat. Et Maxence Devosse, directeur adjoint recruteur de répondre : « Eh oui, je recrute ! Mais on peut rester au tutoiement, tant que le respect est là ! » Tout en jouant le matin, ce dernier observait quelles personnes étaient les plus naturellement tournées vers le collectif, une valeur « importante dans le fonctionnement d’un restaurant ». Quant à David Lopes et Arnaud Lode, respectivement directeur d’exploitation et gestionnaire d’équipe chez OGF Funéraire, ils n’ont eu « aucun a priori dans la matinée » en étudiant « avant tout le savoir-être ». « Ce n’est pas facile de trouver des candidats, alors on utilise tous les leviers possibles et ce job dating-là est original. Ce sera à refaire », conclut Arnaud Lode.