Couverture du journal du 19/04/2024 Le nouveau magazine

Gestion des déchets : Trivalis met le cap sur 2030

À l’issue d’un an et demi de travail, les élus du syndicat mixte d'études et de traitement des déchets ménagers et assimilés de la Vendée (Trivalis) ont adopté, le 28 mars dernier, un programme ambitieux de gestion des déchets. Intitulée “Trivalis 2030, vers les ressources de demain“, cette stratégie va se déployer autour de trois grands axes : protéger, renforcer et valoriser avec la mise en œuvre de dix actions. Le point avec Erwan Calonnec, directeur général des services chez Trivalis.

Vendée, Trivalis, déchets

En Vendée, le syndicat mixte Trivalis a adopté un nouveau programme de gestion des déchets. ©Shutterstcok

Pourquoi  Trivalis a-t-il élaboré un nouveau projet de gestion des déchets ?

Peu de temps après leur arrivée à la tête de Trivalis (qui regroupe 17 collectivités, NDLR) en octobre 2020, le président Damien Grasset et ses élus ont rapidement cherché à définir une stratégie allant au-delà de la fin du mandat prévu en 2026, avec pour ambition d’optimiser au maximum nos déchets, tout en réduisant notre impact carbone et en développant les énergies alternatives. Le principal objectif reste bien évidemment de continuer à produire moins de déchets. En Vendée, même si la poubelle se réduit, nous avons encore à traiter pratiquement 500 000 tonnes de détritus par an. C’est pourquoi il y a un grand volet prévention et limitation. Mais alors que l’on parle beaucoup de la politique du zéro déchet, aujourd’hui nous souhaitons travailler sur différents axes pour que les déchets puissent devenir de vraies ressources, en les exploitant dans les bonnes filières.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples d’actions déjà engagées ?

Afin de contribuer au développement des énergies renouvelables, nous avons créé en 2020 la SEM Vendée Tri Énergie. Il s’agit de valoriser notre patrimoine, notre bâti vers ces énergies. Nous allons continuer à installer des centrales photovoltaïques sur d’anciens sites d’enfouissement de déchets, des terrains impropres à l’agriculture, qui s’étendent sur plusieurs dizaines d’hectares dont nous avons une obligation de suivi post-exploitation . Concernant la valorisation ultime de nos déchets, sur le site de Trivalandes à Saint-Christophe-du-Ligneron, nous avons lancé le chantier d’une unité de production de combustibles solides de récupération (CSR) qui sera opérationnelle en septembre prochain. Ce centre va nous permettre d’éviter d’enfouir jusqu’à 15 000 tonnes de déchets par an. Et pour décarboner nos transports, nous avons entamé le verdissement de notre flotte de camions qui achemine chaque jour les déchets vers nos équipements. Depuis près de quatre ans, une dizaine de nos véhicules fonctionnent au BioGNV, produit dans le département.

Selon un sondage réalisé par Trivalis fin 2022, les Vendéens restent les champions du tri : 96 % déclarent trier toujours ou souvent leurs déchets. Peut-on aller encore plus loin ?

L’extension de Vendée Tri, notre centre départemental, fait partie des grands projets de Trivalis pour ces trois prochaines années. Cet agrandissement a pour but de passer d’une capacité de traitement de 35 000 tonnes d’emballages par an à 50 – 60 000 tonnes. Il s’agit d’une évolution importante qui s’accompagnera d’une évolution de nos machines qui nous permettront d’améliorer le tri et la valorisation des matières.

Parmi les dix actions que Trivalis souhaite mettre en œuvre, figure également l’idée de structurer une filière de traitement des biodéchets…

Notre ambition est de réduire de 30 % la part de biodéchets (les déchets verts et les déchets de cuisine) dans les ordures ménagères avant 2030. Depuis plusieurs années, Trivalis a mis en place des systèmes de compostage individuel ou collectif pour sortir les biodéchets de la poubelle grise. Nous avons ainsi lancé une étude départementale pour essayer d’analyser le gisement, et nous nous sommes demandé s’il y avait un intérêt à ce que les collectivités s’emparent d’un système de collecte au porte-à-porte ou de points d’apport volontaire afin d’aller encore plus loin (lire l’encadré). L’objectif étant de pouvoir sortir entre 3 000 et 5000 tonnes de biodéchets de la poubelle grise dans les trois ou quatre prochaines années. Une étude spécifique est en cours sur le littoral, où nous réfléchissons à la possibilité de récupérer ce type de déchets de façon collective auprès des restaurateurs. La conclusion est attendue pour fin 2023.

Pouvez-vous nous parler du chantier de la plateforme de compostage à Givrand ?

Il faut aujourd’hui adapter cette plateforme (en service depuis 2002, NDLR). À ce jour, elle gère uniquement les déchets verts. En 2024, nous allons mettre en place un déconditionneur qui va permettre de trier les indésirables, fourchettes, rince-doigts ou encore coquilles d’huîtres qui ne sont pas valorisables directement avec les biodéchets. Dans un premier temps, l’objectif est de pouvoir traiter entre 2 000 et 5 000 tonnes de biodéchets par an, pour faire du compost pouvant retourner en amendements organiques sur différentes filières, y compris les filières biologiques.

Votre feuille de route prévoit de placer l’innovation au cœur des actions. Est-ce que cela signifie que vous allez travailler en lien direct avec les entreprises du territoire ?

Cela peut en effet être un axe à développer. Nous réfléchissons aussi à des partenariats ou chaires avec des universités et certains laboratoires de développement, avec le droit à l’expérimentation. Le fait d’être un syndicat étendu à l’ensemble du département est une force pour monter un certain nombre de sujets. Il y a par exemple des industriels qui testent de nouveaux emballages sur nos chaînes de tri afin de vérifier comment ils sont captés et comment ils peuvent être valorisés. L’idée est de renforcer les partenariats existants et essayer d’en inventer d’autres avec les entreprises locales et les centres de recherche.

La Roche-sur-Yon agglomération réforme sa politique des déchets

Avec un taux de valorisation de 72 % de ses déchets en janvier, l’intercommunalité a déjà une longueur d’avance. Selon la législation, les collectivités auront pour obligation d’atteindre les 55 % en 2025, 65 % à l’horizon 2035. « Mais on doit continuer à progresser », relève Anne Aubin-Sicard, élue du Département en charge du développement écologique et de l’assainissement des déchets. Après l’adoption de son Plan Climat en septembre 2022, La Roche-sur-Yon agglomération va ainsi faire évoluer sa politique des déchets à partir du 1er janvier 2024. Afin de réduire encore la part des biodéchets, la collectivité va renforcer le compostage individuel avec la distribution de composteurs gratuits en contrepartie d’une formation des usagers, et généraliser les bacs de compost partagés pour les logements collectifs. Et tandis que 91 % des foyers présentent leur bac 26 fois ou moins dans l’année, la fréquence des collectes va être adaptée aux usages réels. L’intercommunalité souhaite également conditionner l’accès aux déchetteries, à l’horizon 2025, à la présentation d’un badge. Au préalable, le système sera expérimenté durant six mois dans les trois déchetteries principales du territoire. Enfin, La Roche-sur-Yon Agglomération souhaite favoriser le réemploi en s’appuyant notamment sur l’activité de La Recyclerie Cœur Vendée qui a comptabilisé 232 tonnes d’objets détournés en 2022, dont plus de 30 % en provenance des déchetteries.

Annonces légales

Vos annonces légales au meilleur prix dans toute la France.

Je publie mon annonce légale