Comment le simple amateur de metal que vous étiez jeune est devenu le président du plus gros festival musical français ?
Ça s’est fait par le hasard et par la force des choses. J’ai toujours été passionné par ces musiques-là depuis mon adolescence. J’ai essayé de me mettre au diapason de mes amis qui étaient de fins musiciens, mais je n’avais pas ce don-là pour la musique. J’ai donc rapidement compris qu’il valait mieux que je me mette à l’organisation de concerts.
À l’époque, je devais avoir 17 ans et j’ai rapidement pris goût à cette activité. Ensuite, j’ai eu un parcours assez incroyable. La clé de cette réussite, ce sont avant tout les rencontres que j’ai pu faire. Elles m’ont permis d’évoluer au fil des années et de passer d’un tout petit événement au plus grand festival musical français.
En parallèle, j’ai suivi des études de commerce pour devenir négociant en vins et spiritueux. J’avais cette passion pour le vin, que j’ai toujours d’ailleurs, et je me destinais à être caviste ou œnologue. Je n’ai pas tout à fait loupé ma vocation puisque je suis devenu, par l’intermédiaire du Hellfest, le plus grand vendeur de bière de France. En 2002, à la sortie de mes études, le festival a commencé à prendre de l’ampleur et c’est là que j‘ai décidé de m’y consacrer à 100 %.
Comment vous est venue l’idée d’une double édition ?
Le double festival de 2022, c’est là encore un concours de circonstances puisqu’on sortait de deux années blanches après le Covid. Pour notre association Loi 1901, les deux années d’arrêt ont été un gros coup dur car on peut difficilement mettre une si grosse machine sur pause.
Malgré les mesures gouvernementales, on a subi un déficit de 2,5 M€. Si les aides ont pris le relais pour la vingtaine de salariés à l’année, l’État n’a pas pu suivre pour tous les investissements que l’on effectue chaque année. Il a donc fallu qu’on réfléchisse à un moyen de s’en sortir vite, car la particularité du Hellfest, c’est d’être un festival qui investit massivement sur son site et qui est lourdement endetté.

Hellfest © Ronan Thenadey
Sur le plan financier, le double week-end de concerts a-t-il permis de compenser le manque à gagner des éditions précédentes ?
Oui, l’objectif est atteint : on a récupéré les pertes accumulées les deux dernières années. Quand on a la possibilité d’organiser deux week-ends au lieu d’un sur un même site, on génère forcément des gains sur la billetterie mais aussi des économies d’échelle sur les infrastructures, avec des gains plus importants à la clé.
Quel bilan tirez-vous de cette édition hors norme ?
On avait beaucoup de craintes, essentiellement liées au fait qu’après deux années d’arrêt, il pourrait y avoir des pertes d’automatisme ou de compétences. On s’est rapidement rendu compte que tout le monde était au contraire investi et concerné. Toute l’équipe organisatrice…