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La Région se maintient face à la crise

Lors de la matinale de l’économie, organisée par la Banque de France et la CCI Nantes St-Nazaire le 30 septembre 2020, des synthèses de plusieurs études prenant le pouls de la santé économique au niveau national et sur notre territoire ont été présentés. Résultat : dans leur ensemble, nos entreprises tiennent le coup.

Nantes

Nantes © iStock

La deuxième édition de la Matinale de l’économie (la première était en février 2020), organisée conjointement par la Banque de France et la CCI Nantes St-Nazaire a donné de l’espoir aux différents acteurs réunis pour l’occasion. Car si des secteurs sont bien sûrs très touchés par la crise économique résultant de la crise sanitaire et que l’attention est portée sur les annonces successives de plans sociaux (Manitou, Airbus…), le gros des entreprises régionales tient le coup.

UN REBOND DU PIB DE 7,4% EN 2021 ?

Hassiba KAABECHE, directrice régionale de la Banque de France Pays de la Loire. © Banque de France

Hassiba Kaabeche, directrice régionale de la Banque de France Pays de la Loire, a d’abord présenté les projections macroéconomiques de son institution au niveau national. Le PIB se contracterait de 8,7% en 2020 (c’est un peu mieux que les prévisions annoncées en juin avec un PIB 2020 à -10,3%), avec une chute de -13,8% au deuxième trimestre 2020 et un rebond de 16% prévu au troisième trimestre. Le PIB devrait être de 7,4% en 2021 puis à 3% en 2022.

« L’activité dans les branches marchandes a mieux résisté qu’attendu alors qu’à l’inverse la consommation publique est moindre. Par ailleurs, nous évaluons aujourd’hui que la perte d’activité est revenue dès août et septembre autour de -5%, un niveau que nous anticipions plutôt en fin d’année dans nos projections de juin. Au dernier trimestre, nous attendons maintenant une perte d’activité entre -3,5% et -4% », explique la Banque de France.

Pour l’institution, la France devrait se relever plus vite que la zone euro grâce aux réponses budgétaires du gouvernement à la crise. « Tous les pays de la zone euro ont adopté des mesures, mais le dispositif de l’activité partielle en France est parmi les plus généreux. De même, le Prêt garanti par l’État a eu un fort succès en ciblant les TPE/PME, estime encore Hassiba Kaabeche. Mais de nombreux aléas demeurent : la crise sanitaire, l’arbitrage des ménages entre consommation et épargne, la baisse des exportations et les incertitudes liées au Brexit », analyse-t-elle.

INVESTIR, CONSOMMER ET FINANCER

La Banque de France a donc dressé les principaux enjeux de la reprise. En premier lieu, il s’agit d’assurer la solvabilité des entreprises dont les besoins en financement sont estimés à 80 Mds€ et les besoins en fonds propres de 50 Mds€. D’autant que les entreprises françaises ont un taux d’endettement très élevé (80% du PIB contre 40% en Allemagne).

Autre enjeu majeur : le niveau d’investissement, qui était à près de 25% de la valeur ajoutée en 2019 selon l’Insee, et qui devrait chuter à moins de 20% de la VA en 2020 selon les projections de la Banque de France.

Enfin, le niveau de consommation des ménages qui sera « essentiel pour le rythme de la reprise économique d’ici à 2022 ». Les Pays de la Loire comptent 5 Mds€ en excédent d’épargne soit environ 3 200 € par ménage.

Hassiba Kaabeche insiste : « Pour réussir, il faut de la confiance envers les acteurs privés. L’État a joué son rôle mais il ne peut pas tout. Il faut que les entreprises investissent, que les ménages consomment et que les banques financent. » Mais cette confiance « peut être entamée par le niveau d’emploi, estime-t-elle. Il devrait y avoir 800 000 suppressions nettes d’emploi d’ici à fin 2020, avec un pic du taux de chômage attendu pour la mi-2021 à 11%. Puis on espère des créations… Mais ça n’est qu’une projection. »

À noter que ces projections n’intègrent pas le plan de relance annoncé par le gouvernement le 3 septembre.

Par ailleurs, il n’existe pas, à ce jour, d’analyse ou de projection de la Banque de France concernant la région Pays de la Loire.

UN CA STABLE AU DERNIER TRIMESTRE

En revanche, une étude de conjoncture des CCI des Pays de la Loire, réalisée du 11 au 21 septembre auprès de 3 654 entreprises, révèle qu’au niveau régional, celles-ci s’en sortent plutôt bien. « Si certains secteurs d’activité sont particulièrement touchés par les conséquences économiques de la crise sanitaire, les entreprises régionales affichent une certaine résilience, grâce notamment à un tissu économique diversifié s’appuyant sur un socle industriel fort », estiment ainsi les CCI.

Dans le détail, selon l’étude, 60% des entreprises interrogées prévoient un chiffre d’affaires stable ou en hausse pour le dernier trimestre 2020. « Ce niveau d’activité marque un retour à la situation de la première partie des années 2010, et une rupture avec la période dynamique de 2016 à 2020 avant crise sanitaire », commente Yann Trichard, président de la CCI Nantes St-Nazaire.

UNE CONFIANCE DISPARATE

Le niveau de confiance affiché par les chefs d’entreprise est plutôt bon. La médiane est de 6 sur 10 en Loire-Atlantique comme en Mayenne et de 6,5 en Maine-et-Loire. Avec de grandes disparités selon les secteurs : le bâtiment et l’informatique sont très optimistes, tout comme les activités juridiques et comptables, le travail du bois, la fabrication de machines et d’équipements. La situation est très disparate dans l’industrie et dans le commerce de détail. Sans surprise, les moins confiants sont les activités sportives, la restauration, les activités créatives et production de film, les agences de voyages et l’hébergement.

DES SUPPRESSIONS D’EMPLOIS LIMITÉES

Concernant l’emploi, les suppressions envisagées sont « concentrées dans un nombre limité d’entreprises puisque 14% d’entre elles prévoient aujourd’hui une baisse des effectifs, soit un niveau dans la moyenne des huit dernières années », explique Yann Trichard. Il évoque deux raisons à cela : les ajustements réalisés avec la fin ou le non recours à l’intérim et aux CDD et le dispositif d’activité partielle. En revanche, 21% des entreprises prévoient d’embaucher dans les prochaines semaines. En Loire-Atlantique, le volume estimé serait entre 10 000 et 14 000 emplois.

Côté investissement, 55% des entreprises indiquent vouloir maintenir ou renforcer leur niveau d’investissement* et 45% le réduire (des reports, pour l’essentiel).

Enfin, l’impact sur les trésoreries restent restreint. La moitié des entreprises, représentant 78% de l’emploi de la région, estime que la situation est satisfaisante. Les situations inquiétantes se trouvent dans les secteurs les plus touchés par la crise, mais ils ne représentent que 3% de l’emploi local.

Pour Yann Trichard, ces chiffres sont « un indicateur du maintien de la structure économique de notre territoire. Nous avons les fondamentaux pour permettre à l’économie de reprendre et de maintenir l’emploi. » Reste à « consommer local, à maintenir l’investissement, et à payer ses factures », insiste-t-il.

 

* Les huit secteurs qui prévoient de maintenir ou renforcer leurs investissements sont l’informatique, les services financiers hors assurance et caisse de retraite, le bâtiment, les industries alimentaires, la fabrication de produits métalliques, le commerce et la réparation d’automobiles et les activités auxiliaires des services financiers et d’assurance.

 


LES FONDS DU PLAN DE RELANCE

Lors de son intervention, le nouveau préfet, Didier MARTIN, a indiqué que des appels à projet sont en cours d’élaboration pour l’accès aux fonds du plan de relance aux niveaux national et régional. La CCI, de son côté, prépare un webinaire sur le sujet.

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