A La Roche-sur-Yon, 46 % des commerces, CHR (cafés, hôtels, restaurants) et services purs – soit 488 établissements – sont situés en centre-ville. Le cœur de ville compte 251 commerces : c’est autant que dans les deux zones commerciales périphériques réunies. Les deux pôles majeurs du centre-ville sont le quartier des Halles et la rue Clemenceau avec 65 % de l’offre commerciale, soit 316 commerces.
Pourtant, depuis les années 1990, le centre-ville vieillissant de La Roche-sur-Yon avait progressivement perdu de son attractivité, au profit des zones commerciales des Flâneries au Nord et de Sud avenue. Entre les Halles et la rue Clemenceau, la place Napoléon peinait à lier les deux quartiers. Sa réhabilitation en 2013 en lieu de promenade doté d’un bestiaire mécanique et d’une brasserie a été la première étape du renouveau du cœur de ville. « Ce fût un succès incontestable, reconnaît Luc Bouard, maire de La Roche-sur-Yon depuis 2014. Mais ce n’était plus un lieu de rassemblement, il fallait en créer un. Et de nombreuses cellules commerciales étaient vides : une sur trois aux Halles et une sur quatre sur le secteur Clemenceau. »
Pour donner une seconde jeunesse à son cœur de ville, la collectivité a donc engagé de grands travaux : 160 M€ HT sur 15 ans. Aujourd’hui, les Yonnais redécouvrent leur centre-ville. La fréquentation est en hausse de 30 % comparé à 2018-2019. Plus aucune cellule commerciale n’est disponible dans les quartiers des Halles et rue Clemenceau. Quant au reste du centre-ville, « seulement » 60 locaux sont recensés vacants : c’est le plus faible niveau depuis 2016. Une statistique que l’on peut mettre en perspective avec le taux de chômage du bassin yonnais, passé de 11,2 à 5 % entre 2014 et 2022.
LA MÉTAMORPHOSE DES HALLES
Sur ce périmètre de 18 000 m², l’objectif était de désenclaver le quartier en créant une continuité piétonne et commerciale, ainsi qu’un espace de vie et de convivialité. Une nouvelle esplanade est en cours d’aménagement. L’ancien bloc des Halles, comprenant un petit supermarché, a été démoli au profit d’un bâtiment fait de bois et de verre aux allures de pavillon Baltard, comme c’était le cas jusque dans les années 1970. « Cette place Jacques Chirac sera capable d’accueillir des événements de 3 000 à 4 000 personnes dès la fin 2022 », annonce Luc Bouard.
AUJOURD’HUI, LES YONNAIS REDÉCOUVRENT LEUR CENTRE-VILLE. LA FRÉQUENTATION EST EN HAUSSE DE 30 % COMPARÉ À 2018-2019.
Pour les commerçants du quartier, cette perspective apparaît comme un vrai soulagement. « Nous allons pouvoir enfin respirer », réagit Olivier Hédoux, président des Vitrines du centre-ville, association de commerçants réunissant 140 adhérents. Ce chantier complexe a pris trois ans de retard, à la suite d’ennuis en série dès le début : « un maître d’œuvre qui oublie de commander suffisamment de vitraux ; un problème d’étanchéité de la dalle ou encore le Covid », détaille le maire. Résultat, l’investissement global a été majoré de plus de 2 M€, pour avoisiner les 18 M€ HT.
RUE CLEMENCEAU : RUE CITOYENNE ET CULTURELLE
De l’autre côté de la place Napoléon, d’autres travaux s’apprêtent à démarrer rue Clemenceau, à commencer par la réhabilitation de l’ancien hôtel de ville, vacant depuis 2019. Le nouvel édifice accueillera en 2024 l’Office de tourisme, la Maison des nations, des commerces ainsi que Le Grand café – institution yonnaise – en roof top. L’extension arrière datant des années 1970 sera, elle, bientôt déconstruite et le jardin de la mairie sera réaménagé en 2023. L’ancien musée, situé en prolongement, rue Jean-Jaurès, va trouver une nouvelle vocation autour de la restauration. Livraison prévue en 2028.
LA CONJONCTURE ÉCONOMIQUE EST COMPLIQUÉE : VA-T-ON SURVIVRE JUSQU’À LA FIN DE CE CHANTIER ?
En face, toujours rue Clemenceau, entre l’îlot de la Poste et l’ancien conservatoire, devrait débuter en 2023 la construction du futur hôtel de ville et d’agglomération, ainsi que celle du nouveau musée. Le projet se déroule en deux phases : 2023-2025 pour l’hôtel de ville, et 2025-2028 pour le musée. Montant total de l’investissement : près de 30 M€ HT, dont environ 16 M€ HT pour l’édifice municipal. Le projet a pour ambition d’optimiser le coût de fonctionnement de la collectivité en réunissant sur trois étages les services municipaux et communautaires. Ce guichet unique doit simplifier les démarches administratives des 98 000 habitants du territoire. « Nos attentes sont immenses sur l’aménagement du cœur de ville. Même si tout cela va dans le bon sens, nous sommes inquiets, réagit Olivier Hédoux. Avec le retard pris sur le chantier des Halles, les commerçants sont en souffrance, leur chiffre d’affaires est en berne. La conjoncture économique est compliquée : va-t-on survivre jusqu’à la fin de ce chantier ? » Consciente de ces difficultés, la Ville a mis en place différentes aides pour soutenir les commerçants : une aide au loyer pour les nouveaux installés (uniquement aux Halles, montant non communiqué), une aide à la rénovation pour les devantures (plus de 300 000 € au total) et une indemnisation du chiffre d’affaires perdu à cause des travaux (montant non communiqué). « Rue Clemenceau, l’impact devrait être moindre car il n’y a pas de commerce sur la partie concernée par les travaux », souligne Luc Bouard.
CARRÉ NAPOLÉON locomotive du projet d’aménagement yonnais
La transformation de l’îlot Piobetta, ancien collège bordant la place Napoléon, en pôle de loisirs et de logements, est un projet moteur dans l’aménagement et l’animation du cœur de ville de La Roche-sur-Yon. Le Carré Napoléon, piloté par le groupe Giboire, réunit sur 10 000 m² répartis sur quatre étages, un cinéma de quatre salles et 500 places (transfert de l’actuel Concorde), un restaurant, un hôtel de luxe (50 chambres dont la création a été confiée au groupe Dubreuil), un parking public d’une centaine de places, 64 logements résidentiels (en cours de commercialisation) et une résidence étudiante de 38 logements (35 studios et 3 T2, commercialisation à la rentrée), des commerces dont un coffee shop. Situé à l’angle de la rue Foch et de la place Napoléon, ce projet contribue à étendre la zone marchande cœur de ville. Livraison fin 2023, à l’exception de l’hôtel dont l’ouverture est prévue en 2024.