Couverture du journal du 03/05/2024 Le nouveau magazine

« Le Mondial va permettre aux clubs du territoire de se consolider »

Directrice du site de Nantes de la Coupe du monde de rugby 2023, Claire Jouët évoque les retombées économiques attendues de la compétition, mais aussi l’engouement du territoire pour un sport qui fait de plus en plus d’adeptes.

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Après 13 ans d’absence, la Coupe du monde rugby sera de retour à La Beaujoire en septembre et octobre 2023. Rugby World Cup © Yves-Marie Quémener

L’étude commandée par la Fédération française de rugby (FFR) en 2017 (lire également l’encadré) estimait que le Mondial 2023 allait générer entre 1,9 et 2,4 Mds € de retombées économiques. Ces chiffres sont-ils toujours d’actualité ?

Pas tout à fait puisque l’étude a été réalisée selon deux hypothèses. Une première où la France accueillerait 350 000 spectateurs étrangers, le même nombre qu’à la Coupe du monde 2007. Et une seconde avec 450 000 spectateurs étrangers accueillis. Aujourd’hui, ce chiffre a été réévalué et nous attendons a priori environ 600 000 étrangers sur l’ensemble de la compétition en France. Les chiffres de retombées économiques devraient en réalité être bien plus élevés.

Nantes fait partie des neuf villes retenues pour accueillir des matchs de la phase de poule. Quelles équipes s’affronteront à La Beaujoire ?

Le casting sera exceptionnel avec la présence de l’Irlande, l’Argentine, du Pays de Galles, des îles Tonga, du Chili, de la Géorgie ou encore du Japon. Un cinquième match est également prévu à Nantes en amont de la Coupe du monde. Il s’agit d’un des trois matchs préparatoires du XV de France. Il se déroulera le 19 août contre une prestigieuse équipe qui sera dévoilée prochainement.

Combien de spectateurs vont assister à ces matchs ?

À La Beaujoire, nous avons une jauge de 33 000 spectateurs par match. Aujourd’hui, 100 % de la billetterie des phases de poule est vendue. Donc cela représente 132 000 spectateurs, auxquels il faut ajouter ceux qui viendront voir le match préparatoire du XV de France.

Le panier moyen à Nantes est de 470 € pour la billetterie, soit un peu plus de 60 M€ de recettes au total. Ces billets ont été achetés à 52 % par des étrangers et 48 % des Français. Cela signifie que la Coupe du Monde de rugby va attirer à Nantes plus de 50 000 étrangers durant la compétition. On sait que les spectateurs étrangers passeront en moyenne trois jours et demi dans la ville.

Reste-t-il encore des places disponibles ?

Les seules possibilités qu’il reste pour assister à un match du Mondial à Nantes sont destinées aux entreprises à travers les quelques programmes d’hospitalité encore disponibles. Il reste deux ou trois loges ainsi que quelques places dans les salons et villages réservés aux entreprises.

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Claire Jouët, directrice du site de Nantes de la Coupe du monde de rugby 2023. © DR

Combien de personnes composeront votre équipe les jours de match ?

J’aurai une équipe d’environ 500 personnes à chaque rencontre. Mais si on inclut tous les prestataires (traiteurs, sécurité…) qui travaillent de près ou de loin sur l’événement, ce sont entre 2 000 et 2 500 personnes qui seront mobilisées.

Des travaux ont-ils été réalisés en vue de la Coupe du monde ?

La métropole, propriétaire du stade, a mené à bien d’importants travaux pour remettre La Beaujoire aux normes des grands événements du sport international que sont la Coupe de l’UEFA, la Coupe du monde de rugby 2023 ou les Jeux olympiques 2024. C’est notamment passé par le remplacement de tous les guichets pour passer aux billets dématérialisés, le renouvellement de toutes les plateformes pour personnes à mobilité réduite, la construction de nouveaux studios télé, de nouveaux aménagements de l’espace média, le remplacement des deux écrans géants qui dataient de 2007…

Les Pays de la Loire sont la région où le nombre de licenciés au rugby progresse le plus actuellement. Vous l’expliquez comment ?

En termes de développement de nos clubs et de nos effectifs, nous sommes en retard par rapport au Sud-Ouest. Il y a donc dans les Pays de la Loire une marge de progression de la pratique bien plus importante. L’autre explication, c’est qu’il y a une véritable appétence des habitants pour le rugby. Nous l’avons constaté cet été quand le train du rugby est passé à Nantes avec le trophée Webb Ellis exposé à bord. Mais aussi lorsque nous avons voulu constituer nos équipes de bénévoles. Nous avons reçu plus de 1 000 candidatures et nous continuons d’en recevoir. À tel point que Nantes a été le premier site de France à faire le plein de candidatures.

Quels sont les bénéfices pour les clubs du territoire d’accueillir le Mondial, présenté parfois comme une poule aux œufs d’or pour le pays organisateur ?

Je pense avant tout qu’il s’agit d’un événement très bien géré. Nous apprenons au fil des éditions à dimensionner les moyens d’organisation. L’idée, ce n’est pas de faire d’un tel événement une poule aux œufs d’or, mais de dégager un héritage pour le monde du rugby. Car 100 % des bénéfices liés à cette Coupe du monde seront dirigés vers les clubs du territoire et leurs infrastructures. L’idée, c’est que le Mondial, via les matchs prévus à Nantes, permette aux clubs du territoire comme La Roche-sur-Yon, Brest ou Guingamp de se consolider.

Encadré : Des retombées économiques estimées entre 1,9 et 2,4 Mds €

La Fédération française de rugby a fait réaliser courant 2017 une étude d’impact sur les retombées économiques du Mondial 2023 en France. Selon cette dernière réalisée par le cabinet d’étude Deloitte, la Coupe du monde générera en France entre 1,9 et 2,4 Mds € de retombées économiques, avec 17 000 emplois créés ou préservés. L’étude estime par ailleurs que les spectateurs devraient dépenser de 720 à 916 M€ en transport, hébergement, restauration et autres activités touristiques et de loisirs.

L’organisation de l’événement génère également des dépenses d’investissement et de fonctionnement qui seront injectées dans l’économie française et viendront s’ajouter pour partie à l’impact touristique. Le plan d’affaires élaboré a permis d’évaluer cet impact organisation entre 190 et 208 M€.

L’État devrait enfin encaisser 119 M€ de recettes fiscales (TVA, taxes de séjour et d’aéroport…). Et côté billetterie, ce sont 373 M€ de recettes qui sont attendues avec près de 2,7 millions de billets vendus.